« Il fait semblant d’être mort » a dit un agent de police
Ce texte est une reconstruction des deniers instants de Lamine Bangoura (Samira Atillah et Douglas De Coninck) – De Morgen, 31/10/2020
Lamine Bangoura jeune d’origine guinéenne, 27 ans, fait une carrière professionnelle de footballeur au club Brugge. C’est lui et Shannon Eeckhout qui font les buts du club de Brugge, ce qui fait de Lamine une star locale du football. Il vit à Roelers, une petite ville flamande qui est longtemps restée très fermée sur elle-même. L’installation à Roelers, ces dernières années, de familles et de personnes d’origine étrangère correspond à une percée fulgurante de l’extrême droite (le Vlaams Belang, en 2019, y est représenté à 23,9% et la N-VA à 21,8%). Du côté de Lamine, son statut de petite star s’accompagne d’épisodes de discrimination : il semblerait d’ailleurs que l’un des policiers présents au domicile de Lamine le jour où on lui ôte la vie est un policer avec lequel Lamine avait déjà rencontré des ennuis dans le passé ; des ennuis survenus à la suite d’une altercation causée par le refus de laisser entrer Lamine dans une discothèque. Le 07 mai 2018, Lamine Bangoura reçoit une visite domiciliaire destinée à l’expulser de son appartement en raison d’un retard de paiement (1.600 euros). La brutalité exercée par les policiers, ce jour-là, l’entraineront jusqu’à la mort.
Sur base d’images qui ont été prises, de l’enregistrement audio (situation report) envoyé à la centrale de police et sur base des déclarations des policiers au Comité P, l’article de Samira Atillah et de Douglas De Coninck reconstitue minute après minute ce qui s’est passé le lundi 07 mai 2018.
En confrontant les sources, l’article révèle d’énormes contradictions entre les déclarations au Comité P et ce qui s’est passé : lorsque les policiers immobilisent Lamine, le mettent à terre, le menottent, encerclent le haut et le bas de son corps de sangles et se mettent à exercer une forte pression sur son thorax (à ce moment-là Lamine a déjà été saisi au niveau du cou par une prise genre « clé d’étranglement), Lamine ne représente absolument aucun danger pour l’intégrité physique des policiers. C’est pourtant ce que les policiers vont essayer de prétendre lors de leur déclaration au Comité P ; des déclarations qui sont faites un mois après les faits. Ils prétexteront un comportement menaçant à l’aide d’un couteau de cuisine. Le narratif en termes de comportement agressif et menaçant sera repris par le juge de la Chambre de Conseil de Courtrai (non-lieu prononcé le 26 juin).
Les sources révèlent que lorsque l’ambulance est appelée, il n’est fait aucune mention aux ambulanciers des soins qu’il s’agira d’apporter à Lamine. Lorsque les ambulanciers arrivent, en réalité, Lamine est déjà mort. L’état d’agitation de Lamine que les policiers énoncent à plusieurs moments, notamment lorsqu’il faut appeler des renforts est totalement surévalué. Lorsque cet état d’agitation devient réel, c’est-à-dire qu’il résulte des pressions asphyxiantes exercées sur son corps, les policiers n’interviennent pas. Ils ne font rien pour faire en sorte de réanimer Lamine. Alors que Lamine est en train de partir, les policier continuent à fantasmer sont état (« il fait semblant de mourir » dit un policier). L’état de Lamine n’est a aucun moment perçu pour ce qu’il est.
Le juge du Conseil de Courtrai prononce un non-lieu prétextant que l’usage de la force a été proportionnel à l’agitation de Lamine ; celui-ci était sous l’effet de stupéfiants. L’autopsie montre pourtant bien que Lamine est mort d’asphyxie de contention : « asphyxie chez une personne fixe dans un état agit ». Selon les pathologistes, la suffocation peut-être déduite de « quelques petites contusions dans la structure du larynx ». Ces résultats indiquent une violence mécanique (limitée) au niveau de la gorge. Les médecins légistes écrivent : « c’est un phénomène bien connu que la contention physique des personnes agitées peut s’accomagner d’un taux de mortalité très élevé ».
Le deux journalistes ont également soumis les résultats de l’autopsie a une enquête toxicologique (concentration de THC et de cocaïne dans le sang) qui dit que ce sont des concertations faibles que l’on retrouve dans l’usage récréatif.
Les audio indiquent qu’il régnait au domicile de lamine une situation de non-droit : les policiers ne répondent plus aux appels de la centrale pendant de longues minutes, ils exercent une pression thoracique très longue sur le corps de Lamine contraire aux prescrits méthodologique formulés par les formations de la police, ils appellent la croix bleue pour se débarrasser du chien avant même que Lamine ne soit déclaré mort. Les comportements des policiers affichent un cynisme choquant s’exprimant par des rires et par un sadisme évident « on appellerait pas le corbillard tant qu’on y est » dit un policier au moment où ils appellent la croix bleue.
Il est clair que les policiers agissent en âme et conscience dans un rapport qui est raciste. Les déclarations supposées décrire le comportement de Lamine transpire de ce racisme : « il a sauté de nulle part sur le siège. A ce moment, j’ai vu qu’il tenait un couteau dans sa main droite ; la lame était dans la direction de son poignet, son avant-bras. Je vois cela et je crie « arme » à mes collègues, sans dire que c’était spécifiquement un couteau. Je suis sorti immédiatement pour me mettre à l’abri ». Comme le souligne les deux journalistes, cette scène qui est raconté au Comité P (un mois après leur crime) est irréaliste. Elle n’est, d’une part, pas transmise à la centrale. D’autre part, à 11h50 le couteau n’est absolument plus un problème. Il est dans une autre pièce, tout comme le chien est dans le jardin et ce bien avant que les policiers se mettent à maîtriser Lamine.
Le corps de Moïse Lamine est encore toujours à la morgue. La famille n’a pas encore pu effectuer son deuil. Il semblerait qu’un chantage ait été exercé sur les parents de Lamine : celui de la libération du corps de Lamine en échange d’un abandon des poursuites contre les policiers. Le 10 novembre, en chambre des mises en accusation de Gand l’avocat de la famille, maître Alexis Deswaef, va plaider le renvoi des policiers en correctionnelle.
« Il fait semblant d’être mort », a dit un policier.
Le 07 mai 2018, Lamine Bangoura (27 ans) est mort étouffé après une intervention de la police lors d’une expulsion à Roulers. Sur la base des images, du son et du rapport d’autopsie, nous reconstituons ses derniers instants de vie.
Texte SAMIRA ATILLAH ET DOUGLAS DE CONINCK / image ERIC DE MILDT
Bangoura, souvenez-vous de ce nom. C’est ce que l’on disait après que les M-17 du Club Brugge aient battu Anderlecht 1-3 en août 2007. Lamine Bangoura, deux fois, et Shannon Eeckhout ont marqué les coups de Bruges », rapporte De Krant van West-Flanders.
« Il était bipède », disait le père Jean-Pierre. « Il a commencé à l’U8 du Sporting Tisselt. Ensuite, il était à Blaasveld-Willebroek, où un éclaireur du Club l’a remarqué ».
Treize ans plus tard, Jean-Pierre regarde la dernière photo qu’il a pu prendre de son fils, en début de soirée du 8 mai 2018 à la morgue de l’AZ Sint-Jan à Bruges. « Nous n’étions pas autorisés à ouvrir le sac mortuaire plus loin que jusqu’à son cou », explique Jean-Pierre. « Il y avait un policier à côté de nous qui le surveillait. »
Un mois après la mort de George Floyd, fin juin, la chambre du conseil de Courtrai a mis en jugement à Roulers huit policiers impliqués dans la mort de Lamine Bangoura. À l’époque, cela a fait sensation. La famille Bangoura ne peut pas dans la décision prise à l’époque car, selon elle, elle est contraire à la réalité. C’est pourquoi nous reconstituons, sur la base des données les plus objectives – image, son et dossier pénal – comment s’est exactement passé ce jour fatal.
Lundi 7 mai 2018
Vers 11h25, un huissier de justice, accompagné d’un serrurier, d’un assistant, de deux fonctionnaires de la ville et des agents de district Sabrina et Willy (*), a sonné à la porte de la Mezenstraat à Roulers. C’est là que vit Lamine Bangoura, dont la carrière de footballeur s’est terminée quelques années plus tôt au KSV Roulers.
Il a un stand d’arriérés de loyer allant jusqu’à 1 609 euros avec la société de logement social De Mandel. Il a laissé ses enveloppes non ouvertes pendant un certain temps, y compris celles du juge de paix qui a ordonné son expulsion le 20 mars.
Agent Sabrina, en face du Comité P : « Le serrurier a ouvert la porte. J’ai vu un Africain avec une couverture autour de lui et on aurait dit qu’il s’était réveillé de son sommeil, avec un chien à côté de lui ».
L’huissier a dit que nous venions pour l’expulsion. Il a répété qu’il ne partirait pas. Il a dit qu’il ne savait pas où aller. Je lui ai dit qu’il pouvait aller au CPAS, car notre bureau avait prévenu ces services ». L’agent Willy ne l’a pas mis sur le chien, un Staffordshire Terrier de 3 ans. Il veut que Lamine Bangoura mette le chien dans la cour et ferme la porte. Sabrina : « Le chien était calme à ce moment-là. » Willy : « A un moment donné, j’ai dit que c’était la dernière fois que je demandais à mettre le chien dehors ou à le garder en laisse. Si le chien attaquait, j’ai dit que je devrais le neutraliser. Ce fut le déclencheur de Bangoura ».
L’agent Willy décide de demander de l’aide. A partir de ce moment, nous pouvons suivre la situation par le biais de la radio de la police.
11 h 41 – 11 h 42
Siska du dispatching : « Je ne sais pas si vous avez une équipe disponible pour le moment, mais il y a deux agents de quartier qui travaillent sur une expulsion avec un huissier dans la Mezenstraat et il y a des problèmes là-bas. Ils demandent d’urgence une équipe sur place pour les aider ».
Agent Vincent : « Oui, bien reçu. Mezenstraat, et le numéro de la maison ? »
Motard Koen : « Tits Street, pourriez-vous me dire à nouveau où cela se trouve ?
Vincent : « Koen, à la friterie. Je suis aussi en danger ».
Agent Brecht : « Le 113 est également sur place. »
Deux minutes après l’appel de Siska, les agents Brecht et Jelle sont les premiers à arriver.
11h43 – 11h48
Brecht : « 113 (pas clair) sur place ».
Vincent : « Brecht, pour le 411, faut-il aussi venir sur place ?
Brecht : « Ouais, allez. »
Vincent : « Oui, nous sommes en route ».
Sabrina, après : « Brecht et Jelle ont essayé de parler un peu à Bangoura, sans succès. Bangoura est sorti dans le jardin pour fumer une cigarette ou quelques cigares ».
Les flics semblent particulièrement inquiets pour le chien.
11h48 – 11h49
Koen : « Je suis là aussi. Mezenstraat Roeselare. Je ne sais pas. Y a-t-il un maître-chien en service chez nous ?
Siska : « Oui, j’ai vu Benny ici en civil. C’est pourquoi je ne le reverrai plus ».
Benny est un commissaire et un expert en chiens. Mais Benny n’est pas vraiment en service ce jour-là.
11h50
Brecht : « Oui, voici le 113, et peut-être aussi le 95. En ce moment, cet homme se replie sur lui-même avec un chien. Euh, au début, il tenait aussi un couteau. Allee, c’est hors de question maintenant. Nous allons essayer de négocier. Nous verrons comment ou wadde é. »
« 95 » fait référence au commissaire Bart. Il est le supérieur immédiat et suit la situation à distance. Sont maintenant sur les lieux : Willy, Sabrina, Brecht, Jelle et Koen. Quelques instants plus tard, Vincent et Ilse arrivent, suivis de Benny.
11h51 – 11h54
Dispatcher : « Je vais vérifier le registre des armes hier pour voir s’il y a une arme enregistrée. » Brecht : « Oui, peut-être, mais je ne pense pas ». Dispatcher : « En effet, aucune arme n’est enregistrée. »
Siska : « J’ai pu joindre Benny et Benny va passer le relais une fois. »
La radio est restée silencieuse pendant trois minutes.
11h57 du matin
Siska : « 113, Jelle. Pour le poste permanent ».
Jelle : « Oui, Siska, on est toujours occupé ici, rue des Tits. »
Benny semble avoir un dialogue beaucoup plus facile avec Lamine Bangoura que les autres flics. À la demande de Benny, il laisse son chien dans le jardin et ferme la porte arrière. Il est maintenant alerté sur son poste.
L’huissier : « J’ai vu qu’il a saisi la lettre non ouverte avec notre logo. Il l’a déchiré et l’a lu. Il a dit qu’il ne l’avait pas vu et qu’il avait beaucoup de problèmes ».
A la radio, il est resté silencieux pendant neuf minutes. Le seul que nous entendons est l’inspecteur en chef Bart.
12.06 – 12.07 heures
« Brecht, êtes-vous en mesure de me donner un sitrep au téléphone ? »
“113 ! 113 ! Pour les 95, terminé ! »
« Sitrep » est l’abréviation de « situation report ». Les flics ne font plus de mise à jour. Le serrurier déclare ensuite qu’un agent a remarqué que la discussion a pris beaucoup de temps. « Qui était apparemment destiné à mettre la main sur l’homme. »
Willy : « Brecht et Jelle l’ont attrapé par les bras et le cou. Jelle lui a mis un clamp au bras et Brecht lui a mis un clamp autour du cou. Il était toujours debout. Je suis descendu et j’ai saisi ses jambes avec l’intention de déséquilibrer Bangoura. Ilse a également attrapé une jambe. On pourrait alors le déséquilibrer. Puis nous l’avons mis tous les quatre sur le siège, sur le ventre. Jelle et Brecht ont essayé de le contrôler en exerçant une pression sur le haut de son corps ».
Devant la maison, l’assistant du portier prend une photo. Il l’a envoyé à son fils et a écrit : « C’est morne ici. » A 12h08, il commence également à filmer.
Seconde 9. Ilse déploie sa matraque télescopique.
Seconde 10. Benny : « Quelqu’un ici a-t-il des strops ?
Seconde 12. Quelqu’un répond : « Dans l’auto. »
Seconde 17. Quelqu’un crie : « Calmez-vous ! »
Seconde 21. Quelqu’un dit : « C’est déjà passé, vous voyez ».
seconde 22. Benny : « L’un d’eux a-t-il des strips plus juteuses ? »
Seconde 36. Vincent est accroupi et rit tandis que Lamine Bangoura s’écrie. « Strips » est le terme ouest-flamand pour les groupes de colson.
Willy : « Benny a mis ces bandes sur ses jambes avec une troisième bande entre les deux. »
La vidéo montre Brecht, Jelle et Willy poussant le visage de Bangoura contre un canapé. Ilse bloque ses jambes au milieu de la vidéo. Benny sort. Il trouve des sangles de deux employés municipaux qui ont été battus à coups de tambour pour enlever les tenants et les aboutissants.
Ilse, après : « Benny commence à mettre des sangles d’arrimage sur le haut du corps. Il attache une courroie de fixation sous le ventre et l’amène ensuite vers le haut pour y attacher les bras de Bangoura. Je n’ai pas vu comment Benny a mis ça. D’ailleurs, je ne sais pas comment ils l’appliquent parce que je ne l’ai pas appris à l’école de police. Pas même après cela ».
La patience de Bart est à bout. Il appelle Koen, qui a déjà quitté la Mezenstraat. Six policiers pour maîtriser un seul homme, cela lui semblait suffisant.
12.09 – 12.12 heures
Bart : « Euh, j’ai essayé de lever le 113 tout le temps. Apparemment, ils ne répondent pas. Est-ce que vous encouragez ces hommes à venir avec vous ? C’est pour me contacter au téléphone pour ne sitrep ».
Koen : « Négatif. Je me suis juste, euh, déconnecté. Il y avait assez de monde. Je suis au centre de Roulers maintenant ».
Poste permanent : « Nous ne pouvons pas entrer en contact avec les équipes de la Mezenstraat. S’il y a quelqu’un en bas qui peut faire la même chose ».
112 : « Oui, 112 c’est compris. Nous n’y retournerons pas ».
Koen : « Le 112 est fatigué de venir de loin ? Sinon, je suis dans le centre de Roulers. La 634. Je ne voudrais pas conduire à nouveau sinon ».
112 : « Oui, c’est bien. (Pas clair), mais nous allons y aller aussi. On ne peut jamais savoir qu’on a besoin de nous là-bas ».
Bart : « Oui, Koen. Dites « pas de temps, ils vont appeler le 95 ».
Koen rentre en voiture. Il rencontre Vincent, le flic souriant, devant la maison. Plus tard, Koen explique au Comité P la situation dans la maison : « J’ai vu que le policier… homme menotté avec des menottes et des bandes autour de son corps central. Il était très farouchement enraciné et essayait de se libérer ».
Un document de formation de la commission de la formation de la police du 10 juin 2010 dit : « Lorsqu’un adversaire est immobilisé en appuyant sur son corps, sa cage thoracique est comprimée et il est possible que l’adversaire ait besoin d’air ou perde conscience. L’inconscience est un risque vital pour la personne si cette pression n’est pas stoppée ».
Dans la vidéo, on voit plusieurs policiers exercer une pression sur un Lamine Bangoura menotté en même temps. L’assistant ne filme pas plus de 40 secondes. Un officier demande à l’assistant de s’arrêter. Il s’excuse et marche vers Sabrina.
L’assistante, après : « Je lui ai demandé d’effacer une photo avec moi. Le flic a effacé la photo. Nous n’avons pas trouvé la vidéo ».
12h14 – 12h15
Koen : « Euh, je suis juste là. »
Siska : « Je viens d’entrer en contact avec Willy, mais plus maintenant. Nous avons dû demander une ambulance. Voulez-vous leur demander de nous fournir un rapport de situation dès que possible et de nous demander des informations sur les personnes qui seront bientôt transférées en ambulance ?
Au Comité P, Willy a déclaré qu’il voulait que La- mine Bangoura reçoive un sédatif : « Je me souviens que parfois ils font ça, pour que les gens puissent venir plus facilement ». Il dit qu’on lui a dit « ils ne font plus ça ».
12h15 – 12h16
Vincent : « Pour le sitrep ici sur place. La personne est sous contrôle. Il est menotté. Le chien est dehors. Il n’y a pas de danger immédiat ».
Dispatcher : « Ok, 95 avec moi. »
Vincent : « Et l’ambulance peut être sur les lieux pendant un moment
pour venir s’occuper de ce type. »
Brecht : « Oui, bien reçu, normal. Je suppose que vous n’avez pas encore notifié les 100 ? »
Le surintendant Bart aimerait en savoir plus.
12h16 – 12h17
Bart : « 411 ici c’est 95, appelez ne times noa mie o vous voulez. » Bart : « 112, ici le 95. Essayez également d’appeler le 411 et le 113. Je ne peux pas faire cela. Maintenant, pourriez-vous dire à Noa Mie de m’appeler ? »
911 : « Oui, 95, c’est compris. C’est ce que nous allons faire. Nous y sommes presque. »
L’agent Vincent, en face du Comité P : « Quelques minutes avant l’arrivée de l’ambulance, il a commencé à se calmer et a été libéré. Nous étions dans la tente, il a arrêté de piétiner et était calme. Il y avait de l’écume sur ses lèvres, de la morve sur son nez. Ce n’était pas propre ».
L’ambulance Dave et Tom sont arrivés au bout de quelques minutes.
Dave : « Avant d’entrer, un policier nous a expliqué que la personne avait été agressive et qu’elle faisait soudainement semblant d’être morte. Un homme noir était couché sur le ventre sur un canapé. Il était attaché avec des menottes sur le dos, et il y avait aussi des courroies. Il n’a pas bougé. Il n’a pas fait de bruit non plus. Il est resté complètement immobile ».
Les ambulanciers ne peuvent pas sentir un pouls ou un battement de coeur.
12.26 – 12.27 heures
Koen : « Euh, voici le 634 environ. Euh, pouvez-vous vérifier s’il est possible de contacter le refuge pour animaux de la Croix Bleue à Roulers ici et savoir s’ils peuvent faire venir ce stafford ici ?
Dispatcher : « Oui, bien reçu. Je vais vérifier le contact. »
Koen : « Oui, Roger. C’est près d’ici, mais il est environ midi, bien sûr ».
Dispatcher : « Oui, je vais te rappeler. Je vois qu’il s’agit de Neighborhood and Co. Je vais appeler Moe. »
Lorsque nous lui présentons la situation, l’avocat et expert en droits des animaux d’Anthony Godfroid répond : « Ce n’est pas permis. La police ne peut pas simplement emmener votre chien au refuge. Sauf si le propriétaire est à la mer, bien sûr ».
Officiellement, Lamine Bangoura n’est pas mort à 12h26. La radio de la police émet maintenant un signal sonore à partir d’un défibrillateur.
12h27
Vincent : « Flash flash. Moustique interrogé ici sur place ». Brecht : « Euh, ce message est-il compris ? Demande urgente d’un moustique ici, rue de la Lacre ». Dispatcher : « Oui, bien reçu. »
Une voix inouïe s’adresse à Bart.
12h28
Vote : « 95, il pourrait être intéressant de venir ici aussi ».
Bart : « Pouvez-vous me contacter au téléphone ?
112 : « Oui, Bart, c’est une bonne chose. Je pense que ce serait une bonne idée de venir ici. Les services d’urgence sont actuellement en train de comprimer la personne en question. Donc, euh, peut-être que ce n’est pas mal que vous veniez ici. »
Ambulance Tom : « Le médecin moustique et l’infirmière sont entrés et ont dit : « Oh, c’est la réanimation cardio-respiratoire. Si nous appelons nous-mêmes le moustique, nous lui donnerons autant d’informations que possible. Dans ce cas, il aurait été dit que la personne était inconsciente et que la réanimation a commencé ».
Les citations à la radio de la police ont été émises par le service des enquêtes du Comité P.
À 12h29, ils entendent cela :
Bart : « ‘k Imaginez ekik geweun pour l’avoir transféré à la clinique. Il ne doit pas y avoir beaucoup d’autres invités. Nous pouvons voir ce que nous faisons à l’intérieur ».
Dix secondes plus tard, une voix dit, selon la co mité P : « Oui (pas clairement), entrez en jeu. Oui, écoutez, je vais donner ça aux invités juste ici. »
Nous avons montré la bande sonore à plusieurs Flamands du Sud-Ouest. Certains ont mentionné ce que le Comité P n’avait pas compris.
Ils entendent : « Ouais, bien reçu, mon minou. » se traduit par : « Ouais, on pourrait utiliser un autre corbillard. »
12 h 30 – 12 h 31
Dispatcher : « Pour les équipes dans la Mezenstraat. Neighborhood and Co a été informé pour la collecte du chien ».
Il y aura un reportage sur un garçon qui est tombé dans la cour de récréation. Ilse propose de s’y rendre immédiatement. Après quelques délibérations, Ilse dit : « Le 112 va ».
12h43
Voix : « Colruyt, Diksmuidsesteenweg à Roulers. Ils ont là un vol en flagrant délit. »
Vote : « ‘t est compris. Helemale ».
Koen : « Pouvez-vous faire une note ? La personne impliquée, c’est-à-dire la rue Mezen, est morte ici ».
Bart : « Oui, Koen, je viens, mais vu le trafic. »
Koen : « Oui, Roger, Bart. Oui, et je ne sais pas, ce n’est pas mal d’en informer Jean-Marc (le chef de la police). Terminé ». Bart : « Ouais, je vais faire ça quand je serai à Junder. »
La maison de Lamine Bangoura est maintenant une scène de crime. S’il s’avère que la vidéo n’a finalement pas été effacée, l’assistant doit donner son téléphone portable à la police. Koen : « Sur ordre de Bart, je suis allé au poste de police après les faits. Il y a eu un bref briefing. Je ne me souviens pas avec certitude de ce qui s’y est dit et de qui était là. Quel était le but, je ne sais pas ».
Le même après-midi, Jelle a publié une déclaration sur la raison de cette performance musculaire : « À un certain moment, Bangoura marche vers le siège et se met debout dessus. Brecht et Willy quittent alors la maison. Je ne peux que remarquer à ce moment que Bangoura tient un couteau à steak dans sa main droite. Il y a déjà une petite blessure qui saigne entre son pouce et son index droits.
Les policiers ont été interrogés par le Comité P. seulement un mois après les faits. Plusieurs policiers ont confirmé que Bangoura avait agité un couteau à plusieurs reprises.
Brecht, en face de la commission P : « Il a sauté de nulle part sur le siège, lors de l’audition. À ce moment, j’ai vu qu’il tenait un couteau dans sa main droite. La lame était dans la direction de son poignet, son avant-bras. Je vois cela et je crie « arme » à mes collègues, sans dire spécifiquement que c’était un couteau. Je suis sorti immédiatement pour me mettre à l’abri ».
La radio de la police n’en parle pas, sauf à 11h50 : « J’ai fait réparer un couteau au début. Allee, c’est maintenant hors de question ».
Certains flics ne se souviennent plus d’où vient le couteau après coup. « Bangoura a jeté
Ils entendent : « Ouais, bien reçu, mon minou. » se traduit par : « Ouais, on pourrait utiliser un autre corbillard. »
12 h 30 – 12 h 31
Dispatcher : « Pour les équipes dans la Mezenstraat. Neighborhood and Co a été informé pour la collecte du chien ».
Il y aura un reportage sur un garçon qui est tombé dans la cour de récréation. Ilse propose de s’y rendre immédiatement. Après quelques délibérations, Ilse dit : « Le 112 va ».
12h43
Voix : « Colruyt, Diksmuidsesteenweg à Roulers. Ils ont là un vol en flagrant délit. »
Vote : « ‘t est compris. Helemale ».
Koen : « Pouvez-vous faire une note ? La personne impliquée, c’est-à-dire la rue Mezen, est morte ici ».
Bart : « Oui, Koen, je viens, mais vu le trafic. »
Koen : « Oui, Roger, Bart. Oui, et je ne sais pas, ce n’est pas mal d’en informer Jean-Marc (le chef de la police). Terminé ». Bart : « Ouais, je vais faire ça quand je serai à Junder. »
La maison de Lamine Bangoura est maintenant une scène de crime. S’il s’avère que la vidéo n’a finalement pas été effacée, l’assistant doit donner son téléphone portable à la police. Koen : « Sur ordre de Bart, je suis allé au poste de police après les faits. Il y a eu un bref briefing. Je ne me souviens pas avec certitude de ce qui s’y est dit et de qui était là. Quel était le but, je ne sais pas ».
Le même après-midi, Jelle a publié une déclaration sur la raison de cette performance musculaire : « À un certain moment, Bangoura marche vers le siège et se met debout dessus. Brecht et Willy quittent alors la maison. Je ne peux que remarquer à ce moment que Bangoura tient un couteau à steak dans sa main droite. Il y a déjà une petite blessure qui saigne entre son pouce et son index droits.
Les policiers ont été interrogés par le Comité P. seulement un mois après les faits. Plusieurs policiers ont confirmé que Bangoura avait agité un couteau à plusieurs reprises.
Brecht, en face de la commission P : « Il a sauté de nulle part sur le siège, lors de l’audition. À ce moment, j’ai vu qu’il tenait un couteau dans sa main droite. La lame était dans la direction de son poignet, son avant-bras. Je vois cela et je crie « arme » à mes collègues, sans dire spécifiquement que c’était un couteau. Je suis sorti immédiatement pour me mettre à l’abri ».
La radio de la police n’en parle pas, sauf à 11h50 : « J’ai fait réparer un couteau au début. Allee, c’est maintenant hors de question ».
Certains flics ne se souviennent plus d’où vient le couteau après coup. « Bangoura a jetéle couteau sur un meuble de télévision », explique Jelle au Comité P. Il dit avoir pris le couteau du meuble de télévision et l’avoir jeté dans le hall. Ilse et quelques flics disent que Jelle lui a donné le couteau. Ilse lui-même dit qu’elle a mis le couteau dans un local de stockage, et qu’il y est rendu par la suite. Lorsque le Comité P Sabrina demande si c’est le couteau en question, elle répond : « Je ne sais pas comment ce couteau se serait retrouvé dans cette salle de récupération. Je ne sais pas si quelqu’un a manipulé ce couteau. » Lorsque l’huissier, l’assistant et les ouvriers sont interrogés, aucun d’entre eux ne semble avoir vu de couteau. L’agent Koen non plus : « Je n’ai jamais vu de couteau. Je l’ai seulement entendue dire : ».
Le 8 mai 2018, une autopsie sera pratiquée par le docteur en droit Geert Van Parys. Aidé de son collègue Werner Jacobs, il conclut que l’homme est mort d’une asphyxie de contention, « asphyxie chez une personne fixe dans un état agité ». Selon les pathologistes, la suffocation peut être déduite de « quelques petites contusions dans les structures du larynx ». Ces résultats indiquent une « violence mécanique (limitée) » au niveau de la gorge. Les médecins légistes écrivent : « C’est un phénomène bien connu que la contention physique des personnes agitées peut s’accompagner d’un taux de mortalité très élevé ».
Sur la base de ce rapport et de l’enquête du Comité P, le tribunal de Courtrai a exclu les huit policiers des poursuites cet été. Selon l’ordonnance, ils ont été « confrontés à comportement menaçant et agressif ».
Le rapport d’autopsie énumère toutes les blessures subies par Bangoura : des ecchymoses et des rougeurs ponctuelles à plusieurs endroits du corps, notamment au niveau des muscles du sommeil. Il n’y a aucune trace d’une seule blessure dans le rapport : la coupure que, selon Jelle, Bangoura se serait infligée lorsqu’il a essayé de cacher le couteau derrière son poignet. Peut-être que le médecin légiste a trouvé cette blessure sans importance. Nous l’avons présenté à certains docteurs en droit. Un pathologiste doit-il signaler toutes les blessures ?
Wim Van de Voorde, KU Leuven : « Nous essayons toujours d’inclure toutes les découvertes faites dans notre rapport d’autopsie. Ce serait une erreur de ne pas le faire, car toute découverte peut être importante par la suite ».
Werner Jacobs, UZ Antwerpen : « Oui, cela sera indiqué dans le rapport d’autopsie. Toutes les blessures, récentes, actuelles et anciennes, sont décrites ».
Selon plusieurs agents, Bangoura était également sous l’influence de la drogue. Lorsque nous présentons les concentrations de THC et de cocaïne trouvées dans son sang au toxicologue Jan Tytgat (KU Leuven), il envoie un courrier : « Ce sont des concentrations courantes que l’on trouve dans l’usage récréatif.
Les parents de Lamine veulent que leur fils soit enterré dans sa Guinée natale. Cela n’a pas été possible, comme l’a décidé le juge d’instruction Marc Alley par lettre du 15 mai : « Le cadavre doit rester en Belgique pour être installé ».
Le corps a été transféré dans un mort-tuarium à Bruxelles, où il se trouvait encore. « Ils ont d’abord dit que nous obtiendrions un soutien pour la chorale funéraire du CPAS de Willebroek, où nous vivons », a déclaré le père Jean-Pierre Bangoura. « Ils nous ont envoyés au CPAS de Roulers. Là, ils nous ont renvoyés à Willebroek. La facture s’élève désormais à environ 30 000 euros et chaque jour, 25 euros seront ajoutés. Au début de l’année, une réunion a été organisée avec des personnes du tribunal. Ils ont suggéré d’abandonner toutes les plaintes contre les flics, et nous pourrions alors récupérer le corps gratuitement ». La famille n’a pas répondu à la demande.
agent de l’avocat : « Nous ne sommes pas inquiets.
Le 10 novembre, la Cour d’appel de Gand réexaminera l’affaire Bangoura. Le ministère public est d’avis que les huit agents ne peuvent être blâmés pour rien. Dans cette plainte, le procureur général Serge Malefason a écrit que Lamine Bangoura est devenu « plus agressif et plus violent » et « a été menacé avec un couteau de cuisine ». L’un des avocats des policiers a déclaré qu’il n’était « pas du tout inquiet ».
La déclaration poursuit en disant : « Lorsque l’ambulance est arrivée, la police a continué à communiquer avec lui ». Selon le nouvel avocat de la famille, Alexis Deswaef, cela contredit les enregistrements audio et les déclarations des ambulanciers.
Deswaef : « Il y a beaucoup de déclarations contradictoires. Le supérieur des policiers n’organise un débriefing pour les policiers qu’un mois avant leur interrogatoire par le Comité P. Cela n’aurait jamais dû se produire. S’ils avaient appliqué correctement les techniques apprises, Lamine n’aurait jamais interféré avec leurs mains ». Selon Deswaef, les agents devaient être renvoyés devant le tribunal correctionnel.
Le substitut Vincent Remy, du parquet de Courtrai, nie avoir proposé à la famille d’abandonner leurs plaintes en échange du corps de Lamine. « J’ai convoqué une réunion avec la famille pour une médiation de rétablissement. La question de l’organisme y a été discutée, mais l’élaboration concrète d’une demande est faite par le service de réparation. Je ne peux pas vous dire comment ils pensaient qu’elle serait mise en pratique ». (SA/DDC)
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