Pourquoi je soutient les intifadas arabes et m’ oppose à l’intervention occidentale.

Mohamed Bouazizi, un jeune chômeur diplômé de 26 ans, survivait en vendant des fruits et des légumes à Sidi Bouzid. Il s’est immolé le 17 décembre 2010. La jeunesse tunisienne est choquée par le geste de Mohamed Bouazizi. Il meurt le 4 janvier 2011, dix-huit jours après son acte désespéré. Environ 5.000 personnes assistent à ses funérailles le 5 janvier.

Mohamed Bouazizi voulait dénoncer une injustice, il a déclenché une révolution.

Dix jours plus tard, le régime despotique de Zine El-Abidine Ben Ali, en place depuis 23 ans, s’effondre.

Le 25 Janvier, des milliers d’Égyptiens descendent dans les rues du Caire aux cris de «Moubarak dégage!». Le 11 février, Moubarak dégage.

 

Dès le 15 Janvier, Égalité affirme sa solidarité sans faille avec le formidable mouvement de contestation tunisien ainsi qu’avec les mots d’ordre de la révolte initiée à Sidi Bouzid. Égalité souscrit à l’appel lancé depuis Dakar lors du Forum Social Mondial (du 6 au 12 février 2011).

Nous avons manifesté naturellement avec les peuples frères d’Afrique du Nord et du Moyen Orient en lutte pour la liberté, la justice sociale et une réelle indépendance de leurs nations. Devant les ambassades du Maroc, de l’Algérie, d’Égypte, de Libye et d’Arabie saoudite, sur les marches de la Bourse et dans les rues de Bruxelles partout, nous étions unis aux cris de «DEGAGE».

Confiscation des révolutions par la guerre?

Le 17 mars, au nom de la «protection des civils», la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU établissant une «zone d’exclusion aérienne» sur la Libye est votée. Trois mois jour pour jour après l’immolation du jeune Mohamed Bouazizi.

Le 20 mars est la date de la journée mondiale de mobilisation pour rappeler la guerre d’Irak et ses conséquences dramatiques. Le lundi 21 mars 2011, le Parlement belge, pas rassasié par ce million de morts, vote unanimement l’entrée en guerre contre la Libye.

Le ministre belge de la Guerre, Pieter de Crem, annonce l’occupation:. « La Belgique mettra à disposition six F16 et un chasseur de mine, le Narcis. Soit 220, 240 personnes mises à disposition dans l’opération. Nos F16 étaient déjà stationnés sur le territoire grec à 120 km d’Athènes donc aujourd’hui, ils sont armés… Deux C130 sont partis et sont opérationnels. Dans le dossier de la Libye, on ne peut pas souffler le chaud et le froid, la communauté internationale a décidé qu’il fallait faire quelque chose. L’opinion publique en Belgique est favorable. L’opération durera longtemps. Ce n’est pas une opération de deux ou trois semaines. Deuxièmement, on a dit qu’il n’est pas question d’une force d’occupation. Troisièmement, cela n’exclut pas qu’il y a des troupes au sol mais pour être très clair ni la Belgique, ni les États-Unis par exemple ne vont envoyer des troupes au sol. Je pense que les forces de la coalition vont avoir encore beaucoup de travail vraiment à stabiliser la Libye qui joue un rôle très important dans la stabilisation de la région toute entière. » 1

Nous rejetons par principe toute intervention étrangère de quelque nature que ce soit. En particulier de la Belgique, qui a vendu pour plusieurs millions d’euros d’armement à Kadhafi, utilisées dans la répression des manifestants.

Dès le 18 mars, Égalité a signé la pétition s’opposant à cette intervention. Celle-ci dit: «Chaque peuple a le droit absolu de choisir lui-même ses dirigeants, son régime politique et social et de s’exprimer librement. C’est au seul peuple libyen de décider de son avenir, non aux puissances occidentales ou aux sociétés pétrolières multinationales. Toutes les interventions armées, notamment le contrôle de l’espace aérien libyen par l’OTAN, les États-Unis ou les pays européens, a fortiori tout bombardement ou déploiement au sol, seraient des actes de guerre et d’occupation inacceptables2

Dans un édito du 23 février, The Wall Street Journal écrivait : « Les États-Unis et l’Europe devraient aider les Libyens à renverser le régime de Kadhafi. »3

Lors de la manifestation du 20 mars à Bruxelles, nous étions bien évidemment là aux cris de «USA /OTAN / Khadafi, casse-toi, la Libye n’est pas à toi», «Khadafi, assassin, Belgique complice», mais nous n’avons pu que constater la division dans les rangs face à ces revendications et à l’intervention militaire. Cette prise de position a suscité des réactions en sens contraire, même parmi les organisations signataires de la manifestation.

Nous tenons à expliquer plus longuement notre position face aux événements extrêmement graves qui se déroulent actuellement dans le monde arabe et sur l’entrée en guerre de notre pays, décidée par un gouvernement en affaires courantes et soutenue unanimement par une classe politique incapable de mettre sur pied un gouvernement issu des élections, neuf mois après que nous ayons voté.

La solution pacifique a été boycottée, y compris par la gauche européenne.

Les pays qui ont envoyé leurs armées, ont refusé d’envoyer des ambassadeurs et des médiateurs pour mettre fin à l’effusion de sang et faire respecter les droits des peuples opprimés. Il existait pourtant une proposition de médiation internationale, présidée par l’ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, qu’on ne peut soupçonner de sympathie pour Chavez ou Kadhafi.

Le Président Chavez a proposé officiellement, le lundi 28 février, la création d’une commission internationale dans laquelle plusieurs pays (Europe, Afrique, Moyen Orient et Amérique latine) travailleraient de manière pacifique à la solution du conflit libyen “sans besoin de recourir aux armes ni d’envahir” le pays. Le gouvernement vénézuélien a tenté de suivre « la ligne de la prudence » et son président a lancé un appel à la communauté internationale pour que « nous agissions politiquement, pour une solution pacifique, pour la paix dans l’ensemble du monde arabe et du Moyen Orient, en tout respect et pour que nous ne nous laissions pas entraîner par les tambours de guerre ».4

La Ligue Arabe, les pays latino-américains de l’ALBA, certains pays d’Afrique, la Turquie et Kadhafi lui-même ont donné leur accord pour cette approche pacifique du conflit.

Aucun délégué de la rébellion libyenne ne s’est présenté à la réunion au siège de l’Union africaine à Addis Abeba pour tenter de trouver une solution négociée à la crise en Libye. Une délégation gouvernementale libyenne y était, elle, présente. Des représentants de l’Union européenne et de la Ligue arabe participent à la réunion ainsi que les ministres des Affaires étrangères des pays membres du comité de l’Union africaine spécialement mis en place pour suivre la situation en Libye (Afrique du Sud, Congo, Mauritanie, Mali et Ouganda). Cette rencontre a pour but de «favoriser un échange de vues orienté vers l’action sur la situation en Libye et de rechercher les voies et moyens d’une sortie de crise rapide (…)», explique le président de la Commission de l’UA, Jean Ping.5

« Nous sommes prêts à mettre en œuvre la feuille de route envisagée » par le Comité de l’Union africaine sur la Libye (…) », ont affirmé les membres de la délégation officielle libyenne.6

Mais les États-Unis et la France ont écarté cette offre de médiation internationale.

Malheureusement, au lieu de soutenir les propositions concrètes venant des pays du Sud, la gauche  européenne les a méprisées. Elle n’a pas fait mieux que la droite en se contentant de condamner le «dictateur». La gauche qui soutient habituellement Chavez s’est démarquée de sa proposition en n’en retenant que « Je ne vais pas condamner [Kadhafi], je serais un lâche de condamner celui qui a été mon ami pendant longtemps »4. Chavez mettait ainsi en relief l’hypocrisie de nos gouvernements qui, il y a peu encore, considéraient Kadhafi comme un ami à qui on pouvait vendre des armes. En homme d’État, Chavez a proposé une solution pour stopper la guerre civile.

La tâche de la gauche européenne est de se libérer elle-même de ses gouvernements qui sèment la guerre partout avant de vouloir donner des leçons aux peuples en lutte.

L’engagement de l’ONU, contre ses propres principes, ouvre la porte à l’ingérence.

Présenté par la France, avec l’appui de la Grande-Bretagne, le texte de la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU, voté ce 17 mars, est terriblement confus. Les discussions préalables au vote de cette résolution ont suscité d’abord l’opposition de la Russie et de la Chine qui s’abstiennent finalement lors du vote, avec l’Allemagne, le Brésil et l’Inde.

Professeur d’histoire et de sciences politiques, Pierre PICCININ, analyse la résolution 1973 «Cette résolution, en effet, présente un caractère aberrant et constitue un lourd précédent : d’une part, elle transgresse les principes de non-ingérence et de souveraineté des États et, d’autre part, elle normalise un peu plus encore la politique des deux poids et deux mesures, qui caractérise de plus en plus radicalement l’action onusienne. Basée sur le postulat rhétorique que le gouvernement de Mouammar Kadhafi exercerait une répression criminelle « contre le peuple libyen et les populations civiles éprises de liberté », la résolution appelle la communauté internationale à interdire tout vol dans l’espace aérien libyen et à tout mettre en œuvre pour « protéger la population civile et faire cesser les hostilités ». Or, le postulat de base est biaisé : le gouvernement libyen, au moyen de l’armée régulière, pour dictatorial qu’il soit, ne vise en aucun cas à massacrer des civils, mais à réprimer une rébellion, armée, qui tente de renverser par la force l’ordre établi (…). Il ne s’agit donc pas d’un « dictateur massacrant son peuple désarmé » : le chef de l’État, commandant des forces armées, combat des troupes rebelles, minoritaires, qui sèment le trouble dans le pays, et ce en parfait accord avec le droit international, qui fonde la légitimé de tout gouvernement à exercer souverainement l’autorité sur son territoire, à l’intérieur de ses frontières. Une intervention militaire à l’encontre de l’armée gouvernementale libyenne reviendrait ainsi à soutenir une rébellion armée qui tente de renverser un gouvernement légalement établi. »7

Cette intervention occidentale constitue un précédent majeur, qui pourra être employé demain en Iran par exemple (il n’est pas difficile pour les USA de recruter quelques insurgés en Iran et puis d’aller les « défendre » ), au Venezuela ou en Syrie, ou encore en Chine (Tibet) ou en Russie (Tchétchénie). Rappelons qu’une partie des insurgés a d’ailleurs rejeté catégoriquement toute présence de troupes étrangères.

Sauver des civils des « massacres » ? Que l’ONU les sauve des principaux massacres dont les États-Unis et l’Europe sont responsables en Irak, en Afghanistan et en Afrique.

Les «No Fly Zone» préparent des occupations.

Ces attaques aériennes ne permettront pas d’éviter la répression et les tueries. Au contraire, celles-ci vont provoquer une intensification de la guerre civile et de lourds dommages que l’on appellera «collatéraux» ou «bavures», car nul doute que les bombes de la coalition vont aussi provoquer des pertes civiles.

En 1992, l’ONU a imposé deux zones d’exclusion aérienne en Irak, pour « protéger les civils kurdes ». Dans les faits, ces mesures, comme l’embargo, préparaient à une intervention et une occupation terrestres. Saddam Hussein ne fut renversé qu’après ces longs embargos et cette invasion terrestre, toujours en cours, qui ont fait au bas mot un million de morts! Sauver des vies à coup de bombes et d’embargo est un non-sens. Qui condamne les États-Unis et leurs alliés, dont la Belgique, pour le million de morts en Afghanistan et en Irak ?

Puisque l’objectif plus ou moins clairement avoué est le renversement du régime de Kadhafi, une opération au sol sera nécessaire selon notre ministre de la guerre De Crem ( CD&V ), membre d’un gouvernement en « affaires courantes ». La guerre et l’occupation, aériennes ou terrestres, deviennent ainsi une « affaire courante » au royaume de Tintin. Après l’Afghanistan, Libye nous voilà !

Le souci pour les civils se mesure en Palestine.

Il n’a jamais été question d’intervention pour aider le peuple palestinien pendant Septembre Noir en Jordanie, le massacre de Sabra et Chatilla ou le siège de Beyrouth au Liban, à Jénine en avril 2002, à Fallujah en 2004, ni à Gaza, quand plus de 1400 personnes ont été assassinées, à l’aide de bombes au phosphore, entre décembre 2008 et Janvier 2009, sans parler des milliers de vie perdues suite au blocus inhumain de la bande de Gaza.

Comparés aux forces d’occupation israéliennes, l’armée la plus infernale au monde, les mercenaires de Kadhafi sont des petits gamins.

Au lieu de venir en aide au peuple palestinien, les États-Unis ont encore exercé le 18 février 2011 leur droit de veto contre une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui déclarait «illégales» les colonies israéliennes et exigeait la fin immédiate des travaux, et cela en pleine révolution arabe. Dès lors, toute déclaration simulant une volonté de défense des peuples en Égypte, Tunisie ou dans d’autres pays de la région n’est qu’hypocrisie.

Et les Palestiniens continuent à résister depuis plus de soixante ans, sans faire appel à l’intervention de nos valeureux protecteurs des droits de l’homme. Ils savent que ceux qui se soucient aujourd’hui de la souffrance du peuple libyen ont aidé au massacre des Palestiniens.

Les jours de ceux qui collaborent avec l’occupant et ses protecteurs occidentaux, en Palestine comme dans l’ensemble du monde arabe et musulman sont comptés. Silvan Shalom, vice-premier ministre israélien a déclaré avec inquiétude :«Ce qui s’est passé en Tunisie (…) pourrait constituer une menace à la sécurité d’Israël. Il se pourrait que des régimes élus démocratiquement et qui détestent Israël, aient un impact important sur la sécurité d’Israël ». En clair, les sionistes disent tout haut ce qu’on n’ose pas dire ici tout haut : il ne faut pas laisser les peuples arabes choisir librement leurs dirigeants. Le Hamas – pourtant élu de manière démocratique – n’a jamais bénéficié de ce soutien international. Pire, il a été placé sur la liste européenne des organisations terroristes et la population de Gaza en paie chaque jour les conséquences.

Incapables de décider ne serait-ce que des sanctions économiques contre Israël, les interventionnistes viennent aujourd’hui nous donner des leçons sur les droits de l’homme !

Cette politique « deux poids, deux mesures », a aussi été appliquée en août 2006 au Liban. Elle se poursuit aujourd’hui dans le traitement sélectif des victimes civiles.

Les régimes de la Ligue Arabe de Washington sont tous profondément corrompus. Ils sont tous au service des institutions internationales comme la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International ou l’Organisation Mondiale du Commerce. Tous collaborent d’une manière ou d’une autre avec le régime sioniste.

Au Bahreïn, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont envoyé leurs armées pour défendre non pas les manifestants pacifiques mais le Roi qui fait tirer à balles réelles sur les manifestants, allant jusqu’à prendre d’assaut les hôpitaux ! Et tout cela, sous les yeux de la 5ème flotte américaine qui y dispose d’une base navale. Il aurait juste suffi de tourner les canons de 180 degrés, de l’Iran vers les armées saoudiennes et les Émirats.

Une guerre de reconquête de la région.

Bien que la Libye possède approximativement 3,5 % des réserves mondiales de pétrole (ce qui représente plus du double de celle des États-Unis), la guerre n’est pas uniquement une guerre pour le pétrole. Il s’agit avant tout d’établir une domination politique dans la région.

Les enjeux sont immenses. Cette région stratégique est indispensable pour contrôler toute la région et protéger Israël. L’Arabie Saoudite constitue le véritable porte-avion de la domination US au niveau des ressources énergétiques de la région et à Bahreïn se trouve déjà la Ve flotte américaine.

Il s’agit d’une recolonisation des territoires. Les dictateurs n’étant plus une garantie fiable face aux peuples en colère, la reconquête est nécessaire pour maintenir l’hégémonie sur la région.

La Libye aux mains des impérialistes serait une grande dissuasion pour la continuité de la révolution sur le continent africain.

Khadafi, rempart contre l’impérialisme ?

Le fait que le système Khadafi a redistribué une partie des richesses ne change rien au fait qu’il soit un despote. Les puissances impérialistes ont su jouer avec Kadhafi une fois en l’instrumentalisant, une fois en l’intimidant.

Quand les États-Unis ont envahi l’Irak en 2003, sous le prétexte fallacieux des « armes de destruction de masse », Kadhafi, menacé d’être le prochain, a accompli un soudain et surprenant volte-face en politique étrangère, passant d’État voyou à proche collaborateur des États occidentaux à qui il a prêté main-forte dans la prétendue guerre contre la terreur, et aussi en particulier de l’Europe, pour laquelle il sous-traite la chasse aux immigrants venant d’Afrique.

Kadhafi est le seul dirigeant arabe à avoir condamné publiquement le peuple tunisien pour avoir chassé son dictateur Ben Ali, décrit par lui comme le meilleur dirigeant que la Tunisie pouvait trouver.

Le rejet des pouvoirs tyranniques est naturel chez chaque peuple, mais c’est à chaque peuple d’en faire un projet politique.

Soutenir toute opposition libyenne anti-impérialiste et antisioniste

L’objectif de l’intervention occidentale n’est pas de sauver les civils mais bien de remplacer Khadafi par l’opposition que l’impérialisme a désignée comme seule et unique représentante du peuple libyen.

Les peuples arabes ont brisé le mur de la peur et se sont mis debout. Même les gouvernements « transitoires » de type Ghannouchi en Tunisie ou Souleiman en Égypte n’ont pas tenu longtemps. Il est impensable pour les impérialistes de voir naître des gouvernements anti-impérialistes et antisionistes.

La révolte du peuple libyen est légitime et le courage de ceux qui ont défié le régime est énorme. Mais le soutien immédiat accordé au Conseil National de Transition en Libye tranche avec l’attitude adoptée à l’égard de l’Égypte et de la Tunisie. Le soutien culmine avec la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies du 17 mars autorisant « à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées menacés par une attaque » du pouvoir libyen.

D’après  Massimo Introvigne, représentant de l’Osce pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination : « On connaît certains noms de chefs d’origine tribale qui semblent être en position de force dans ce qui est appelé gouvernement provisoire de Bengazi, le Conseil national libyen. Son secrétaire est Mustapha Mohammed Abud al Jeleil, qui jusqu’au 21 février était le ministre de la justice de Kadhafi et avait été placé en décembre 2010 par Amnesty International sur la liste des plus effroyables responsables de violations de droits humains d’Afrique du nord ». L’autre homme fort des rebelles « civils » de Bengazi est « le général Abdul Fatah Younis, ex-ministre de l’intérieur de Kadhafi et auparavant chef de la terrible police politique du régime»… Des personnages, conclut Introvigne, qui « ne sont pas les « démocrates sincères » des discours d’Obama, mais parmi les pires instruments du régime de Kadhafi, qui aspirent à chasser le colonel pour prendre sa place ».8

Il existe certainement des Libyens opposants au régime de Khadafi, de diverses tendances, qu’elles soient islamistes, anti-impérialistes, gauchistes révolutionnaires, nasséristes, communistes ou égalitaires, dont l’objectif central est la lutte contre l’impérialisme et le sionisme, capables de développer une politique étrangère non alignée, pour la répartition des richesses. Ceux-là refusent toute intervention militaire, qu’elle soit aérienne ou terrestre, parce qu’ils connaissent les intentions réelles de Washington, Paris ou Londres.

C’est ce camp qu’Égalité soutient. Tout comme dans les autres révolutions arabes.

Nous avons soutenu la lutte des peuples tunisien et égyptien contre la dictature, nous continuons à les soutenir dans leurs luttes présentes et à venir contre les gouvernements de transition made in Europe/ USA.

Les dernières paroles d’Omar al Moukhtar (1862-1931), héros de la lutte de libération nationale libyenne, avant d’être pendu par les Italiens, sont plus que jamais d’actualité : « Notre peuple ne se rend pas, il triomphe ou il meurt ».

Au niveau International, nous en appelons à :

  • Un cessez-le-feu immédiat entre toutes les parties concernées (le gouvernement Libyen, les insurgés et les puissances étrangères), des initiatives diplomatiques de pays comme le Vénézuela et d’organisations comme l’Union africaine, visant à une résolution pacifique du conflit interne en Libye.
  • Un accord négocié qui préserve la souveraineté nationale libyenne et le contrôle sur ses ressources naturelles, en particulier ses réserves et sa production de pétrole et de gaz, tout en répondant aux revendications du peuple libyen de transformation démocratique de leur société et de leur système politique, et la fin de la répression contre les contestataires.
  • Une protection pour la sécurité des couches vulnérables de la population de Libye, dont les travailleurs immigrés étrangers piégés dans une situation dans laquelle ils ne sont pour rien.
  • Le respect de la Déclaration des Nations unies sur le développement (1986), qui inclut dans le droit au développement « l’exercice du droit inaliénable [des peuples] à la pleine souveraineté sur toutes leurs richesses et leurs ressources naturelles ».

En Belgique, nous en appelons à :

  • L’arrêt des bombardements et le retour immédiat des F16 et des militaires belges d’Afghanistan et de Libye.
  • L’OTAN hors de Belgique, la Belgique hors de l’OTAN ! Si le gouvernement en affaire courante est capable de déclarer la guerre, alors il est capable de sortir le pays de l’OTAN.

EGALITE réaffirme son opposition à la participation de la Belgique à l’agression de la Libye, que ce soit à travers l’engagement direct de forces ou de moyens militaires, ou par l’engagement indirect ou le soutien logistique à de quelconques opérations militaires liées à l’agression.

En Europe, nous en appelons à :

  • prévoir l’accueil, sur le territoire européen, des réfugiés qui ne peuvent rentrer dans leurs pays ;
  • mettre en œuvre sans plus attendre le dispositif permettant d’accorder la protection temporaire à tous ceux qui, dans la situation d’urgence où nous sommes, peuvent légitimement s’en prévaloir ;
  • mettre un terme aux patrouilles de Frontex qui empêchent l’arrivée des réfugiés par mer.

Il faut cesser de nourrir la peur des populations européennes en brandissant systématiquement le spectre de l’« invasion ». Il faut cesser de considérer comme une priorité d’empêcher l’émigration en provenance de territoires troublés. Nous refusons cet égoïsme criminel. Nous voulons une Europe de la solidarité et de l’accueil.

Notes

1 : http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_libye-six-f-16-belges-et-le-narcis-sont-sur-le-pied-de-guerre?id=5809653

2 : http://www.petitions24.net/non_a_lintervention_etrangere_en_libye

3 : http://www.iacenter.org/nafricamideast/lybia-imperialism022511/

4 : http://www.dailymotion.com/video/xhhp2c_chavez-defend-sa-verite-sur-la-libye_news#from=embed

http://www.dailymotion.com/video/xhce2y_chavez-la-situation-en-libye-et-l-empire_news#from=embed

5 : http://www.leparisien.fr/intervention-libye/libye-les-evenements-de-vendredi-25-03-2011-1376611.php

6 : http://tempsreel.nouvelobs.com/depeche/top-news/20110325.AFP6951/l-ua-pousse-pour-une-solution-negociee-tripoli-s-y-dit-pret.html

7 : http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com/1-index.html

8 :http://www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=MAT20110324&articleId=23924

Saïdi Nordine

GSM : 0476/84.19.69

 

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