Depuis le 28 février, le DVD du documentaire « Ali Aarrass pour l’exemple » réalisé par le belgo-marocain Mohamed Ouachen, est disponible à la vente au prix de 7 euros sur internet.
Depuis le 28 février, le DVD du documentaire « Ali Aarrass pour l’exemple » réalisé par le belgo-marocain Mohamed Ouachen, est disponible à la vente au prix de 7 euros sur internet. « L’initiative de la sortie de ce DVD vient de la famille et du comité de soutien d’Ali Aarrass. J’ai cédé tous les droits du film à la famille pour qu’elle puisse récolter de l’argent pour les frais de justice et déplacements au Maroc », indique Mohamed Ouachen.
Cela fait aujourd’hui près de 5 ans qu’Ali Aarrass est emprisonné, entre l’Espagne et le Maroc. Depuis deux ans, il est incarcéré à la prison de Salé. Il avait été interpelé et mis en détention, une première fois, le 1er avril 2008 à Melilla. Puis, le 14 décembre 2010, alors que la justice espagnole prononce un non-lieu dans son dossier et que le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU suspend l’extradition d’Ali Aarrass, il est néanmoins extradé au Maroc.
Piège de la double nationalité
Les autorités marocaines l’ont accusé de trafic d’armes au profit du réseau jihadiste d’un autre Belgo-marocain, Abdelkader Belliraj, condamné, lui, à la prison à perpétuité. Fin 2011, il est condamné par la justice marocaine à 15 ans de prison. Du fond de sa cellule, Ali Aarrass clame son innocence. Il affirme qu’il a signé ses aveux sous la torture.
« Si j’ai voulu faire un documentaire sur cette affaire c’est surtout parce que c’est une affaire dont on ne parle pas beaucoup en Belgique. Ni les médias, ni les autorités belges n’ont pris la peine de se pencher sur ce dossier », explique-t-il. « A mes yeux il est considéré comme un citoyen de seconde zone. Pourquoi ne prend-t-on pas la peine d’aller le récupérer en prison ?
L’indifférence belge
Pourquoi ne lève-t-on pas le petit doigt pour lui, alors qu’il est aussi un citoyen belge ? Que représentons-nous, les Belgo-marocains, aux yeux des autorités belges ? Si c’était un Belgo-belge, la situation aurait été bien différente », lâche-t-il. Actuellement une seule députée belge du parti Ecolo, Zoé Genot se bat pour que le ministre belge des Affaires étrangères se penche de près sur le dossier.
Au-delà du manque de réactions de la part des autorités belges, Mohamed Ouachen a également voulu dénoncer dans son film, la manière dont la justice marocaine l’a très vite rendu coupable. « A mon sens, on n’a fait que chercher à prouver sa culpabilité [pas d’enquête à décharge, ndrl] et rien ne prouve aujourd’hui qu’il est coupable », estime-t-il. Il insiste sur le non-lieu prononcé par le célèbre juge espagnol Balthazar Garzon en 2010.
Piochages à l’aveugle
De son côté, la famille d’Ali Aarrass accuse le Maroc de mener une politique anti-terroriste stricte dans le seul but de montrer qu’il est investi à fond dans la guerre contre le terrorisme. Pour la famille, les victimes de cette politique sont souvent des bi-nationaux d’Europe qui se retrouvent dans les geôles marocaines, pris au piège par leur double-nationalité.
« L’impression de « piochages » à l’aveugle pour maintenir la peur du « terrorisme au Maroc » est très forte. Le Maroc semble avoir absolument besoin de suspects à accuser de terrorisme entre lesquels on crée des liens et pour donner plus de poids à cela on invente des connections internationales en emprisonnant des gens venant de plusieurs pays », avait déclaré Farida, la sœur d’Ali dans une interview pour Avanti, site anticapitaliste belge.
La famille Aarrass continue, aujourd’hui, de se battre pour demander la libération d’Ali. « Maintenant il faut épuiser tous les recours de la justice marocaine, même si nous savons que c’est sans espoir. Une fois que cela sera fait, nous pourrons faire officiellement appel aux autorités internationales. Sauf si la Cour de cassation marocaine casse le jugement, mais cela relève de l’irréel », avait précisé Farida Aarrass.
Une manifestation en soutien au prisonnier belgo-marocain est organisé le premier avril prochain à Bruxelles, avec la participation de nombreux artistes. Une date pour rappeler que cela fait 5 ans qu’Ali Aarrass est privé de liberté.
Bande annonce de « Ali Aarass, pour l’exemple »
Laissez en paix Ali Aarrass !
Opinion. Ali m’a appelé aujourd’hui lundi 25 février 2013. Il était hors de lui. Il me dit qu’il a passé un week end horrible à cause des fouilles inhabituelles dans lui et sa cellule. Samedi matin 4 soldats et un agent en tenue d’intervention forcée, cagoule, casque et tout l’arsenal, se sont introduits chez Ali.
Il était dans un état de choc. Ils étaient aussi accompagnés de 2 civils qui les ont laissés faire sans intervenir du tout.
Ali me dit qu’il n’en connaissait aucun d’eux, tous des inconnus pour lui. Ils l’ont obligé à se déshabiller entièrement, à faire des flexions multiples à poil, à faire des pompages, à tousser à maintes reprises par ordre de ces derniers.
Ils l’ont malmené pendant un long moment et Ali se soumettait toujours. Ali dit s’être plié à leur demande car ils n’avaient pas du tout l’air de plaisanter, il avoue avoir eu une peur bleue. Il craignait le pire en vrai. Une fois qu’ils l’ont malmené, insulté, humilié, ils lui ont ordonné de se rhabiller et lui ont crié dessus en lui disant « Dehors ! ». Ali ayant peur refuse et leur dit « je vais me plaindre de vos méthodes », et ceux-ci de répondre : « Tu n’as rien à dire ! »
Ils le poussent à l’extérieur de la cellule en le violentant et continuer à le pousser dans tout le hall qui mène au croisement des ailes (quartiers).
Ali crie qu’il refuse de sortir, pensant qu’on veut l’amener à la torture car tout le prête à croire que ….
Ali se débat et angoisse comme un fou malade, il m’a dit qu’il était prêt à perdre la vie là sur place pour éviter qu’on ne l’éloigne de là et qu’on l’amène à Temara. Ceux-ci continuent à le bousculer jusqu’au quartier et à ce moment là le garde (Robocop) reçoit un appel sur son GSM. Il échange quelques secondes et dit aux soldats qu’il faut reconduire Ali dans sa cellule. Ali pense qu’on va enfin le laisser tranquille, mais non !
Une fois dans sa cellule, ceux-ci, toujours les cinq, se mettent à tout jeter par terre, à procéder à une fouille sauvage. Ali regarde toutes ses affaires personnelles jetées par terre, ses vêtements sont piétinés, toutes ses affaires y compris la nourriture écrasées, tous les pots cassés, même la petite banquette y est passée, et même le lavabo, tout a été cassé ! Ils ont arraché les cartes postales que Ali fixait au mur, ils ont pris avec eux des lettres et des cartes postales, et ces imbéciles ont volé d’autres objets personnels.
Ali me dit que même le bain de bouche auquel il tenait tant ils le lui ont pris. Une fois qu’ils en ont eu marre, ils sont sortis et l’ont enfermé dans sa cellule. Ali s’est renseigné le lendemain et voilà qu’il découvre qu’il est le seul à avoir subi ces fouilles corporelles et de sa cellule dans toute l’aile. Comme si on l’avertissait de quelque chose.
Ali dit avoir passé le weekend à essayer de remettre de l’ordre et de nettoyer à fond le tout avec un peu d’eau de javel qui restait dans une bouteille. Il dit qu’il en a parlé avec le chef des détentions qui lui a répondu, qu’il ne pouvait rien faire du tout parce que ces soldats, flics ou autre, ne venaient pas de leur part.
Ali a du demander sa médication en avance pour essayer de dormir et tout oublier, il dit en avoir eu trop besoin ! Je suis en pleurs lorsque je vous raconte tout ça, car je sens que tout va en s’aggravant pour lui. »
Farida Aarrass