Le rappeur Mouad Belghouat, alias El Haked, dans une manifestation à Casablanca
Au Maroc les gouvernements passent, la répression et la stupidité des gouvernants demeurent !
Le gouvernement Benkirane n’aura pas dérogé à ce qui régit les relations entre le makhzen et les citoyens marocains, depuis toujours.La particularité des dictatures réside dans le fait que la privation de liberté d’un opposant et sa mise à l’ombre, ne signifient nullement la fin de son calvaire, mais le commencement d’un long processus de destruction physique et de déconstruction psychologique du détenu.
En langage stalinien, on appelait cela la rééducation. Celle-ci pouvait revêtir plusieurs formes qui allaient du travail obligatoire, à la déportation dans des goulags infâmes dont beaucoup ne revenaient jamais, en passant par les sévices physiques, les privations, la réclusion, l’isolement ou la proximité du condamné avec les pires criminels de droit commun.
Le traitement que le Maroc apporte à l’emprisonnement de ses détenus politiques constitue la preuve qu’il appartient bien, au clan des dictatures. Non content de tendre des traquenards grossiers à ses opposants, il les poursuit de sa lâcheté jusqu’au fond de leurs cellules.
On l’a vu avec les grévistes de la faim de Taza, ou encore avec ceux de Fès, de Safi, et les autres.
Emprisonnés pour leurs convictions politiques et leur lutte pour l’instauration d’une véritable démocratie au Maroc, Azzeddine, Abdessamad, Omar et les autres ont entamé une grève de la faim illimitée, pour dénoncer les conditions d’incarcération inhumaines que leur infligent leurs geôliers, histoire de les obliger à faire amende honorable, à courber l’échine et renoncer à leur lutte.
L’extrait de la vidéo qui vaut à Mouad sa seuxième incarcération
Mouad l’indigné, Mouad le révolté, vient de se prendre, pour la deuxième fois, dans cette toile grotesque, tissée par le Makhzen, ce « Super-prédateur » préoccupé à mettre le pays en coupe réglée, à s’approprier ses richesses et réduire au silence ceux qui lui apportent la contradiction ou s’indignent de ses pratiques d’un autre temps.
La première incarcération n’était qu’une simple mise en bouche, comme se plaisent à lui promettre des geôliers qui lui reprochent ses déclarations, à sa sortie de prison. La machine à broyer semble, d’ores et déjà, avoir été actionnée, « en haut lieu ».
Au menu des réjouissances : privation de cigarettes, de téléphone, de visites familiales, de panier à provision, de promenades et promiscuité avec des co-détenus menaçants.
Mais le « Rossignol du 20 », ne manque ni de lucidité, pour avoir compris les sombres desseins de ses tortionnaires, ni de courage, pour frêle qu’il est, lui qui a déclaré à ses avocats:
– « Je préfère mourir plutôt que de me laisser humilier ! »
Le régime marocain semble définitivement réfractaire à la compréhension d’un postulat d’une simplicité, pourtant, enfantine : il n’aura jamais la paix, tant que régneront les injustices, la prédation, les confiscations, l’absence de libertés et la répression.
Nous ne composerons jamais avec nos bourreaux, nos exploiteurs et nos pillards, même s’ils pensent avoir triomphé, pour avoir acheté une infime partie d’entre nous, les lâches, les opportunistes, les corrompus et les autres qui gangrenaient nos rangs. Tout au plus se sont-ils ménagés un répit éphémère, au regard de l’histoire de l’humanité.
Pour un Mouad muselé, la patrie en enfantera des milliers d’autres, qui viendront grossir nos rangs et chanter, encore plus haut, notre indignation, jusque sous les fenêtres de ceux qui pensaient nous avoir amadoués, à force de stratagèmes ridicules…………..
Jusqu’à les emporter, vers le ruisseau !
« Ils sont décidés à broyer Mouad ! »
Appel. Au Maroc, depuis toujours, les gouvernements passent, la répression demeure et le gouvernement Benkirane semble résolu à prendre le parti de la continuité.
Une fois de plus, la justice marocaine n’aura pas dérogé à la règle de partialité qui est la sienne, lorsqu’il s’agit de juger les militants des mouvements démocratiques, qui persistent dans leur lutte pour l’instauration d’une véritable démocratie au Maroc.
Comme lors de la première affaire, la liberté provisoire a été refusée à Mouad, le 30 mars et le 4 avril, renvoyant celui-ci en détention provisoire, alors même qu’il nie toute responsabilité dans la production de la vidéo incriminée et que la chanson sur laquelle s’appuie le tribunal dans ses poursuites, mise en ligne au mois d’octobre 2010, date de 2008.
Cette nouvelle affaire constitue, on l’aura compris, une manigance supplémentaire pour réduire au silence, le chanteur et les menaces très claires exprimés tant par ses geôliers que par ses deux compagnons de cellules, ne laissent planer aucun doute sur la détermination de l’administration pénitentiaire, à s’en prendre à lui, tant physiquement que psychologiquement, au prétexte de lui faire payer les déclarations, qu’il a tenues, à sa libération après son premier procès.
Mouad est privé de toute activité, de téléphone, de promenade, de cigarettes et du panier de provisions.
Les surveillants pénitentiaires ont, en outre, fait passer la consigne aux autres détenus d’éviter tout contact et toute assistance au chanteur, sous peine de représailles sévères.
A ce titre nous tenons pour responsables de la sécurité physique, morale, et mental de l’artiste Mouad Belghouat, le haut-commissariat aux prisons et le ministre de la justice et des libertés, et exigeant l’arrêt immédiat de cette situation, indigne d’un Etat de droit et qui renforce le sentiment que les garanties d’un procès équitable ne sont pas réunies dans cette affaire.
Malgré toutes ces brimades Mouad est apparu déterminé aux avocats qui l’ont visité dans sa prison et son moral est excellent. Il a adressé un salut militant et tous ceux qui lui ont exprimé leur soutien.
« Je préfère mourir plutôt que de me laisser humilier ! » a-t-il déclaré, en substance, avant d’ajouter qu’il n’hésiterait pas à recourir, en dernière instance, à une grève de la faim, pour faire valoir ses droits à une justice équitable.