Rencontre avec Lollia Franco (porte parole du collectif/brigade anti négrophobie), présentera le livre publié par ce collectif et intitulé « Autopsie de la négrophobie » L’homme noir, le « nègre » inférieur au blanc, que la pensée européenne « universelle » avait exclu du champ de l’humanité, est subitement devenu, lors des « indépendances », l’objet de toutes les attentions et des préoccupations « humanitaires » et « égalitaires ». Le discours ouvertement raciste qui enseignait doctement l’infériorité du nègre, a changé de tonalité. Mais dans les faits, les noirs n’ont jamais cessé d’être exclus de la normalité subjective peinte aux couleurs de la « Suprématie Blanche ».
PRÉAMBULE
« L’Autopsie de la Négrophobie » est destinée à faire part au public de la réflexion du COLLECTIF/BRIGADE ANTI NEGROPHOBIE sur la réalité d’un racisme qui frappe chirurgicalement les « Noirs » aux quatre coins du globe depuis plusieurs siècles. Cette analyse clinique nous a permis de mettre en évidence l’existence d’un racisme occulte dont les effets sont tout aussi dévastateurs que ceux d’une arme de destruction massive pour les populations (noires) qui en sont la cible, notamment en matière d’aliénation et d’infériorisation.
L’examen minutieux de la dépouille du « racisme anti-noirs » nous a d’abord montré qu’il émanait d’une hydre[1]dotée de plusieurs têtes, dont l’une secrète la Négrophobie. L’autopsie nous a aussi révélé que ce monstre était encore en vie… que sa mort n’était qu’apparente… et que cette apparence trompeuse était la condition sine qua non de sa redoutable efficacité.
Indécelable pour tout œil non initié, son âme a survécu aux « Abolitions »[2] de l’esclavage, aux indépendances de façade[3] en empruntant tour à tour les habits de missionnaires, de coopérants, etc., pour maquiller ses projets impérialistes les plus inavouables.
Cette autopsie nous révèle que :
La Négrophobie résume l’idée pure et simple d’un racisme anti-noir qui se nourrit de peur, de haine et/ou de mépris pour tout ce qui a trait au monde noir, à la culture noire ainsi qu’à la personne noire.
A la lumière des faits, et contrairement aux idées répandues, la Négrophobie est d’abord une construction idéologique[4] avant d’être une construction sociale[5], qui justifie, à l’aide d’arguments infondés et fallacieux, l’infériorité des « Noirs »[6], et parallèlement la supériorité des « Blancs ».
Pour mener à bien cette mission, l’Etat arme ses institutions d’un dispositif financier, idéologique et promotionnel qui leur confère une légitimité gouvernementale, laquelle leur donne le pouvoir de prendre abusivement en otage le libre-arbitre de l’opinion publique[7].
Historiquement, le corpus de ces thèses négrophobes a permis de justifier, auprès de l’opinion publique (inter)nationale, le bien fondé de la déportation massive d’africains noirs, par les européens – Etats-Unis d’Amérique compris[8]– et leur mise en esclavage entre le XVe et le XIXe Siècle.
En France, en dépit de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, les « Noirs » ont été maintenus en esclavage jusqu’en 1848, année de l’Abolition. Il a fallu attendre l’année 2001 pour que l’esclavage et le Trafic négrier transatlantique soient reconnus « Crime contre l’Humanité »,[9] sans que cela n’incite jamais l’Etat français à réparer les conséquences de cette politique génocidaire qui fut immédiatement relayée par la colonisation[10] des Africains et de leurs descendants.
Cette politique coloniale entraîna, entre autres, le découpage et le partage de l’Afrique noire orchestré par les européens lors de la Conférence de Berlin de 1884[11]. Et ce, dans le but de poursuivre l’exploitation des ressources naturelles, humaines et culturelles du continent africain et des colonies.
Aujourd’hui la néo-colonisation de l’Afrique noire et des descendants d’Africains déportés, a subtilement relayé les systèmes esclavagistes et coloniaux occidentaux. Par ce biais, le joug impérialiste se poursuit sous un nouveau masque dans les anciennes colonies, grâce à de nouveaux instruments tout aussi efficaces qui se sont adaptés à l’évolution de la société.
En France notamment, la mutation du colonialisme en néocolonialisme s’est aussi matérialisée par les départementalisations de façade qui habillent les (anciennes) colonies françaises d’Outre-mer à partir de 1946, pour tenter de masquer les inégalités sociales et raciales, encore criantes, et en contradiction avec le pacte « Républicain »[12] (« assimilation » des populations descendantes d’africains déportés, accompagnée d’une politique de répression et émigration forcée de la jeunesse, vers la France par la mise en place d’institutions d’Etat telles que le BUMIDOM et la SMA[13] pour mieux contrer les revendications autonomistes et indépendantistes….).
Ce ravalement de façade est survenu dans le sillage des prétendues « Indépendances » africaines, dans les années 1960, alors mêmes que les (anciennes) colonies françaises étaient, et sont encore, maintenues sous le joug de l’immorale et criminelle autorité de la « Françafrique » (système de la Francophonie couplé à celui du Franc CFA,[14] prétendue « dette de l’Afrique », chute des cours des matières premières (…). Tous ces dispositifs visent à asphyxier l’Afrique culturellement et économiquement pour qu’elle ne recouvre jamais la voie de son Indépendance).
De toute évidence, cette domination est orchestrée dans les coulisses du « pouvoir blanc » qui a usé et abusé de la « Terreur » pour imposer sa norme sociale et raciale au reste du monde :
– en prétextant, hier, une prétendue mission « civilisatrice »…
– et aujourd’hui, la nécessité impérieuse d’exporter la « démocratie » et les droits de l’homme refusés aux « Noirs » il y a à peine 100 ans, y compris après l’Abolition de l’esclavage.
Dans cette France, pays des « droits de l’Homme » et « fille ainée de l’Eglise », l’héritage de l’esclavage colonial est omniprésent dans les médias, les manuels scolaires, les politiques publiques. Ses graves séquelles nourrissent encore de forts préjugés subtilement cautionnés par la norme dominante. Autrement dit, les Noirs de France restent non pas des citoyens à part entière, mais entièrement à part.[15]
Les conclusions de l’Autopsie qui sont claires et nettes, nous permettent dorénavant de connaître la cause du mal et non plus seulement les effets.
Les privilèges accordés à chaque groupe humain vont forcément decrescendo du « Blanc » jusqu’au « Noir », lequel se voit privé de ses droits inaliénables, y compris de nos jours. Cette iniquité de traitement, réservée au Noir, est généralement désignée sous le vocable flou et hypocrite de « racisme » ou de « discrimination raciale ».
Conscient que le premier pas vers notre indépendance véritable passe nécessairement par notre indépendance d’esprit et par conséquent la liberté de fonder nous-mêmes nos propres concepts, Nous – Collectif/Brigade Anti Négrophobie – avons décidé de désigner de manière plus spécifique, et plus précise, ce racisme meurtrier qui vise les Africains Noirs et les Afro-descendants, sous le vocable de Négrophobie.
AUTOPSIE DE LA NEGROPHOBIE
(Chronique d’une mort annoncée)
AVANT PROPOS
L’action menée par le Collectif/Brigade Anti Négrophobie, est d’abord et avant tout, une contre-offensive à la (néo)-colonisation des esprits, et non une « lutte antiraciste de façade », comme il en existe tant, menée par quelques associations « bien en vue », voire même, agréées et approuvées par l’Etat (néo)-colonial français. Pour nous, la lutte contre le Racisme (d’Etat) nécessite la prise de conscience et la reconnaissance de notre statut de (néo)colonisé, et non son déni, qui nous prive fatalement de toute perspective de libération mentale et/ou physique.
Résumé de l’introduction :
L’exploitation du peuple noir est basée sur une idéologie inavouable appelée le racisme, et plus particulièrement en ce qui nous concerne, la Négrophobie. Cette idéologie est un poison, capable d’altérer, voire d’annihiler notre jugement. L’éclairage que nous pensons le mieux adapté doit permettre à chacun de détecter rapidement et en quelque endroit où il se loge, le Racisme en général et plus spécifiquement la Négrophobie. Pour nous armer et lutter efficacement contre le Racisme, il nous faut donc décrypter le (I) Racisme d’Etat, que nous distinguerons des (II) Racismes populaires, eux même à différencier des (III) Contre-racismes populaires.
*****
Stephen Biko, [16] Grand Martyr parmi les martyrs de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud – enseveli sous les décombres de l’histoire officielle, après avoir été assassiné dans sa cellule de prison de Pretoria par l’Etat raciste Sud Africain – nous a appris que :
« L’arme la plus puissante dans les mains de l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé ».
Son Mouvement de la Conscience Noire était un appel à la libération des esprits sans laquelle la liberté de l’opprimé n’est qu’illusoire.
Les Africains du continent noir et de la diaspora ne seront respectés par le reste du monde que lorsqu’ils auront fermement pris en main leur destin !
Cela passe par une réelle prise de conscience, mais aussi par le refus catégorique de se laisser enfermer dans ces images dénigrantes, stratégiquement nourries par l’idéologie suprématiste, raciste et arrogante du monde occidental. Lequel ne nous[17] domine idéologiquement que parce qu’il a su circonscrire notre rôle, dans les grandes pages de l’histoire, à celui – déshumanisant – d’esclaves-objets, de colonisés, de néo colonisés, de sous-développés, de sans-papiers, etc. Or, une perspective basée sur les faits objectifs nous offrirait d’autres champs de vision de l’Histoire encore insuffisamment explorés et rarement connus du grand public, puisque volontairement occultés par le pouvoir dominant.
Les chaînes de l’esclavage arrachées de nos chevilles et poignets, sont encore dans nos têtes. Ces chaînes invisibles sont ainsi beaucoup plus difficiles à rompre. L’éclairage que nous proposons est destiné à ceux et celles qui s’efforcent, comme nous-mêmes, d’en briser chaque maillon dont ils ressentent plus ou moins confusément l’entrave.
Pour ce faire, nous devons apprendre à les ressentir, à les rendre visibles, à les détecter aux rayons X de nos esprits critiques, pour les mettre en lumière, sans plus jamais nous laisser aveugler par la propagande des Etats impérialistes. Car s’il est avéré que le soleil ouvre les yeux des hommes endormis par la nuit, aucun mensonge ne résiste à l’épreuve de la vérité. En effet, le mensonge érigé en philosophie et en principe de gouvernement peut se comparer à ce » Dracula politique » qui ne peut « survivre à la lumière ni à aucun examen critique »[18]. Comme le dit le professeur Samuel Huntington de Harvard, » les architectes du pouvoir (…) doivent créer une force qu’on ressent sans la voir. La force est puissante quand elle reste dans l’ombre ; exposée à la lumière, elle commence à se dissiper « .
L’exploitation du peuple noir est basée sur une idéologie inavouable appelée le racisme, et plus particulièrement en ce qui nous concerne, la Négrophobie. Ce racisme particulier que nous vulgarisons à travers le vocable de Négrophobie[19] permet de reléguer les Noirs, très largement et fréquemment minorisés par le discours institutionnel, en marge de la société, de la civilisation et donc de l’humanité et ce, de la manière la plus « décomplexée » qui soit[20].
A vrai dire, cette idéologie représente un poison plus ou moins dilué, capable d’altérer, voire d’annihiler notre raison en même temps que notre libre arbitre. Elle permet de justifier sous des formes plus ou moins subtiles, depuis Christophe Colomb, le partage du monde et son exploitation par et au profit exclusif d’une minorité suprématiste, au détriment de tous les autres.
L’éclairage que nous pensons le mieux adapté, doit permettre à chacun de détecter rapidement et en quelque endroit où il se loge, le Racisme en général et plus spécifiquement la Négrophobie. Car il est primordial de savoir ce qu’est le Racisme, quel est son rôle, son but, sa raison d’être et les formes plus ou moins complexes et opaques qu’il emprunte. Par souci de clarté, nous parlerons donc d’abord du (I) Racisme d’Etat, que nous distinguerons des (II) Racismes populaires, eux même à différencier des (III) Contre-racismes populaires.
Voir la suite en cliquant sur ce lien : http://brigadeantinegrophobie.wordpress.com/2012/08/15/autopsie-de-la-negrophobie/
COLLECTIF/BRIGADE ANTI NEGROPHOBIE
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En collaboration avec le Pianofabriek Culturencentrum
Bruxelles PanthèreS se veut être un espace de réflexion autonome de tous ceux qui veulent s’engager dans le combat contre les inégalités raciales qui cantonnent les immigrés et leurs enfants à un statut analogue à celui des indigènes dans les anciennes colonies : marginalisation politique, stigmatisation de nos cultures et religions (notamment dans les médias), brutalités policières au faciès, sexisme, discriminations à l’emploi, au logement, à l’école, répression de l’immigration et des habitants des quartiers populaire de Bruxelles, etc. Plus généralement, nous luttons contre toutes les formes de domination impériale, coloniale et sioniste qui fondent la suprématie blanche à l’échelle internationale.
Nous travaillons à construire la communauté politique de toutes celles et tous ceux qui refusent l’occultation des dominations et des oppressions inscrites dans l’histoire et les institutions étatique des pays occidentaux. Nous affirmons qu’aucun avenir n’est possible si l’on ne s’inspire pas des résistances antérieures et actuelles.
Nous devons enseigner l’histoire de manière objective afin que les nouvelles générations ne reproduisent plus les crimes du passé. Tirer les leçons du passé pour construire un avenir meilleur.
Notre objectif prioritaire est de faire converger, au sein d’une même dynamique antiraciste et décoloniale, l’ensemble des espaces de résistances que se donnent les habitants des quartiers populaires de Bruxelles.
Ces rencontres sont ouverte à tous, gratuit et dont on espère qu’il participera à l’élaboration d’une pensée critique décoloniale qui puisera son inspiration dans les luttes anticoloniales, antiracistes et dans l’expérience des résistances populaires.
Nous souhaitons surtout qu’elle sera au service des luttes des immigrations et des quartiers.
Programme :
Vendredi 07 Mars 2014.
Rencontre avec Lollia Franco (porte parole du collectif/brigade anti négrophobie), présentera le livre publié par ce collectif et intitulé « Autopsie de la négrophobie »
L’homme noir, le « nègre » inférieur au blanc, que la pensée européenne « universelle » avait exclu du champ de l’humanité, est subitement devenu, lors des « indépendances », l’objet de toutes les attentions et des préoccupations « humanitaires » et « égalitaires ».
Le discours ouvertement raciste qui enseignait doctement l’infériorité du nègre, a changé de tonalité.
Mais dans les faits, les noirs n’ont jamais cessé d’être exclus de la normalité subjective peinte aux couleurs de la « Suprématie Blanche ».
Vendredi 14 Mars 2014
Décolonisation – Grille de lecture décoloniale du pouvoir
Rencontre avec Ramon Grosfoguel, est Professeur de « Ethnic Studies » à L »Université de Californie à Berkeley.
Malgré la décolonisation formelle, une colonialité globale perdure sous des formes multiples et imbriquées : les dominations fondées sur le genre, la race, les pratiques sexuelles, la langue, la spiritualité, etc. La décolonisation du monde appelle une politique nouvelle, qui, au-delà des affirmations identitaires (cultural studies) et des relations de travail (marxisme), donne toute leur place aux savoirs situés, ouvre une géopolitique de la connaissance. Il s’agit moins alors de prendre le pouvoir que d’inventer des institutions collectives, locales et globales.
Dimanche 30 Mars 2014
L’antiracisme et la gauche blanche au prisme de l’affaire « Dieudonné »
Rencontre avec Houria bouteldja, Mehdi Meftah, Youssef Boussoumah
Le Mouvement des Indigènes de la République, existe depuis les émeutes populaires de 2005. Mais il ne s’est constitué en parti (P.I.R) que depuis 2010, avec comme objectif premier la politisation des quartiers populaires et des personnes issues de l’immigration.
Vendredi 18 Avril 2014
Discussion autour de « 12 ans d’esclavage » de Solomon Northup avec Matthieu Renault
Ce récit autobiographique paraît en 1853 parmi d’autres récits d’esclaves qui sont alors une arme décisive dans la bataille pour l’abolition de l’esclavage (qui n’est proclamé qu’en 1863 par Abraham Lincoln). Solomon Northup y raconte douze années d’asservissement et mêle différentes perspectives, il fait autant le récit de ses souffrances, tant corporelles que psychiques, qu’une description minutieuse de l’institution esclavagiste. Qu’est-ce que la liberté dans la violence de l’esclavage ? Ou plutôt que faire de la liberté et de la vérité (particulièrement pour Northup, d’abord né libre et forcé de le dissimuler) ? Ce récit, et les questions qu’il pose, sont à l’origine du dernier film de Steve McQueen : « 12 Years a Slave » (dans les salles à partir du 22 janvier). Nous vous invitons à discuter de ces questions, de cette histoire, de sa mise en récit par Northup en 1853 et de son adaptation au cinéma par Steve McQueen.
Matthieu Renault est docteur en philosophie politique, chercheur postdoctoral à la London School of Economics and Political Science (département de sociologie) et chercheur associé au Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques (CSPRP, Université Paris VII Denis Diderot). Il est l’auteur de : Frantz Fanon, De l’anticolonialisme à la critique postcoloniale, Amsterdam, Paris, 2011.