A l’initiative du Mouvement politique des objecteurs de croissance
Occupy Namur
Occupy Bruxelles
Occupy Charleroi
Egalité
RTBF89
Les Amis de la Terre Belgique
Coopérative Vega
Des citoyens indignés
Limelette, le 3 juillet 2013
Madame la ministre,
C’est avec indignation que nous avons appris que la RTBF télévision souhaitait réaliser une émission de télé-réalité intitulée « Je veux ce joooob » et mettant en scène des chômeuses et des chômeurs prêts à tout pour trouver de l’emploi.
« Envoyer un CV n’est désormais plus suffisant pour trouver un emploi, et se démarquer. Alors à circonstance exceptionnelle, moyen exceptionnel.Le candidat aura donc trois jours, et pas un de plus, pour réaliser un défi hors du commun afin d’impressionner, à son insu, son futur patron. Dans cette course contre la montre, il n’aura d’autre choix que de faire appel à la solidarité de ses proches et de sa famille.
Séduction, persuasion, négociation seront nécessaires pour relever ce défi de taille et mériter le job de ses rêves. Pour aider le candidat à accomplir sa tâche, le présentateur et les coaches mettront à disposition leur carnet d’adresse mais aussi, leur motivation et leur énergie. »
Les signataires de ce texte s’inscrivent en complète opposition avec les valeurs présentées par cette émission.
– On ne se divertit pas du malheur des autres. Pour nous, se divertir sur le dos de gens désespérés et prêts à tout pour s’en sortir est malsain.
– On culpabilise le chômeur de sa situation : s’il n’est pas « prêt à tout », c’est qu’il ne cherche pas vraiment de l’emploi. Or, la présentation de l’émission le dit très bien : les circonstances sont exceptionnelles.
Pourquoi donc tout mettre sur le dos des chômeurs ? Tant qu’à faire, pourquoi pas des confessions publiques du type « mea culpa, je coûte cher à la société, je suis donc un sous-humain ? » Cette émission est lourdement discriminatoire.
– Cette émission évite soigneusement de parler des causes de la crise : course à la croissance infinie pourtant impossible sur une planète limitée, crise écologique, crise économique, crise politique, crise de sens.
– Enfin, c’est peut-être le plus important, il est inconcevable d’être « prêt à tout » pour obtenir un travail. Il y a plus important que cela : préserver son intégrité physique et morale, préserver sa dignité et rester en accord avec sa conscience : comment en effet gagner sa vie en faisant quelque chose que sa conscience réprouve ? Il est tabou de parler de cela de nos jours, mais l’objection de conscience devrait être une bonne raison pour refuser un emploi.
Les signataires pensent que la RTBF ne respecte pas sa mission de service public
en produisant une telle émission.
Nous avons appris que, suite aux commentaires indignés, sa production a été suspendue. Nous sommes rassurés par le fait que des concitoyens veillent sur la télévision qu’ils contribuent à financer, mais craignons que la RTBF profite de la pause des vacances pour reprendre ce projet douteux. Aussi nous vous demandons, Madame la Ministre, de bien vouloir vous assurer que la RTBF respecte une éthique minimale en ne s’amusant pas du malheur des autres, qu’elle n’exploite pas la détresse de certains de nos citoyen(ne)s face à un marché de l’emploi insuffisant, mal réparti et qu’au final elle ne produise jamais ce type d’émission.
Veuillez recevoir, Madame la Ministre, l’expression de nos salutations distinguées.
Mouvement politique des objecteurs de croissance.
Les mouvements Occupy Bruxelles, Namur et Charleroi
Nordine Saidi, porte-parole d’Egalité
Isabelle Marchal pour RTBF 89
Ezio Gandin, président des Amis de la Terre
Coopérative Vega
Des citoyens indignés qui ont souhaité personnellement se joindre à cette initiative :
Catherine Godart, Renelde Depré, Noëlle Dauby, Mireille Bauchau, Jean-Christophe
Godart, Jean-Pierre Wilmotte, Philippe De Pooter, Guillaume Jadot, Monique Tasse,
Adriano Boremanse Leija, Christine Crabbe, Anne Theisen, Marie Gribomont, Joëlle
Vanderstukken
Mouvement politique des Objecteurs de Croissance (mpOC) – www.objecteursdecroissance.be
presse@objecteursdecroissance.be – rue du rondia, 8, 1348 LLN -– 0486/92.25.74 – 010/41.22.02
par Isabelle Marchal
Messieurs/dames,
Veuillez prendre note que, suite à votre courrier intitulé « Casting : Je veux ce Joooooob ! » j’introduis, par la présente, une plainte auprès de vos services, plainte que j’envoie également à la Commission de protection de la vie privée.
Dans un premier temps, j’ai cru qu’il ne s’agissait « que » d’un courrier que je n’aurais jamais dû recevoir, puisqu’il n’était question ni d’une offre d’emploi, ni d’une proposition de formation, ni d’un stage quelconque. Juste un vulgaire spam.
L’utilisation de mes coordonnées afin de promouvoir une émission de divertissement de la RTBF mettant en scène « de vrais chômeurs » (Oh, comme c’est divertissant!) constituait déjà, selon moi, un détournement de données suffisant pour déposer plainte.
Un article paru dans la Dernière Heure du mercredi 3 juillet m’apprend que le fond de la question est bien pire.
« Actiris a joué les casteurs en mettant gracieusement ses fichiers à disposition de la boîte de production Ebuco. « C’était l’une des options pour trouver des candidats pouvant être intéressés par l’expérience. Tous les demandeurs d’emploi n’ont pas été sollicités. Nos services internes ont établi une sélection sur la base de différents critères« , explique Vincent Dewez, directeur de la communication chez Actiris.
- Dans un pays qui prétend à la démocratie, il ne saurait être question qu’un organisme public (Actiris) mette des données personnelles à disposition d’une société privée (EBUCO S.A.).
Vos services internes ont procédé à une sélection sur la base de « différents critères ».
- Merci de me faire connaître ces « différents critères ».
- Merci de m’informer précisément des données qui ont été transmises à la société EBUCO.
Vous comprendrez qu’un refus de votre part, au nom d’un principe de confidentialité que vous avez été les premiers à bafouer, m’obligerait à chercher à obtenir ces informations (qui me concernent directement) par d’autres voies, légales, mises à la disposition du citoyen.
Outre le caractère strictement personnel de cette plainte, j’ose espérer que la levée de boucliers qui a fait suite au projet d’émission et au mode de casting de candidats potentiels incitera votre organisme à une remise en question profonde de ses missions, de son rôle et de ses valeurs, plutôt que de conduire au limogeage de l’un ou l’autre lampiste, le plaçant demain dans les conditions idéales pour postuler à l’émission Je veux ce Joooooob… si toutefois, elle devait jamais voir le jour.
Soyez assurés qu’avec d’autres citoyens attentifs, nous ferons tout pour que cet enterrement de première classe du service public n’ait jamais lieu.
Sincères salutations,
Isabelle Marchal
Coordonnées : Demander à EBUCO SA, ils doivent les avoir.
Envoyé à Plaintesklachten@actiris.be