Rien de bon ne viendra de la Maxi-prison

Rien de bon ne viendra de la Maxi-prison

La maxi-prison de Haren continue son petit bout de chemin malgré les nombreuses oppositions venues de militants, d’activistes mais aussi de spécialistes de la sécurité, du judiciaire ou de l’économie. Les intervenants sociaux devront aussi subir l’impact qu’aura la maxi-prison.
La maxi-prison est supposée être une réponse à la surpopulation carcérale et à l’état déplorable des prisons bruxelloises. La qualité de vie des prisonniers et les conditions de travail du personnel sont deux facteurs qui impactent grandement sur les possibilités d’intervention des travailleurs psycho-médico-sociaux. Si ces conditions se dégradent, le travail devient de plus en plus difficile et a un impact de moins en moins perceptible voire de moins en moins réel. La maxi-prison accentue l’aspect déshumanisant de l’incarcération et ce sont, encore une fois, les intervenants qui devront compenser les manques.

Un surplus de travail

La nouvelle prison n’est absolument pas pensée pour améliorer la réinsertion, le suivi psychologique ou médical. Les travailleurs qui seront amenés à intervenir au sein de celle-ci devront mettre en place une nouvelle organisation. Outre l’aspect contraignant du travail en milieu carcéral, l’impact négatif sur les personnes accompagnées (détenus ou familles) va rejaillir sur le travail des intervenants. Enfin, le nombre de détenus aura aussi une incidence sur la disponibilité des travailleurs et la qualité des prestations. Vu la logique qui sous-tend la construction, rien n’assure que le surplus de travail sera accompagné d’une augmentation des moyens, que du contraire.

Non-marchand en zone commerciale

La sous-traitance de nombreux services est une problématique supplémentaire et la future prison s’annonce déjà comme un « exemple » du genre. Le travail non-marchand et plus particulièrement l’accompagnement psycho-médico-social s’accommode assez mal des impératifs de rentabilité du secteur marchand. Si la prison doit être un lieu de rentabilité pour les sociétés privées qui y ont investi, il y aura une pression pour atteindre les objectifs. Cette pression va compliquer le travail d’accompagnement et de réinsertion qui pourtant amène un bénéfice à la société. De manière générale la privatisation des services et des responsabilités étatiques est un danger pour le secteur du non-marchand et au-delà de la question déontologique que cela suscite, ce sont les moyens mis en place et la finalité des missions qui sont en jeu.

Peu d’échos

Les critiques et remarques émanant des professionnels de l’accompagnement en milieu carcéral et de l’aide aux justiciables sont, semble-t-il, peu entendues. Quoi d’étonnant dès lors que ceux-ci n’ont pas été, ou de manière anecdotique, impliqués dans le processus de réalisation de la maxi-prison et que les critiques du système carcéral dans son ensemble ne trouvent que peu d’échos chez les pouvoirs publics.

Une amélioration incertaine

Plusieurs points vont rendre la vie dans la maxi-prison particulièrement difficile malgré la modernité. Les conditions de vie des prisonniers en Belgique ont été pointées du doigt dans la notice 2016 de l’observatoire international des prisons. La situation à Haren risque d’être bien pire entre la situation géographique qui expose le personnel et les prisonniers aux nuisances de l’aéroport de Zaventem et une conception moderne qui en oublie l’humain (pas de contact vers l’extérieur depuis la cellule, une visibilité réduite depuis la fenêtre, une architecture aseptisée et fonctionnaliste, etc.). Ce sont à nouveau les intervenants psycho-médico-sociaux qui vont devoir évoluer dans un climat désastreux supposément adapté aux besoins des personnes.

L’éloignement en plus de l’isolement

La situation géographique de la maxi-prison par rapport aux bureaux des travailleurs et au reste de la ville en général va entraîner des déplacements plus longs ce qui va diminuer la disponibilité des travailleurs et augmenter leur fatigue. De plus s ce sera une difficulté supplémentaire pour les familles dans l’organisation des visites ce qui va inévitablement créer un mal-être supplémentaire. Cela va un peu plus compliquer les missions d’aide aux justiciables dont sont chargés une partie des professionnels.
Notice 2016 de l’observatoire international des prisons : ici
Perceval CARTERON. Éducateur.
 SOURCE
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