Nous nous sommes tous indignés des images insoutenables de l’agonie de Georges Floyd. Beaucoup d’entre nous ont compris le soulèvement populaire inédit aux Etats-Unis et soutenu le mouvement Black Lives Matter.
Le propos ici n’est pas de dire que les policiers en Belgique sont plus ou moins violents qu’aux Etats-Unis. Ce que je veux souligner c’est le parallèle dans l’organisation de l’impunité.
Tout d’abord, l’assassin de Georges Floyd avait des dizaines de plaintes pour violences policières à son encontre et continuait à exercer son job de policier.
Ici aussi des policiers dont il a été dit et redit qu’ils étaient violents, qui ont d’énormes dossiers de plaintes à l’inspection, ne sont absolument pas écartés de la police.
Ensuite, juste après l’assassinat de Georges Floyd, les autorités ont tenté de salir la victime en exhibant son casier judiciaire.
On a connu cette parade ici aussi. On ne la connait que trop : Semira Adamu serait venue en Belgique se prostituer, Mehdi était un voyou, Adil ne respectait pas le confinement, les parents de Mawda se servaient d’elle comme d’un bouclier… Ces horreurs, ces mensonges ils les ont proférés sans honte.
Et le parallèle ne s’arrête pas là. Le médecin légiste officiel assurait à propos de Georges Floyd ne pas avoir de “preuves physiques soutenant un diagnostic d’asphyxie traumatique ou d’étranglement” à propos d’un homme que nous avons tous pu voir mourir en direct étouffé sous le genou du policier qui le plaquait au sol. Il a fallu l’instance de la famille, une autopsie indépendante et deux jours d’émeutes pour que l’autopsie reconnaisse la mort par homicide.
Rappelons que lors de la mort due à un tir policier de la petite Mawda (2 ans), la première autopsie prétendait que l’enfant n’était pas morte par balle.
L’autopsie initiale d’Adama Traore en France aussi était mensongère. Seule une autopsie indépendante réclamée par la famille a pu rétablir la vérité.
En justice, on peut vous raconter que le blanc est noir et que le noir et blanc. Et quand c’est dit avec des termes compliqués de juristes par des hommes et des femmes habillés en toges noires et blanches, cela devient vrai. Même si tout le monde sait que ce n’est pas vrai. On appelle ça la vérité judiciaire.
Ce qui choque le plus à mon sens dans les affaires de violences policières – ici comme là-bas – c’est cette complicité, cette indulgence du monde judiciaire à l’égard du monde policier.
Et les victimes ne sont pas dupes. Elles le savent et le disent. « Aller en justice ça sert à rien », « Porter plainte, pourquoi faire ? »
On ne peut que leur donner raison. C’est un combat de David contre Goliath ou pire le choc du pot de terre contre le pot de fer. On en ressort rarement victorieux et toujours brisé.
Alors si les victimes se soulèvent, si l’indignation se transforme en rage et si la rage conduit à l’émeute, il ne faudra pas s’étonner.
C’est vrai que brûler des voitures ou casser des vitrines, ça ne sert à rien. Mais si la justice servait à quelque chose, personne n’irait brûler des voitures.
S.D pour Bruxelles Panthères