VISIBILISER LES CONSÉQUENCES DES POLITIQUES ANTI-TERRORISTES, ANTI-MIGRATOIRES, RACISTES EN BELGIQUE AUJOURD’HUI. On s’est pris une grosse claque dans la gueule suite aux attentats. Concernant la situation, ici, à Bruxelles…les 12 puis les 18 mesures sécuritaires qui ont été prises par le gouvernement Michel. On sent vraiment une décomplexification… C’est-à-dire, qu’il n’y a plus du tout de complexe ou de frein à l’adoption de ces mesures et qu’elles vont très, très vite…CE QU’IL FAUT ESSAYER D’ÉVITER C’EST QU’IL Y AIT 2 SOCIÉTÉS QUI SE CONSTRUISENT EN PARALLÈLE. L’UNE BLANCHE PLUS OU MOINS PROTÉGÉE ET L’AUTRE QUI SE RAMASSE… CHEDIA, DILETTA et DESPINA
Le simple fait d’être arrêté – souvent à l’occasion d’une descente à domicile et d’une perquisition – est extrêmement violent et traumatisant pour toute la famille et tout l’entourage. Une perquisition anti-terrorisme quand on en a vécu une, on s’en souvient. C’est très destructeur et ça génère dans toutes les personnes qui en sont témoins ou qui en on entendu parler, énormément de suspicions immédiatement. Parce qu’on se dit toujours : il n’y a pas de fumée sans feu. S’il y a une telle intervention, c’est qu’il y a bien eu quelque chose. Et donc, on se méfie… C’est très destructeur du lien humain. Et, il y a très peu de travail qui est fait (à ma connaissance) pour répondre – quand c’est possible – pour amoindrir ce traumatisme. Les policiers diront probablement que pour amoindrir il faut au moins ne pas se tromper quand on fait les perquisitions. Mais quand on voit le nombre de perquisitions qui ont eu lieu – rien que ça – par rapport aux nombres de personnes poursuivies, on voit bien qu’il y a beaucoup plus de traumatisés – que de personnes poursuivies.
On a recours à des outils pour éviter la détention préventive qui sont des trucs complètement farfelus. Comme le recours au nouveau – Centre d’Aide et de Prise en charge de toute personne concernée par les Extrémismes et Radicalismes Violents. Ce centre est censé pouvoir accompagner les personnes qui sont concernées par la radicalisation…Il faut qu’il y ait des espaces d’écoute, mais personnes ne connaît la qualité de leur travail. Rien n’a été évalué. Or, aujourd’hui, pour avoir une libération de détention préventive de quelqu’un poursuivi pour terrorisme, il faut souvent proposer quelque chose de cette nature-là. Personne n’est capable de dire : quelle est la qualité de ce travail-là ? Donc, c’est absurde. Il n’y a aucune prise sur ces petites décisions administratives qui jalonnent en fait une détention en attente d’un procès. Et, on en arrive à un système où les personnes qui sont poursuivies pour terrorisme se retrouvent à être soumise à des régimes spéciaux d’isolements, des régimes spéciaux de traitements parce que, on considère qu’elles sont potentiellement plus dangereuses que d’autres pour le discours qu’elles pourraient véhiculer.
Je vois passer comme ça des tas de mesures et je n’arrive même plus à te dire lesquelles. Ce n’est pas la plus récente, mais pour moi : » L’incitation indirecte au terrorisme » est le moment ou j’ai arrêté de réfléchir plus loin. Parce que je me suis dit : si on peut qualifier ça d’infraction alors tout peut le devenir. » L’incitation indirecte au terrorisme » ce n’est pas ce que tu as dit, c’est ce que l’on comprend de ce que tu aurais voulu dire. Si, c’est indirect, c’est que tu ne l’as pas dit. C’est que tu as voulu le dire, mais on sent que tu t’es retenu…
On peut dire que le métier d’avocat ou la pratique des personnes ou leur rapport au droit à fortement changé. C’est-à-dire que là, où avant, on avait toujours le temps de s’adapter, de voir venir…de lancer aussi des campagnes de résistance plus de fonds sur des lois – parce que ça prenait aussi du temps, le processus législatif, etc – maintenant, on a toute une série de lois qui sont adoptées selon la procédure d’urgence. Donc, tout est accéléré. Ça va en quelques mois. Le gouvernement pond son texte, ça passe au Parlement. Ils le lisent à peine. Ils font quelques commentaires et c’est passé.
La construction de l’ennemi intérieur est une vieille stratégie qui consiste à construire cette figure repoussoir d’un ennemi qui permet de faire passer notamment toute une série de législation et de mesures sécuritaires – que ce soit dans l’anti-terrorisme ou autres…Mais par ailleurs, les conséquences de cela, c’est que ça produit des formes de gestion duelle de la société. Entre ceux qui sont concernés par la construction de cette figure et qui se ramassent toute la répression de ces politiques (comme c’est le cas avec les perquisitions massives à Molenbeek…). D’un côté, tu as cette population et de l’autre côté tu as les populations blanches. Les populations (blanches) ne se ramassent pas la violence directe comme se ramasse l’autre partie de la population mais elles sont concernées toutes les deux dans le sens où oui, il y a une généralisation de mesures d’exception qui sont appliquées sur l’ensemble de la population mais pas avec la même intensité sur tout le monde.
L’importance du terme aussi parce que maintenant, tu as toute une série de politique de déradicalisation qui s’est mise en oeuvre en prison, mais également dans nos quotidiens. Donc, il y a toute une série de subsides pour les asbl : est-ce que vous faites de la déradicalisation ou pas ? Je trouve que le travail de Nadia Fadil est vraiment central pour comprendre comment un terme qui appartient à la base, qui naît à la base dans le champ purement sécuritaire, dans le champ des services secrets, dans le champ du renseignement…va percoler et va en fait gagner tous les autres champ du social. Elle a vraiment un combat dans son champ à elle aussi qui est le champ universitaire. Parce qu’en fait, toute une série d’universitaire écrivent sur le sujet, ont adopté ce mot sans une analyse critique de son origine. De ce dont il est porteur… Et donc, je crois que c’est vraiment quelque chose d’essentiel parce que ça fausse tout le débat en fait de partir de ce présupposé : ah, on va parler de radicalisation… Et avec toute la question de la dépolitisation qui vient avec l’utilisation de ce terme. Là, où on reconnaît un rapport de force politique entre pour le dire vulgairement un » ami » et un » ennemi « , entre 2 champs qui s’opposent entre 2 forces qui s’opposent, entre 2 visions du monde radicalement différentes (mais pas utilisés dans le sens de radical comme c’est utilisé aujourd’hui), il y a quelque chose d’éminemment politique. Il y a un combat politique. On peut être d’accord ou pas avec le fond de la question politique avec la conception du monde de ceux qui se battent contre l’ordre tel qu’il existe maintenant, mais il y a quelque chose d’éminemment politique là-dedans. Et le fait de recourir à cette notion de radicalisation comme en quelque sorte une pathologie… il y a vraiment une progression et donc, on voit les différents signes, les signaux sont comme des symptômes de la maladie. Est-ce que tu es plus ou moins gravement atteint par cette radicalisation ? On pathologise le sujet radical et on évacue toute dimension de conflits. On évacue tout le message qui peut-être porté. Encore une fois, je dis que ce n’est pas une question d’adhérer ou pas aux messages politiciens, mais c’est une manière de traiter les formes d’opposition au pouvoir en place.
Ce qu’il faut essayer d’éviter, c’est qu’il y ait deux sociétés qui se construisent en parallèle. Une blanche qui serait plus ou moins protégée par rapport aux mesures répressives. Qui serait dans une espèce d’apathie, d’indifférence et l’autre qui se ramasse historiquement les mesures répressives. Les violences ou légales ou légitimées part les autorités.
PAROLE ANONYME + OLIVIER STEIN (AVOCAT) + CHEDIA + MATTHIAS + ATELIER JEUNES CINEASTES + DILETTA (AVOCATE) + DESPINA + https://radiorivewest.wordpress.com + https://www.lesteki.be