Communiqué _ 12/4/2013
LA SOLIDARITÉ ?
EN THÉORIE C’EST BIEN. EN PRATIQUE C’EST MIEUX !
Ce samedi 23 avril, un événement organisé par une organisation de jeunesse du MOC entend dénoncer la répression de l’activisme politique et remettre des Burqa Awards à des personnalités jugées racistes.
A la tribune, un Grec, un Anglais, un Indonésien et un Français. Aucun Belge. Ceux qui, en Belgique, ont subi et subissent encore la répression politique, mais aussi le racisme, ne manquent pourtant pas. Et singulièrement parmi eux, certains qui ont payé chèrement leur participation à la Burqa Pride, une manifestation qui devait justement se poursuivre par… une remise de Burqa Awards.
Quart d’X, qui a été invité à participer à cette remise de prix, avait insisté auprès des organisateurs pour que ces Burqa Awards soient resitués dans le contexte de la Burqa Pride et de l’hystérie raciste à laquelle elle avait donné lieu. Mais surtout pour que les individus qui vivent personnellement la répression, et d’autant plus la répression raciste, soient directement impliqués dans l’événement.
• Souhail Chichah a été exclu de l’ULB où il était assistant et chercheur pour sa participation à la Burqa Pride, qui, rappelons-le, visait à dénoncer les positions racistes de Caroline Fourest lors d’un débat organisé à l’ULB, mais aussi parce qu’il dénonçait sans langue de bois la politique coloniale d’Israël.
• Luk Vervaet a été exclu de son travail de professeur dans les prisons pour des « raisons de sécurité », après que la sûreté de l’Etat ait transmis un rapport à la Direction générale des Etablissements pénitentiaires signalant son appartenance au parti Egalité, ses contacts avec Nordine Saïdi et Dyab Abou Jahjah et ses visites aux terroristes présumés, incarcérés dans nos prisons.
• Barbara Van Dyck a été exclue de la KUL pour avoir participé à une action non violente de désobéissance civile menée contre un champ d’essai de pommes de terre OGM.
• Hanan Taouil a perdu son travail en tant que garde d’enfants à domicile au sein de Kind en Gezin (l’Office national de l’enfance du côté néerlandophone), suite à une interview du Chef de la sûreté nationale à la télévision qui avait accusé son mari, imam à Anvers et président du conseil musulman élu (Algemene Raad van de Moslims van België), d’être « un extrémiste ».
• Nordine Saïdi, qui a lui aussi participé à la Burqa Pride, est aujourd’hui poursuivi par la même Caroline Fourest pour avoir relayé une video sur facebook, dénonçant les liens entre les thèses de Fourest et l’islamophobie criminelle de Breivik.
La liste est longue et on ne peut citer, ici, tous ceux qui se voient attaqués voire exclus de leur travail, privés ainsi de revenus et tués socialement dans l’indifférence générale. Quand il ne s’agit pas de silence coupable, comme c’est le cas dans le cadre de cet événement pourtant censé soutenir ceux qui ont des opinions politiques et qui les défendent, la dimension raciste étant bien souvent liée à la répression.
Aucun n’est appelé à s’exprimer. Aucun n’est même cité dans la présentation de l’événement. Pour Quart d’X, ce silence n’est rien d’autre que la participation manifeste à l’ostracisation et à la censure dont ces personnes sont victimes. Si on veut vraiment lutter contre la répression politique et le racisme, il est pourtant essentiel que ceux qui en subissent les conséquences personnellement soient reconnus et soutenus. Parce que leur cas est emblématique et représente bien plus que leur simple personne.
Quel sens peut avoir la remise de Burqa Awards par des institutions et organisations comme les jeunes FGTB ULB, la JOC ou même Quart d’X ? Et à quel titre pourraient-elles remettre ces prix ? Quelle que soient leurs actions en matière de lutte antiraciste, elles sont protégées par nature puisqu’elles sont des institutions, justement. La cohérence, pour nous, c’est mettre en évidence les victimes du système dénoncé. Parce que ce sont des individus bien réels qui payent pour leurs prises de positions politiques et que c’est bien ce contre quoi on se bat. Quart d’X ne participera pas à leur énième exclusion. Encore moins à la récupération de leur combat.
Mais il est encore temps de rectifier le tir et de donner la parole à ceux qui sont réprimés. Nous appelons la JOC à prendre ses responsabilités et à manifester sa solidarité réelle. A défaut, nous organiserons une conférence prochainement pour leur donner la parole. Et fournir l’occasion, à tous ceux qui s’intéressent vraiment à la répression politique en Belgique, de comprendre comment elle s’exprime et les enjeux réels en termes de solidarité effective.
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