L’Europe est en guerre contre un ennemi qu’elle s’invente !
Depuis plus d’une décennie, une approche exclusivement sécuritaire oriente les politiques migratoires européennes : délivrance restrictive des visas, construction de murs et de clôtures, contrôle militarisé des frontières et renvoi forcé dans les pays d’origine, sous-traitance du contrôle migratoire à des États peu démocratiques,…
Frontex, chien de garde
L’acteur clé de ces politiques migratoires de fermeture, c’est Frontex : l’agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne. Créée en 2004 et basée à Varsovie, l’agence a un rôle de plus en plus important. En témoignent l’augmentation de son budget annuel (19 millions d’euros en 2006 ; 118 millions d’euros en 2011), les moyens militaires mis à sa disposition par les États, ainsi que son autonomie grandissante. Frontex peut en effet signer des accords avec des pays tiers, organiser des vols de retour conjoints et, depuis la révision de son mandat en octobre 2011, échanger des données personnelles avec l’agence européenne de coopération policière Europol et initier des opérations terrestres et maritimes de contrôle des frontières.
Et pourtant…
Et pourtant : la part des migrations internationales est restée stable ces 50 dernières années, et l’essentiel des déplacements de population se fait entre les pays du Sud. Sans oublier que de nombreux textes internationaux protègent les migrants contre toute violation de leurs droits fondamentaux. Parmi ces droits figurent le droit d’asile et le droit pour chacun de quitter tout pays, y compris le sien.
Zones d’ombre
Avec Frontex, l’Europe déploie donc des moyens disproportionnés pour combattre un ennemi qui n’en est pas un : le migrant. Une des caractéristiques principales de l’agence est le manque de transparence de ses activités. Peu de gens en ont d’ailleurs entendu parler… Quelles garanties l’agence présente-t-elle en termes de respect des droits des migrants lors de ses opérations ? Et qui est responsable en cas d’atteinte aux droits fondamentaux lors des opérations de Frontex : est-ce l’agence, l’État où se déroule l’opération, ou encore l’État dont relèvent les gardes-frontières impliqués ? Autant de questions fondamentales que soulève la campagne Frontexit.