Considérant que la France est l’un des pays où ce racisme progresse le plus. Prenant prétexte de la lutte contre le terrorisme, de la laïcité, des droits des femmes, ou de la défense des « valeurs de la République », les expressions de l’islamophobie foisonnent dans toutes les sphères de la société et notamment dans les champs politique, médiatique et intellectuel.
Résolution de soutien aux musulmans français et contre les discours islamophobes en France de la 4ème conférence internationale annuelle sur l’islamophobie à l’université de Californie-Berkeley.
Considérant que ces dix dernières années, l’islamophobie a progressé dans le monde de manière alarmante.
Considérant que chaque année, la conférence internationale contre l’islamophobie atteste du caractère persistant, global et pervers de l’islamophobie.
Considérant que la France est l’un des pays où ce racisme progresse le plus. Prenant prétexte de la lutte contre le terrorisme, de la laïcité, des droits des femmes, ou de la défense des « valeurs de la République », les expressions de l’islamophobie foisonnent dans toutes les sphères de la société et notamment dans les champs politique, médiatique et intellectuel.
Considérant que l’État, lui-même – pouvoirs exécutifs, législatifs, judiciaires – de ses plus hauts sommets à ses institutions locales se fait le promoteur de l’islamophobie. La loi contre le foulard de mars 2004 est au cœur de la légitimité publique donnée à l’ensemble des pratiques discriminatoires à l’encontre des Musulmans.
Considérant que la France a été condamnée pour atteinte à la liberté religieuse par le Comité des droits de l’Homme de l’ONU le 22 juillet 2012.
Considérant que le rapport de la CNCDH de 2012 confirme à nouveau l’inquiétante montée des sentiments et des actes antimusulmans en France, dans un contexte global d’augmentation du racisme d’État. Les femmes sont les principales personnes visées: selon le rapport du CCIF les agressions islamophobes contre des femmes a augmenté de façon frappante.
Considérant que l’islamophobie d’État se manifeste à nouveau, dans toute sa force, avec les controverses enflammées suscitées par le débat sur les assistantes maternelles et par l’annulation du licenciement d’une salariée voilée par la cour de cassation, ainsi que l’exclusion d’un collège d’une jeune fille qui portait un bandeau et une jupe «trop longue» confirment que l’enjeu politique n’est pas la défense de la laïcité ni de la liberté d’expression incluant le « droit à la critique des religions ». Ce qui se joue, aujourd’hui en France, c’est la volonté de marginaliser les expressions de l’islam dans l’espace public et d’exclure les populations qui affirment leur identité musulmane hors de la citoyenneté.
Considérant qu’après le mandat de Nicolas Sarkozy, marqué par une interminable série d’offensives antimusulmanes, les annonces semblent se multiplier sous la présidence de François Hollande :
1 – Proposition de loi enregistrée à l’Assemblée nationale le 16 janvier visant à étendre le principe de neutralité religieuse notamment aux assistantes maternelles et aux structures d’accueil de la petite enfance.
2 -Annonce par la chef de l’État d’une loi concernant la laïcité au travail.
Considérant que les discriminations déjà en place se maintiennent. Le collectif Mamans Toutes Égales continue ainsi de défendre les nombreuses mères portant un foulard exclues de l’accompagnement des sorties scolaires. Nous affirmons le droit pour les femmes musulmanes de porter le foulard en tant qu’expression de leur identité culturelle et religieuse spécifique et de participer à la vie publique, de travailler, de s’impliquer dans la scolarité de leurs enfants.
Considérant que le débat français autours de l’idée que les principes de la République et ses valeurs sont menacées par les foulards et la religion de l’une des communautés les plus opprimées de France et d’Europe semble ridicule.
Par conséquent, nous, participants à la 4ème conférence internationale annuelle sur l’islamophobie à l’université de Californie-Berkeley, en vertu de notre engagement antiraciste condamnons avec force les lois liberticides annoncées par le gouvernement français, qui créent une catégorie d’exception : les femmes voilées.
En outre, nous appelons le gouvernement français et les dirigeants politiques à mieux respecter les principes et l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’homme en considérant pleinement la minorité musulmane et en abrogeant toutes les lois d’exception déjà existantes.
Berkeley, le 20 avril 2013
par Houria Bouteldja, membre du PIR
Houria Bouteldja a conclu cette intervention en proposant aux conférenciers et participants l’adoption d’une résolution appelant la France à renoncer à ses projets de lois islamophobes ainsi que l’organisation d’une conférence internationale contre l’islamophobie à Paris afin de briser le consensus français sur cette question. La résolution a été adoptée. Elle est publiée sur le site Oumma.com. http://oumma.com/16543/universite-de-californie-berkeley-resolution-de-soutie. L’idée d’une conférence internationale en France a retenu l’attention des organisateurs qui se sont engagés à faire les démarches nécessaires pour que celle-ci ait lieu dans dans les meilleurs délais
Thank you for inviting me. It’s a pleasure for me to be here, to participate and to contribute to this conference. And I wish this meeting to be a new step to understand what islamophobia means and to give us more efficient tools to fight it. So let’s start !
For the last ten years, Islamophobia has increased in an incredible way all over the world. Every year, the Annual International Conference on Islamophobia at UC-Berkeley confirms it. France is one of the countries in the world where racism against Muslims has increased the most. In the name of secularism, women’s rights, the defense of Republican values, and the struggle against terrorism, Islamophobic discourses affect all spheres of the French society. The war against the “Axis of evil” produces Islamophobia on an international scale that refracts onto French politics and public debate.
The right and extreme right practice islamophobia for sure but so does the institutional left, represented by the Socialist Party. The extreme left is also not immune. Let’s not forget that the ban on the veil was supported, even carried, by large parts of the extreme left during the 2000s.
I don’t believe it makes sense to characterize Islamophobia as a “feeling.” The terms “representation” and “imaginary” are often used, even as Islamophobia is institutionalized. In fact, there are Islamophobic laws.
The 2004 law, for example, is a law against young women who wear the headscarf, a law that transformed – I would even say betrayed – the secular spirit of the 1905 law. Secularity means neutrality of the state : the state is without religion, neutral, and therefore neither atheist nor agnostic. With the 2004 law, the state’s duty of neutrality becomes the duty of the citizen.
To speak of Islamophobia as sentiment is a euphemism. Islamophobia is first and foremost state racism.
We shall remember that on July 22, 2012, the United Nations’ Human Rights Commission condemned the French state for violation of religious freedom.
The 2012 Annual Report of the United Nations’ Human Rights Commission has confirmed the increasing number of anti-Muslim aggressions in France within a context of state racism. Women are the main target of these aggressions. According to the report of the Collectif Contre l’Islamophobie in France, the Islamophobic aggressions against Muslim women increased dramatically in 2012.
Recently, French state islamophobia manifested with a strong force once again. The recent controversy over the debate on Child Care female workers where a Superior Court cancelled the firing of a women day care worker using the veil or the case of the exclusion of a middle school student for using a bandana and having a “too long skirt,” confirm that the political issue at stake here is not to defend laicism or freedom of expression including “the right to criticize religion.” What is at stake today in France is the political will to marginalize any Islamic expression in the public sphere and to exclude populations that affirm its Muslim identity.
After the Nicolas Sarkozy administration, characterized by an incredible series of offenses against Muslim, Islamophobic state policies promises to multiply under the presidency of François Hollande : As a matter of fact, a bill proposal has been submitted to the National Assembly on January 16th to promote the principle of religious neutrality towards childcare workers and in childcare centers for pre-school aged children. Moreover, the President of the republic announced a law to guarantee laicism in the working environment and spaces.
While discrimination is still in place and sustained by the state, the collective called Mamans Toutes Egales continue to defend many mothers that use the veil and are excluded from chaperoning fieldtrips and After School Programs. Concretely speaking, it is the right of Muslim women using the veil to participate in public life, to work, to get involved in the schooling of their children that is being violated.
The French state discourse that the principles and values of the Republic are being threatened by the use of the veil and the religion of one of the most discriminated and poorest communities in France and Europe today sounds absolutely ridiculous. Despite this, the islamophobes present themselves as valiant resistors of islamicization without examining Islam in the French context. As matter of fact in France, Islam is above all the religion of the poor and of immigrants and therefore of a part of the population that has no political, economic or media power. They are attacking a population that cannot respond with the same force as those making the attacks.
To understand the rise of Islamophobia, it is necessary to analyze the current context. We are in a situation of global economic crisis and decline of the European identity in the face of emerging countries such as China, India, etc.
The white European identity that dominated the world for 500 years is in decline. The voices – often hysterical – raised in the media against Islam fundamentally express a fear of this decline. How to explain this irrational fear ? Whites are losing their historical centrality, their Triple A rating so to speak, and they see all these non-Whites, wrongly identified with Islam, as a threat to their identity. After dominating for centuries, they are figuring out that, like them, others want to live, assert themselves and transform the order established by racism and colonialism, which necessarily signifies for them a loss of power and the privileges that come with it. Those who rightly fight this order to claim their rights and their full place, who fight discrimination, are thus seen as invaders.
Muslim resistance is perceived as terrifying, illegitimate and abusive even though what people are asking for in immigrant communities and popular neighbournoods is, above all, equality of treatment and of rights. While such demands do not seem outrageous to me, they clearly do for those who fight to preserve their status and privilege while exerting pressure to keep “the Muslims” in a subaltern position as indigènes. This conflict generates pockets of struggle and resistance and while we can’t foresee the outcome, we are right to fear the worst. Our only hope is that the victims of state racism organize themselves quickly to bring about a true political alternative.
That’s why I would like to take the opportunity of this conference to make a call for two things :
I would like to call, with the agreement of Hatam Bazian, for a resolution condemning the new islamophobic laws in France coming out of all the participants of this conference. This resolution is to be read and adopted if all of you agree with it tomorrow at the end of the conference. I think doctor Bazian has already sent it to all the participants.
The seconde thing : I propose to organise if possible in december an international conference just like this one in Paris with the support of Berkeley university and I invite you to come to Paris and participate in order to help the muslim community in France and all the antiracists mouvements to break the french political consensus on islamophobia.
Thank you for your attention.
Houria Bouteldja