Manifestation à Bruxelles contre le génocide des Rohingyas en Birmanie

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Manifestation à Bruxelles contre le génocide des Rohingyas en Birmanie – 03/05/2013

Bruxelles -A l’appel du collectif « Halte au massacre en Birmanie », plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées, vendredi après-midi, devant l’ambassade de Birmanie, à Schaerbeek, pour dénoncer la « campagne de nettoyage ethnique » dont sont victimes les Rohingyas, une minorité musulmane de l’Etat d’Arakan, à l’ouest de la Birmanie.Apatrides depuis 1982, les Rohingyas sont considérés par l’ONU comme l’une des minorités les plus persécutées de la planète. Human Rights Watch a accusé l’Etat birman, en avril, d’entreprendre une « campagne de nettoyage ethnique ». Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés a estimé leur population en Birmanie à 800.000. Plus de 125.000 personnes ont fui les vagues de violences de 2012 pour vivre dans des camps de réfugiés. »Solidarité avec les peuples opprimés du monde entier!  » En criant de tels slogans, les manifestants refusent d’attiser toute haine entre religions, qualifiant les persécuteurs de « groupes bouddhistes extrémistes et nationalistes protégés par l’État birman ». « Nous avons écrit à l’ambassadeur et au ministre des Affaires étrangères Didier Reynders », avance Nordine Saïdi, porte-parole du parti Egalité. « Nous nous indignons que l’Union européenne ait levé les sanctions contre la Birmanie, le 22 avril, en plein massacre. » Il espère que la population non musulmane belge va également s’émouvoir et rejoindre les actions.Une nouvelle manifestation à portée européenne est en cours de planification. Une militante du collectif fera part de ses observations sur place en juin.
(Belga)Dans la Presse internationale.

http://www.worldbulletin.net/?aType=haber&ArticleID=108115

http://www.dunyabulteni.net/?aType=haber&ArticleID=258431

http://www.memleket.com.tr/myanmardaki-siddet-olaylari-brukselde-myanmarda-muslumanlari-hedef-alan-siddet-o-189949h.htm

http://www.haber10.com/haber/369373/

 

A l’intention de Monsieur  Didier Reynders

Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes.

Rue des Petits Carmes 15 à 1000 Bruxelles

Bruxelles, le 03 Mai 2013,

Monsieur le Ministre,
Nous, Collectif Halte Au Massacre En Birmanie (HAMEB) et le parti ÉGALITÉ, voulons ici vous faire part de notre indignation suite à la mesure adoptée le lundi 22 avril 2013 par les Ministres des Affaires Étrangères de l’Union Européenne, dans le cadre de la normalisation des relations économiques et diplomatiques de l’Union avec la Birmanie sur fond de « génocide caché » de certaines minorités ethniques du pays.
Les violences que nous dénonçons, ainsi que les discriminations, ne datent pas d’hier.
Précisons tout d’abord que les Rohingyas ne sont malheureusement pas la seule ethnie victime de discriminations en Birmanie.
D’autres ethnies, comme les Chins et les Kachins, chrétiens, ou encore les Kamars, musulmans, subissent eux aussi des brimades et des menaces, parfois même des violences, pour l’unique raison que leur foi est différente, dans une Birmanie dont le président, M. Thein Sein, n’a jamais caché sa volonté de faire du pays un Etat exclusivement bouddhiste, sans que cela semble choquer le moins du monde la communauté internationale.
Le cas des Rohingyas est néanmoins exceptionnel, pour la violence et la politique de discrimination systématique et de violence continue menée à leur encontre par les autorités du pays depuis des décennies.

Dès 1982, la junte birmane a fait voter une loi qui a déchu les Rohingyas, jusqu’alors citoyens Birmans de plein droit, de leur nationalité. De fait, leurs cartes nationales d’identité leur ont alors été retirées, cartes d’identité auxquelles le Gouvernement Birman a substitué de simples titres de séjour temporaires. Depuis, la quasi-totalité de leurs droits en tant que citoyens leur ont été retirés.

La loi Birmane interdit aujourd’hui à tout citoyen d’acheter un produit dans un magasin détenu par un commerçant Rohingya, d’acheter une maison ou un terrain à un membre de cette communauté. L’accès-même au mariage leur est restreint de manière drastique, là encore par décret légal, ainsi que le droit à enfanter.
A l’heure où j’écris ces lignes, des dizaines de milliers de Rohingyas de Birmanie sont parqués dans des camps, encerclés par des militaires, dont ils n’obtiennent qu’exceptionnellement le droit de sortir.
Les chiffres font état de plus de 130 000 personnes déplacées, soit entre 15 et 20% de la population Rohingya de Birmanie.
Non content de restreindre ainsi leur liberté de circulation, le Gouvernement Birman va jusqu’à leur interdire l’accès à l’alimentation, et les maintient dans des conditions de vie et d’hygiène abominables. L’accès-même des organisations humanitaires internationales à cette communauté pourtant en situation de grave crise humanitaire, est systématiquement refusé par les autorités locales.
Il est également avéré que des leaders communautaires, des responsables politiques locaux et des moines bouddhistes ont encouragé et organisé des attaques meurtrières contre des Rohingyas, sous le l’œil bienveillant de la police et des forces armées birmanes.
Des exactions régulières et répétées sont commises à leur encontre, tels que des viols, des lynchages, des exécutions sommaires, ou encore la mise à sac de leurs habitations et villages. Ce n’est donc pas pour rien que l’ONU elle-même décrit la communauté Rohingya comme « l’une des plus persécutées au monde ! ».
Dès le début des violences, en juin 2012, nous dénoncions avec d’autres les massacres dont est victime cette communauté.

La vérité éclate aujourd’hui.
Les médias européens diffusent enfin l’information (LCI, BBC, the Guardian..), relayant les preuves du massacre et de la complicité des autorités birmanes (images satellites, vidéos..). Tous dénoncent d’intolérables atteintes aux Droits de l’Homme.
Dans un rapport accablant publié le 22 avril dernier, la très crédible Organisation Non Gouvernementale Human Rights Watchelle-même stipule que « le gouvernement birman s’est livré à une campagne de nettoyage ethnique contre les Rohingyas », et accuse l’État bouddhiste de refuser l’aide humanitaire et d’imposer des restrictions de liberté de circulation à la minorité Rohingya.
Déplacés de force dans des camps de fortune, les Rohingyas se voient « refuser l’accès à l’aide humanitaire », selon les propres mots de Phil Robertson, directeur adjoint de la division Asie de l’Organisation.
Cette situation dramatique nous a été confirmée point par point par la représentante sur place du collectif Halte Au Massacre En Birmanie, Mouna Derouich.
Le rapport d’Human Rights Watch fait par ailleurs état d’au moins 211 morts dans ces violences, mais ce bilan est de toute évidence largement sous-évalué, l’accès aux Rohingyas pour des observateurs indépendants étant rendu quasiment impossible par les autorités Birmanes, ce qui interdit malheureusement tout recensement crédible des victimes à déplorer.
A ce sujet, HRW évoque l’existence de quatre charniers permettant aux forces de sécurité de dissimuler les preuves de leurs crimes. Meurtres, persécutions, expulsions et déplacements forcés de population n’ont jamais cessé depuis le mois de juin dernier.
Pour couronner le tout, à l’heure où j’écris ces mots, se développe dans le pays un mouvement incitant explicitement à la haine des musulmans.
Ce mouvement d’extrémistes bouddhistes, symbolisé par les chiffres ‘9 6 9’, use des moyens les plus sinistres pour que s’intensifie encore la discrimination et les violences à l’égard des Rohingyas : Des croix sont peintes sur les murs leurs maisons et leurs commerces, afin de les identifier et de les livrer à la vindicte populaire.
Tout ceci n’est-il pas sans rappeler des heures bien sombres de notre propre pays, M. Le ministre ?

C’est pourquoi, à son humble niveau, le collectif Halte Au Massacre En Birmanie et le parti ÉGALITÉ, tiennent par ma voix à se joindre au cri d’alerte poussé par Human Rights Watch : « Une crise humanitaire totalement prévisible et évitable risque de se produire dans quelques semaines seulement. »
M. le Ministre, vous ne pouvez ignorer la gravité de la situation sur place, peut être même avez vu lu la lettre ouverte du 11 avril dernier, conjointement signée par la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), le Secours catholique France, CCFD-Terre Solidaire, Altsean-Burma et Info Birmanie.
Cette lettre rappelait les garanties exigées par l’Union Européenne avant d’envisager une levée des sanctions à l’égard de l’Etat Birman : « L’UE attend toujours la libération sans condition des autres prisonniers politiques et la levée de toutes les restrictions imposées à ceux qui ont déjà été libérés. Elle espère que le conflit prendra fin, que l’accès à l’aide humanitaire s’améliorera considérablement, en particulier pour ceux qui sont victimes du conflit dans l’État de Kachin et le long de la frontière orientale et, en outre, que le statut des Rohingyas sera examiné et que leurs conditions de vie seront améliorées»
Force est de constater qu’aucune de ces conditions n’a été respectée, rendant d’autant plus incompréhensible cette décision de lever les sanctions économiques sur le pays.
Les résultats ne s’en sont d’ailleurs pas fait attendre : Selon la chaine nationale d’information Belge RTBF, « une mosquée et des magasins aux alentours ont été attaqués » à Oakkan, à environ 100 km au nord de Rangoun.
Dans ce contexte, nous, Collectif Halte Au Massacre En Birmanie et le parti ÉGALITÉ, voulons ici vous crier notre indignation devant la levée des sanctions économiques visant la Birmanie, le 22 avril dernier, alors-même que les Rohingyas continuent de subir les atrocités les plus sévères, et que de toute évidence, il est à craindre que nous soyons aujourd’hui à la veille d’une intensification des violences, voire à l’extermination pure et simple d’un peuple.

Que devons-nous déduire de cette levée des sanctions à l’égard de cet État criminel ?
S’agit-il là d’un feu vert au Gouvernement Birman pour qu’il se sente autorisé à intensifier la répression contre un peuple innocent ?
Comment pensez-vous que, suite à une telle escalade de violences depuis près d’un an, cette levée des sanctions sera interprétée par les autorités birmanes ?
Comment le peuple Rohingya, ce peuple que l’on affame, que l’on prive de soins et que l’on massacre, doit-il comprendre cette décision ?
L’indifférence de la communauté internationale, de nos gouvernants, devant cette ignoble répression, est-elle sans bornes ?

Monsieur le Ministre, nous en appelons à la compassion et à l’humanité qui résident en chacun de nous.
La communauté internationale ne doit pas, ne peut pas rester insensible et inactive pendant que des innocents se font exterminer.
Monsieur le Ministre nous vous demandons d’agir, dans les plus brefs délais, et d’user du pouvoir que vous a donné le peuple afin de prévenir un massacre imminent.
Enfin, nous vous demandons, Monsieur le Ministre, d’exprimer de façon ferme et audible, la position de l’ État belge concernant la situation des Rohingyas de Birmanie.
En espérant recevoir une réponse aussi rapide et efficace que possible face à ce drame qui s’annonce, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes plus sincères salutations.

Nordine Saïdi
Porte parole d’ EGALITE

Collectif Halte Au Massacre En Birmanie | HAMEB

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