Une embarcation de fortune chavire dans la Manche. Des réfugiés nagent jusqu’à La Panne où ils demandent du secours. Six réfugiés sur treize. Les huit autres ont disparu.

Probablement ce sont-ils noyés…

Le Bourgmestre de La Panne Bram Degrieck déclare qu’un drame de cette ampleur ne s’est jamais produit dans sa commune.

Pourtant les réfugiés sont afghans et iraniens. La guerre et la dictature dans ces deux pays ne sont pas des faits nouveaux. Depuis des décennies, des gens fuient et viennent demander l’asile.

Il n’y a pas si longtemps, on faisait la différence entre les « vrais réfugiés » qui fuyaient la guerre et les « réfugiés économiques » qui ne fuyaient que la pauvreté. Et le citoyen lambda reconnaissait que les Afghans et les Iraniens étaient de « vrais réfugiés ». Ils bénéficiaient de la sympathie des gens, qui ne pouvaient que reconnaître la légitimité de quitter leur pays.

Ces derniers jours, on a assisté à une vague de haine hallucinante à propos du naufrage de La Panne. Des gens se réjouissaient qu’il y ait des disparus, peut-être des morts.

Explosion de haine telle que le Parquet a décidé d’ouvrir une enquête pour violation de la loi de 1981 sur le racisme, fait rarissime.

Heureusement certains se sont distanciés de ces horreurs. Bram Degrieck, le Bourgmestre, s’est montré intransigeant vis-à-vis des « réactions marginales de ces ploucs de droite inspirés par des gredins politiques en cravate, avec du gel dans les cheveux, qui sèment la haine dans notre société et considèrent comme des animaux les gens qui parlent des langues compliquées ». On comprend l’allusion au président du Vlaams belang.

Il a ajouté : « Je cracherais bien sur eux. Cela me démange. Mais je ne le ferai pas, sinon je serais juste comme eux. » Un hashtag #spuwen (cracher) circule en Frandre. Soutenons nos compatriotes antiracistes en Flandre, crachons aussi sur les racistes. #cracher

Selma Benkhelifa, avocate, Progress Lawyers Network

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