La suprématie blanche est présente partout, des marges des groupuscules fascistes aux fauteuils confortables des salons politiques. Ce cancer, qu’on croyait contenu, est devenu métastase. La Belgique, avec son histoire coloniale barbare et jamais assumée, ne pouvait y échapper. Alors que les élites continuent de détourner le regard, les idées racistes s’installent dans le langage quotidien du pouvoir. Et Georges-Louis Bouchez, avec le Mouvement Réformateur qu’il a droitisé jusqu’à la moelle, en est un des artisans les plus zélés.
La déclaration de James Baldwin, toujours aussi tranchante, rappelle une vérité qu’il faut hurler dans les oreilles bouchées des respectables faiseurs de consensus : « L’idée de suprématie blanche n’est pas née aux États-Unis, mais en Europe. » Cette idéologie ne meurt pas. Elle se recycle. Elle passe des théories eugénistes du XIXe siècle aux lois sécuritaires du XXIe. Elle mute des coups de fouet léopoldiens au Congo aux discriminations systémiques contre les Noirs et Arabes en Belgique. Hier, on civilisait avec la chicotte ; aujourd’hui, on discrimine avec des décrets et des lois. Mais le message est le même : vous n’êtes pas chez vous.
Il faut le dire : le MR est une passerelle idéologique vers l’extrême droite. Georges-Louis Bouchez le fait sans trembler, sous prétexte d’un libéralisme dévoyé. Le MR se veut le dernier rempart contre les extrémismes ? Quelle farce. C’est un cheval de Troie. Sous son vernis libéral, il banalise des idées nauséabondes. La droite se radicalise, et Bouchez joue à l’apprenti sorcier avec le feu fasciste. Noa Pozzi, un militant d’extrême droite actif sur la scène identitaire, trouve une maison au MR. Quel signal envoie-t-on là ? Le cordon sanitaire ? Détricoté.Que fait Bouchez ? Il relaie des contenus qui flirtent avec l’extrême droite tout en parlant de démocratie. Hypocrite et dangereux. Sa posture de libertaire arrogant masque mal une stratégie politique : draguer l’électorat nationaliste, récupérer les électeurs racistes qui ne se retrouvent plus seulement au Vlaams Belang ou à la N-VA. Bouchez, c’est la preuve vivante qu’en politique, le fascisme se construit aussi avec des costards bien taillés et des déclarations feutrées.
Prenons Georges Dallemagne. Cet ancien député fédéral, figure d’une certaine classe politique bourgeoise, n’a pas hésité à accuser Ahmed Laaouej d’émettre des « fatwas » contre la N-VA. Ce n’est pas une maladresse, c’est une attaque islamophobe. Utiliser le mot « fatwa » pour disqualifier un homme politique d’origine maghrébine, c’est puiser directement dans l’imaginaire raciste où chaque musulman devient un imam radicalisé prêt à poser des bombes. Fatwa, halal, djihad — ces mots sont des armes dans la bouche des réactionnaires.
Chaque utilisation racialisée de ces termes contribue à fabriquer l’idée d’une menace intérieure.
Mais il faut aller plus loin : cette rhétorique n’est pas le seul fait d’une poignée d’individus. Elle est systémique, structurée, organisée. Quand des politiciens mainstream reprennent les discours de l’extrême droite, ils ouvrent les portes du pouvoir aux fascistes. Ils n’adoptent pas des maladresses, ils adoptent une stratégie. Dallemagne participe à cette stratégie. Son islamophobie assumée n’est pas un dérapage, c’est une méthode pour racialiser l’espace politique belge et renforcer une lecture civilisationnelle des conflits politiques.
Bouchez, Dallemagne, et leurs complices politiques trahissent ouvertement la charte démocratique qu’ils prétendent défendre. Ils donnent à l’islamophobie et à la suprématie blanche une légitimité institutionnelle. Ils transforment les fantasmes racistes en politiques d’État. La ligne de démarcation entre la droite « démocratique » et l’extrême droite s’efface à mesure que les discours nationalistes et anti-immigration deviennent la norme.
La police tue, la justice acquitte ; le MR excuse, et l’extrême droite applaudit.
Ils normalisent l’idée que les Arabes et les musulmans sont des suspects permanents. Ils diffusent l’idée que l’identité belge doit être protégée contre une prétendue menace étrangère. Cette rhétorique est celle des pogroms, celle des violences racistes légitimées par l’appareil d’État.
Il est temps de briser l’hypocrisie.
Le MR n’est pas un rempart contre l’extrémisme ; il en est l’architecte sournois. Il n’y a aucune différence morale ou politique entre les idées de Georges-Louis Bouchez et les slogans du Vlaams Belang lorsqu’il s’agit de l’immigration, de la sécurité, ou de l’Islam. Le choix des mots, des alliances, et des silences construit chaque jour un monde plus dangereux pour les minorités.
Ceux qui parlent doucement en adoptant les idées des fascistes sont plus coupables encore que les extrémistes vociférants.Il ne suffit plus d’indignation.
Il faut.
- Appeler Bouchez par son vrai nom : un banaliseur d’extrême droite.
- Dire à haute voix que Dallemagne est un rouage actif d’un appareil raciste.
- Pas de compromis avec les racistes.
- Pas de dialogue avec l’islamophobie.
- Pas d’espace pour la normalisation de la suprématie blanche.
- La lutte est radicale ou elle n’est rien.
- La complaisance tue.
Et nous n’avons plus de temps à perdre.
Nordine Saïdi Bruxelles Panthères « La liberté, la justice et l'égalité, par tous les moyens nécessaires ! » Malcolm X Mouvement Citoyen Palestine « L'égalité ou rien » Edward Said
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