Sur les jeunes volontaires pour la Syrie – 23 avril 2013

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Communiqué du parti Égalité sur les jeunes volontaires pour la Syrie – 23 avril 2013

«  Oui, c’est vrai, tu es né à la mauvaise époque », disait une maman à son fils, deux semaines avant qu’il ne parte pour la Syrie. Depuis l’école maternelle, les jeunes volontaires pour la Syrie ont grandi dans un monde dominé par les guerres, les inégalités et la discrimination.

En 2001, la guerre contre l’Afghanistan débute. Elle dure encore et nos soldats belges y sont toujours. En 2003, commence la seconde guerre contre l’Irak, toujours ravagé et disloqué. L’année 2003 est aussi l’année des législations antiterroristes qui désignent l’ennemi à l’intérieur de nos sociétés en guerre. La discrimination sur base de la religion – musulmane – s’ajoute à celle basée sur l’origine nationale ou la couleur de la peau. En 2008, c’est la crise financière qui part des États-Unis, encore eux, pour plonger le monde dans le chaos et creuser l’abîme des inégalités entre riches et pauvres, ici et ailleurs. Près de nous, en Grèce, en Espagne, des gens se suicident plutôt que de quitter le logement qu’ils ne peuvent plus payer. Les scandales de corruption ou de fraude fiscale éclaboussent tant les partis de gauche que de droite dans tout le monde dit civilisé.

C’est dans ce monde que les jeunes d’aujourd’hui doivent donner un sens à leur vie. C’est le propre de la jeunesse – et son mérite – que d’aspirer à la justice, à la paix, à l’égalité. Notre société leur renvoie une image absurde où ceux qui détiennent pouvoir et argent peuvent tout se permettre alors que ceux du bas de l’échelle sont priés de se serrer la ceinture et d’accepter en silence  les humiliations en tout genre. Les résistances à ce système barbare sont systématiquement criminalisées. Comment s’étonner dès lors que certains décident d’aller vivre ailleurs leur idéal ? Comment s’étonner que des provocateurs sans scrupules arrivent à les manipuler au nom de la religion ?

Il s’agit presque toujours de jeunes parfaitement éduqués et soutenus par leurs parents et leur environnement familial ou scolaire. Des parents qui, inquiets dès les premières minutes de la disparition de leur enfant, ont averti les autorités belges. Beaucoup dénoncent l’inaction totale du ministère des Affaires étrangères et de la Justice et découvrent avec amertume qu’ils sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone dans notre pays.

La ministre de l’Intérieur, Joëlle Milquet, n’a rien compris à toute cette souffrance, elle qui ne trouve rien de mieux à faire en ce moment que d’aller suivre des cours de lutte contre le terrorisme chez ses maîtres états-uniens. Pas plus que son collègue des Affaires étrangères, Didier Reynders, qui n’a que des mesures de contrôle et de répression à proposer et qui brille comme toujours par son absence quand il s’agit d’aider des citoyens belges à l’étranger.

Nous refusons la criminalisation par nos autorités de cette jeunesse et nous demandons au contraire que son retour soit préparé avec humanité. Cette crise ne peut pas constituer un nouveau prétexte à l’islamophobie déjà omniprésente.

Nous apportons notre soutien aux familles abandonnées à elles-mêmes qui n’ont qu’un désir : ramener leurs enfants à la maison. Nous comprenons la souffrance des parents et des proches, morts d’inquiétude pour leur enfant, qui  découvrent qu’ils ne valent pas grand-chose pour ce pays, qu’ils considéraient jusque-là comme le leur. Nous comprenons leur déception mêlée à ce sentiment d’impuissance car ils n’ont aucun moyen de savoir ce qu’il adviendra de leur enfant.  Nous exigeons des autorités belges qu’elles assument leur devoir de protection des enfants et des citoyens belges en mettant tout en œuvre pour faciliter leur retour et qu’elles apportent aux familles tout l’aide concrète dont elles ont besoin en ce moment.

Pour notre part, nous mettons nos modestes moyens à la disposition des familles pour les soutenir dans toutes les démarches qu’elles entreprennent. Notre parti Égalité encourage les jeunes à s’engager ici dans la lutte contre l’injustice et la discrimination, dans les actions d’aide aux démunis et de soutien aux résistances dans le monde.

Auteur : Nadine Rosa-Rosso

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