Les autorités belges et les médias qui les relaient sans broncher nous répètent à chaque nouveau bulletin d’informations que l’attaque des deux policières à Charleroi relève d’un acte terroriste.
Dans le contexte actuel, les choses sont simples pour les tenants du pouvoir : tout acte ou tentative d’agression est automatiquement relié à une mouvance terroriste, d’autant si les auteurs présumés ont un nom à consonance étrangère et de préférence, de près ou de loin, lié à l’islam. J’ose dire que c’est une manière aisée de distiller un racisme d’Etat qui ne dit pas son nom.
Et comme les évènements sont désormais mondialement interconnectés, les tenants de l’Etat islamique peuvent récupérer le moindre fait divers qui se passe n’importe où pour le revendiquer et l’ériger en sacrifice exemplaire de l’un de ses soldats disséminés sur tous les continents.
A ce compte-là, quand la compagne de Julos Beaucarne fut assassinée en 1975, c’était sans doute un acte terroriste… que nous ignorions. Heureusement que vos lumières nous éclairent enfin ! Tout à l’inverse de vos inepties, je vous invite à (re)lire la déclaration de Julos Beaucarne, après ce drame :
« Amis bien aimés,
Ma Loulou est partie pour le pays de l’envers du décor, un homme lui a donné neuf coups de poignard dans sa peau douce. C’est la société qui est malade, il nous faut la remettre d’aplomb et d’équerre, par l’amour et la persuasion. C’est l’histoire de mon petit amour à moi arrêté sur le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage ni vous ni moi. Je vais continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et nos deux chéris qui lui ressemblent. Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique, les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir, il faut reboiser l’âme humaine. Je resterai sur le pont, je resterai un jardinier, je cultiverai mes plantes de langage. A travers mes dires, vous retrouverez ma bien aimée, il n’est de vrai que l’amitié et l’amour. Je suis maintenant très loin au fond du panier des tristesses ; on doit manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller au paradis. Ah comme j’aimerais qu’il y ait un paradis, comme ce serait doux les retrouvailles… En attendant, à vous autres, mes amis d’ici-bas, face à ce qui m’arrive, je prends la liberté, moi qui ne suis qu’un histrion, qu’un batteur de planches, qu’un comédien qui fait du rêve avec du vent, je prends la liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd’hui : je pense de toutes mes forces, qu’il faut s’aimer à tort et à travers. »
Julos Beaucarne – Nuit du 2 au 3 février 1975 –
Dès lors, non, Mr Michel, malgré vos airs empruntés et de circonstances, vos propos sont stupides. Et vous n’enfermerez pas la réflexion qu’il faut mener d’urgence sur la question par de pareils clichés simplistes et de tels raccourcis de pensée. Je vous laisse croire que les citoyens n’ont pas la capacité de réfléchir mais me désolidarise de vos affirmations idiotes et vous en laisse, seul, la responsabilité.
Et sur ce sujet, grave s’il en est, je vous invite également à fournir l’effort – si cela se peut – de lire un autre papier autrement plus réfléchi que vos affirmations qui ne reposent sur rien qu’une vue sommaire des choses : http://www.legrandsoir.info/d-orlando-a-munich-amok-ou-terrorisme.html
Dans la position de 1er Ministre que vous occupez, des déclarations comme les vôtres devraient vraiment faire l’objet d’un minimum de réflexion… ce qui semble loin du compte !
Daniel Vanhove –
08.08.16
Observateur civil
Auteur