Insultes Sexistes à Annessens

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Insultes Sexistes à Annessens :

une petite heure sur les sites d’information .

J’ai fait un petit tour rapide dans la presse du 31 juillet 2012 pour me tenir informé et voilà entre autres ce qu’on y trouve :

Sur le site internet du Soir un article titré : « Une grosse bouffée de chaleur ce 1er août mais éphémère » un article qui parle des températures estivales actuelles et en-dessous une photo en zoom sur une fille en bikini, mince et bronzée. Rien à voir avec un stéréotype et une pression imposée aux femmes d’aujourd’hui. Non, une photo se trouvant dans les archives d’un journaliste sûrement. Le Figaro a aussi fait un article proche du sujet « Ce dont il faut se méfier quand on s’expose au soleil ». Coïncidence la photo qui accompagne l’article: 3 jeunes filles en bikini, minces et bronzées. C’est sûrement dû à un manque d’imagination. L’article date d’ il y a une semaine mais est toujours sur la première page du site. La première page du Figaro est pleine de stéréotypes: sous le titre « Obésité : quelle prise en charge des traitements ? », la photo d’une fille dénudée, mince et bronzée. Revenons  à la presse Belge.. un petit tour sur la première page de RTL info, un article sérieux intitulé « Santé: de nombreux centres de bronzage non conformes à la loi ». Devinez quelle photo l’accompagne? Celle d’une fille en bikini, mince et bronzée. Cela ne ressemble ni à un stéréotype, ni à une pression de la société, juste un manque de chance je vous dis.

Haaa enfin,sur la première page du site de la Dernière Heure, aucun article accompagné de fille en bikini, mince et bronzée. Ils ont donc mis en évidence sur la première page une fille en bikini à quatre pattes, mince et bronzée sous le titre « la Babe du jour ». Dans la Dernière Heure, plus besoin de trouver un article sérieux pour pouvoir imposer un stéréotype, on a créé une rubrique pour cela. Ne cliquez pas sur le lien, s’afficheront la photo babe du jour, des dernières et des dizaines de photos de femmes nues, en bikini, sous vêtements, toujours minces et bronzées. Par contre la DH a fait un effort de titre pour les photos « Maria Sharapova mouille le maillot », « Le beach volley régale les JO « , « Micaela Schaefer chauffe Cannes « , ou encore « Rihanna sans soutif « . Pour le site d’information 7 sur 7 ont a aussi sur la première page une catégorie « babe » reprenant les mêmes photos sexistes mais inclues dans un dossier avec des photos du jour plus traditionnelles. Par contre, 7 sur 7 a fait un vrai travail de journalisme et d’investigation en première page: « Bataille de décolletés entre Kat et Katy » avec un article de fond et des photos. Le journal Lacapitale.be atteint aussi des sommets avec des articles riches comme : « Kate Upton joue une nonne très très sexy » avec une video cadeau ou encore un striptease de secret story avec la video. »Une actrice indienne pose nue pour Playboy » avec cette fois-ci les photos en cadeau. Le groupe facebook de la chaine radio Twizz diffuse une photo d’une blonde en bikini, mince et bronzée sous le titre « Cette jeune demoiselle participe actuellement aux JO ! Mais dans quelle discipline ??? « .

Le plus mignon pour la fin sur la première page du site du journal gratuit metro une pub pour le journal lui-même avec un garçon en bleu et une fille dans un univers bien rose.

La question ici n’est pas d’affirmer qu’il faut accepter les insultes sexistes dans les rues bruxelloises, bien au contraire, mais de réfléchir de manière plus globale. Dans cette société capitaliste qui ne cesse d’exploiter la femme pour vendre des produits. Dans cette société où la femme est un objet qu’on expose sur les panneaux publicitaires dans le métro, les bus, les autoroutes, nos sites d’informations souvent retouchés imposant à toutes les jeunes filles l’idéal. Voilà à quoi vous devez ressembler et voilà finalement ce qui nous intéresse chez vous. Ou encore chez les mecs voila l’idéal: rêver qu’en achetant une BMW vous aurez la blonde qui va avec. Pour une fille si vous n’arrivez pas à être comme cela et que vous devez faire un régime, achetez des produits de beautés et des habits H&M.

Avant de légiférer ou stigmatiser une partie de la population, attaquons nous d’abord au vrai problème qu’est le sexisme qui frappe notre société toute entière et, pour faire un exemple, d’abord aux personnes qui sont au pouvoir: les publicités, les films, la presse, les multinationales qui sont les premières personnes à diffuser ces stréréotypes. Plutôt que de commencer par s’attaquer aux jeunes d’Annessens qui sont déjà dans les écoles poubelles, les logements pourris, les emplois précaires….

Il est plus facile de diviser la population que de s’attaquer à ceux qui façonnent vraiment nos vies et notre jeunesse par une pensée unique et permanente.

Jalil Bourhidane

JOC Bruxelles

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Sexisme: au-delà des tabous et des clichés

La Belgique est « un débat » plus riche. Hasard ou non, on parle à nouveau de l’Islam et des jeunes à Bruxelles.

Je tiens d’abord à affirmer clairement que je condamne fermement le  comportement des hommes que l’on peut voir dans le reportage de l’étudiante de l’école Rits, Sofie Peeters (De Standaard, 25 juillet). Cela devrait aller de soi pour tout le monde. De tels comportements sont inacceptables, où que ce soit ou par qui que ce soit.

Selon moi, le sexisme n’est pas un problème mineur et c’est la raison pour laquelle j’accorde de l’importance à la façon dont on en débat. On ne prend pas l’affaire au sérieux. Sinon, on se poserait davantage de questions et on en poserait d’autres aussi. On laisserait aussi s’exprimer les bonnes personnes.

Au sujet du reportage, l’analyse de Kathleen Cools dans Terzake (VRT) était claire. Ce ne sont pas simplement des hommes qui font des remarques sexistes, mais des hommes d’origine étrangère. S’adressant à la réalisatrice de Femme de la rue, elle dit : ‘Vous rapportez quelque chose. Les faits tels qu’ils sont. Le risque est de stigmatiser toute une partie de la population : les hommes d’origine étrangère à coup sûr’. Sofie Peeters répond : ‘c’est seulement la réalité, comme vous dites. A Bruxelles, neuf fois sur dix, c’est un homme d’origine étrangère qui fait ce genre de remarques’.

Dans le même ordre d’idées, Bart Somers, bourgmestre de Malines, va encore un pas plus loin. Bien que dans le reportage, aucune phrase ne mentionne l’Islam, il fait quand même directement le lien avec les musulmans. Il nuance soi-disant ses propos, car il connaît aussi ‘des musulmans qui respectent leur femme’. Ce qu’il veut comprendre, c’est pourquoi ces jeunes hommes sont éduqués avec une vision de la femme inférieure. Ce questionnement est celui d’un homme qui estime que ‘le sexisme est aussi grave que le racisme’. Son nom a été retenu, pour avoir exigé des ‘mesures répressives’ et la ‘tolérance zéro’.

Elite éclairée

Ce genre de débat suscite aussi toujours la voix des représentants auto-déclarés de la communauté. Quand il s’agit d’agression homophobe ou de problèmes avec des musulmans, l’élite éclairée prend systématiquement la parole pour briser les tabous. Hier, Yamila Idrissi n’était pas disponible pour Terzake car elle était en train de discuter du reportage à Bruxelles. Heureusement, Hicham El Mzairh, également du SP.A et travaillant pour la ville d’Anvers, a réagi via Facebook : ‘La communauté musulmane de Bruxelles devrait avoir honte cette nuit de Ramadan, après le reportage de Terzake sur les femmes à Bruxelles.’

Le sexisme devient alors un ‘problème d’étrangers’ et un ‘problème musulman’.

Les sanctions administratives communales arrivent !

La solution du politique: les sanctions administratives communales ! A partir du 1er septembre, la ville de Bruxelles pourra donner des SAC aux hommes qui harcèlent les femmes dans la rue. Pensent-ils vraiment qu’à partir de maintenant, quelqu’un ira au bureau de police répéter ce qu’on vient de lui dire en rue ?

Pourrait-on relever le niveau du débat ?

Le comportement de ces hommes n’est pas à associer à une religion. Cela n’a rien à voir avec l’Islam. Ces comportements machos concernent des hommes hélas, quelle que soit leur religion ou leur culture, qu’ils vivent dans une grande ville ou dans un village de campagne.

L’éducation joue ici un rôle central, mais pas parce qu’on apprend à ces jeunes de tels comportements ou un tel langage à la maison. Il faut renforcer l’éducation de ces jeunes pour qu’ils n’adoptent pas les comportements de leurs amis. Faire face à la pression sociale et leur apprendre à respecter les limites, pour qu’ils puissent être des exemples pour d’autres et pour qu’ils osent parler à ceux qui ne se comportent pas bien.

Le reportage concerne le quartier Anneessens, que je connais. Beaucoup de jeunes de ce quartier sont frustrés et n’ont aucune perspective. Il y a une grande pauvreté, beaucoup d’échec scolaire, on y vit dans de mauvaises conditions. Pour les jeunes, peu ou presque rien n’existe : un petit parc où ils peuvent passer leur temps. Si l’on veut s’attaquer aux problèmes de comportements, il faut également s’attaquer aux problèmes sociaux et économiques du quartier.

Aussi, à quand un enseignement de qualité où ils apprennent à composer avec la diversité dans une ville multiculturelle comme Bruxelles ? Où sont les emplois et la possibilité de travailler au lieu de traîner dans la rue ? Ou les réelles possibilités de loisirs pour qu’ils ne doivent pas toujours rester dans de petites cours ou le long du Boulevard Anspach ? Tout cela pourrait aider. Mais ni les responsables politiques ni les ‘représentants’ de la commune ne se sont pas prononcés à ce sujet. Une fois encore, la Belgique se démarque négativement par rapport à l’inégalité dans l’enseignement et sur le marché de l’emploi.

Poupée-objet

Il s’agit aussi de l’image de la femme dans notre société occidentale. ‘Comment pouvons-nous nous faire respecter en tant que femme alors que nous sommes constamment représentées comme des poupées-objets ?’, se demande l’étudiante dans son reportage. Pourquoi n’entend-on personne se plaindre de cela ? Selon moi, l’image de la femme dans la publicité est un problème beaucoup trop sous-estimé. Et il n’y a aucune limite. Comme on peut le lire dans ce journal : ‘Le nouvel objet sexuel est un homme’ (De Standaard, 25 juillet).

Bref, je souhaite un débat sans tabous, mais aussi et surtout sans clichés ni stéréotypes, posant les questions fondamentales et de façon critique. Pour qu’on puisse combattre le sexisme au sein de notre société.

Bleri Lleshi est philosophe politique

Source: De Standaard, 28/07/2012

Traduction du néerlandais par Emmanuelle De Caluwé

http://blerilleshi.wordpress.com

https://www.facebook.com/Bleri.Lleshi

Twitter @blerilleshi

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