Détenu sans inculpation, Khader Adnane, 34 ans, a été arrêté en décembre par l’armée israélienne près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, où il était porte-parole du Jihad islamique. Il est en grève de la faim depuis le 18 décembre.
Euronews :
Selon le Club des prisonniers palestiniens, il s’agit de la plus longue grève de la faim d’un détenu palestinien. M. Adnane affirme qu’Israël n’a aucune preuve contre lui et accuse ses interrogateurs de l’avoir maltraité. Des associations de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, Human Rights Watch (HRW) et l’Association pour les droits civiques en Israël (ACRI), ont dénoncé son sort, exhortant les autorités israéliennes à le juger ou à le relâcher.
L’ONU a appelé Israël à « faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver la santé » de Khader Adnane, déplorant plus généralement « le recours à la détention administrative, qui ne devrait être utilisée que dans des circonstances exceptionnelles, pour une période aussi courte que possible et sans préjudice aux droits garantis aux prisonniers ».
Selon la loi israélienne, héritée du mandat britannique, un suspect peut être maintenu jusqu’à six mois sans inculpation en détention administrative, renouvelable indéfiniment.
Texte de la pétition internationale :
Nous vous écrivons pour protester contre votre inaction devant la situation de Mr. Adnan Khader, en grève de la faim depuis le 17 Décembre 2011. Mr. Khader proteste contre sa détention administrative par les autorités d’occupation israélienne. La détention d’Adnan est basée sur un ordre militaire secret dont ni lui, ni son avocat ne peut connaître la teneur. D’après cet ordre, il doit rester en prison pour six mois, période qui peut être renouvelée sans limitation. Sa détention continue, sans procès, ni charges. Selon les lois humanitaires internationales, c’est de la responsabilité de la Croix Rouge internationale d’intervenir pour sauver sa vie en exerçant des pressions sur le gouvernement Israélien pour qu’il le relâche. [traduction collectif69]
Adresser une lettre aux autorités israéliennes
Mercredi 15 février
Des manifestations se déroulaient mercredi en Cisjordanie et à Gaza en solidarité avec Khodre Adnane emprisonné en Israël, en danger de mort après 60 jours de grève de la faim.
Khodre Adnane, 34 ans, a été autorisé à recevoir mercredi la visite de sa famille dans un hôpital de Safed, dans le nord d’Israël, où il est en détention administrative, a-t-on appris auprès de son épouse et de l’administration pénitentiaire. Détenu sans inculpation, il a été arrêté en décembre par l’armée israélienne près de Jénine dans le nord de la Cisjordanie occupée, où il était porte-parole du Jihad islamique. Il est en grève de la faim depuis le 18 décembre.
Des rassemblements de solidarité sont organisés devant la prison militaire israélienne d’Ofer en Cisjordanie et les sièges du Croissant-Rouge dans toutes les villes palestiniennes, ainsi que des grèves de la faim ponctuelles, selon le président de la commission pour la défense des prisonniers, Amine Chomane.
Près d’un millier de personnes, essentiellement des jeunes, se sont rassemblées devant la prison d’Ofer, près de Ramallah. Des heurts ont éclaté, les manifestants lançant des pierres et les forces israéliennes tirant des gaz lacrymogènes et des balles caoutchoutées, selon un photographe de l’AFP et des témoins. A Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, des centaines de personnes observaient un sit-in en présence de responsables, dont le ministre palestinien des Prisonniers, Issa Qaraqaë.
Les manifestants brandissaient des photos du détenu et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire « Non à la détention administrative arbitraire ».
« Khodre Adnane est devenu un symbole national, arabe et international, de défense de la dignité des hommes libres dans le monde entier », a déclaré le ministre à l’AFP.
« Le monde doit forcer Israël à rendre leurs droits aux prisonniers palestiniens et à les traiter comme des prisonniers de guerre et non pas comme des criminels », a-t-il ajouté. Des rassemblements similaires se tenaient dans l’ensemble des territoires palestiniens, notamment à Gaza, où un appel à une grève de la faim en solidarité avec le détenu de 08H00 à 18H00 locales a été lancé.
L’avocat de Khodre Adnane, Jawad Boulos, a annoncé à l’AFP son intention de saisir la Cour suprême israélienne en raison de la dégradation de l’état de santé du détenu, dont la demande de remise en liberté a été rejetée lundi par un tribunal militaire. L’avocat, qui lui a rendu visite mardi, a affirmé que le détenu avait les mains et les pieds menottés à son lit d’hôpital dans des « conditions inhumaines ».
L’association Médecins pour les droits de l’Homme-Israël (PHR-Israel) a souligné dans un communiqué que « ces derniers jours, M. Adnane avait été examiné par un médecin indépendant, un bénévole de PHR-Israel, qui a affirmé : ’L’heure tourne’ ».
« M. Adnane est toujours enchaîné à son lit d’hôpital, en violation de l’éthique médicale, des réglementations du ministère de la Santé et même de celles de l’administration pénitentiaire israélienne », selon le texte.
Selon la loi israélienne, héritée du mandat britannique, un suspect peut être maintenu jusqu’à six mois sans inculpation en détention administrative, renouvelable indéfiniment.
Les organisations euro-méditerranéennes des droits de l’homme expriment leurs profonde préoccupation quant à l’incessante arrestation et détention d’intellectuels palestiniens par les autorités israéliennes.
L’organisation Euro-Med Observer a reporté que les autorités israéliennes ont procédé ces dernières années à de nombreuses arrestations d’intellectuels et universitaires palestiniens. Ces arrestations, fréquentes et sans chefs d’accusation légitimes, ont conduit, sous l’ordre du gouverneur militaire israélien, à la « détention administrative » des personnes arrêtées.
« Sur la base des informations collectées sur le terrain par les enquêteurs de l’Observatoire, il apparaît que les autorités israéliennes ont procédé à l’arrestation de 41 professeurs et maîtres de conférence palestiniens et mis la plupart en ’détention administrative’. » Parmi eux, des professeurs de l’université d’An-Najah à Naplouse – Mohammed Ghazal, professeur d’ingénierie civile, Youssef Abdel Haq et Omar Abdel Razek, professeurs d’économie – et de l’Université ouverte de Jérusalem, Adnan Abu Tbana et Nayef Abu Saud.
Le rapport souligne que l’année 2007 a connu la plus grande vague d’arrestations d’intellectuels palestiniens, avec 15 professeurs d’université placés en détention administrative par Israël. Au total, au cours des dix dernières années, Israël a mis en détention administrative 430 universitaires palestiniens.
L’organisation Euro-Med Observer a par ailleurs documenté de nombreux exemples de répression à l’encontre d’universitaires palestiniens, dont des tentatives de manipulation visant à les inciter à coopérer avec les services de renseignement israéliens en échange de leur libération et des menaces de déportation. Les autorités israéliennes ont même confisqué les travaux scientifiques des chercheurs palestiniens durant leur détention. C’est le cas du professeur Issam Al-Ashqar, dont les recherches dans le champ de la physique ont été détruites par l’administration pénitentiaire.
Melle Amany Al-Senwar, directrice régionale d’Euro-Med Observer, a déclaré que l’ONG soumettra ce problème à l’attention de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’homme afin d’initier un mouvement de mobilisation contre ces pratiques. Elle a précisé que ces attaques délibérées contre les intellectuels palestiniens n’ont pas de fondements légaux, d’autant plus que les autorités israéliennes n’autorisent pas l’accès des détenus et de leurs avocats aux détails de leurs dossiers.
Al-Senwar a expliqué que le Comité contre la torture des Nations unies a condamné à plusieurs reprises la pratique par Israël de la détention administrative, qu’elle considère comme une forme de « punition collective » des Palestiniens dépourvue de légalité. Elle a ajouté que le droit international en matière de droits de l’homme, en particulier la quatrième Convention de Genève, stipule que toute personne privée de liberté doit être informée des faits qui lui sont reprochés et avoir la possibilité de se défendre.
Le rapport d’Euro-Med Observer se conclue par une condamnation de l’usage de la détention administrative à l’encontre des intellectuels palestiniens. L’ONG s’engage à travailler à la criminalisation de la politique de détention administrative à l’échelle mondiale. Les professeurs Yousef Abdul Haq et Khader Adnan, détenus par Israël, mènent depuis plus de cinquante jours une grève de la faim.
Bande annonce du film « Libres dans la prison de Gaza » de Chris Den Hond et Mireille Court (25 min.), janvier 2012.
Fin 2011, 1028 prisonniers palestiniens ont été relâchés en échange du soldat israélien Gilad Shalit. Nous avons voulu donner un visage à ces résistants, inconnus dans le monde. Pour les rencontrer, nous avons dû passer par un des tunnels à Rafah. Les ex-prisonniers nous ont raconté leur vie en prison : l’interrogatoire, l’isolement, le manque de soins médicaux, la brutalité des geôliers, l’interdiction de visites familiales, les grèves de la faim et aussi la joie de la libération.
Obeid : On m’a fait du chantage en arrêtant ma mère, ma femme, tous mes frères. Tout cela pour que je passe aux aveux. Ils ont arrêté ma mère, âgée de 70 ans.
Wafa: Il y avait des moments qui m’affaiblissaient, par exemple quand mon geôlier israélien a assassiné le chat que j’élevais dans la prison.
Bassim: J’ai été en isolement plusieurs fois: en 1993 pendant trois ans. En 2004 pendant 3 ans. Également de 2007 à 2010.
Hamza: Ils te font des douches d’eau froide en hiver.
Samir Abou-Zeir : En interrogatoire, le « chabeh » consiste à mettre un sac sur la tête pour isoler le prisonnier.
Loay Mohammad Odeh : Le prisonnier doit constamment s’encourager lui-même et se répéter qu’il doit résister face à l’ennemi sioniste.
Oum-Jaber Wechah : J’ai allaité mes enfants. Tant qu’il y aura des femmes palestiniennes qui donneront naissance à des enfants, elles les allaiteront du lait de la patrie, le lait de la ténacité, le lait de la résistance.