Mau Mau : La Grande-Bretagne va payer pour ses crimes colonialistes
Gilles Devers
Vendredi 10 Mai 2013
Evénement historique : le gouvernement britannique a entrepris des négociations avec les représentants des Mau Mau, les premiers patriotes kenyans, pour les indemniser des dommages causé par la répression colonisaliste. Après avoir tout tenté pour s’opposer à cette action judiciaire, le gouvernement a fait ses comptes et préfère négocier. C’est une première, qui a vocation à concerner tous les Etats qui composaient l’Empire Britannique. Et il faut espérer que ces lumières britanniques éclaireront la justice et la diplomatie en France.
L’affaire concerne le Kenya, et la lutte pour l’indépendance entre 1952 à 1960. Les leaders étaient membres du mouvement Mau Mau, et la répression britannique a été sauvage : 10.000 morts, 90.000 torturés ou mutilés, et 80.000 et 300.000 détenus. Une historienne, Caroline Elkins, a publié en 2005 un livre de référence décrivant ces camps avec «le goulag britannique». Tout ceci était parfaitement connu à Londres. Caroline Elkins fait état d’un rapport du procureur général du Kenya, Eric Griffith-Jones expliquant que les méthodes utilisées « rappellent douloureusement celles de l’Allemagne nazie et de la Russie communiste » et qu’elles restent secrètes: « Si nous péchons, nous devons pécher discrètement ».
Après l’indépendance en 1962, le nouveau régime avait refusé toute action pour ne pas fâcher la Grande-Bretagne, économiquement surpuissante, et le mouvement Mau-Mau est resté illégal jusqu’en 2003. Depuis, ces magnifiques combattants du droit ont rattrapé le temps perdu.Quatre Mau Mau, torturés et mutilés à l’époque, ont engagé un procès en 2009, alors qu’ils étaient âgés entre 60 et 70 ans. L’un d’eux est décédé depuis. Des masses d’archives ont été rendues publiques. Les traces médicales rendaient les mauvais traitements incontestables, et les autorités britanniques avaient pour défense que la responsabilité incombait au Kenya, au nom de la continuité de l’Etat…
Tout avait basculé le 5 octobre 2012, avec un arrêt de la Haute Cour de Londres. Le juge Richard McCombe avait retenu « qu’un procès équitable restait possible » en raison de la présence de preuves pertinentes : « J’estime que la base de documents disponibles est tout à fait substantielle et de nature à dégager un tableau très complet de ce qui se passait dans les cercles gouvernementaux et politiques à Londres et au Kenya durant la loi d’urgence ».
Le gouvernement avait annoncé sa décision de faire appel, mais le Guardian a révélé qu’il s’était ravisé, et avait entrepris des négociations confidentielles avec les victimes, via leurs avocats. Le Foreign Office se dit prêt à «tirer les leçons de notre histoire». L’avocat des victimes, Leigh Day, a confirmé.
Les trois combattants Mau Mau ont ouvert la voie, mais la solution devra être globale. On parle de 10 000 familles à indemniser chez les Mau Mau. Mais cette affaire va jouer comme un appel d’air pour les autres peuples colonisés aux temps de l’Empire Britannique.
La France estime qu’elle n’a pas à traiter ces questions : c’était la guerre, et la guerre est finie… Un point de vue irréaliste car il croit pouvoir passer les droits fondamentaux par pertes et profits, ce qui ne marche jamais. Pourquoi celui-qui a causé un dommage, et des plus graves, ne devrait-il pas réparation ?
Et puis ce n’est pas que du droit. C’est aussi de la morale, non ? Morale laïque ?
De grands défenseurs du Droit
L’affaire concerne le Kenya, et la lutte pour l’indépendance entre 1952 à 1960. Les leaders étaient membres du mouvement Mau Mau, et la répression britannique a été sauvage : 10.000 morts, 90.000 torturés ou mutilés, et 80.000 et 300.000 détenus. Une historienne, Caroline Elkins, a publié en 2005 un livre de référence décrivant ces camps avec «le goulag britannique». Tout ceci était parfaitement connu à Londres. Caroline Elkins fait état d’un rapport du procureur général du Kenya, Eric Griffith-Jones expliquant que les méthodes utilisées « rappellent douloureusement celles de l’Allemagne nazie et de la Russie communiste » et qu’elles restent secrètes: « Si nous péchons, nous devons pécher discrètement ».
Après l’indépendance en 1962, le nouveau régime avait refusé toute action pour ne pas fâcher la Grande-Bretagne, économiquement surpuissante, et le mouvement Mau-Mau est resté illégal jusqu’en 2003. Depuis, ces magnifiques combattants du droit ont rattrapé le temps perdu.Quatre Mau Mau, torturés et mutilés à l’époque, ont engagé un procès en 2009, alors qu’ils étaient âgés entre 60 et 70 ans. L’un d’eux est décédé depuis. Des masses d’archives ont été rendues publiques. Les traces médicales rendaient les mauvais traitements incontestables, et les autorités britanniques avaient pour défense que la responsabilité incombait au Kenya, au nom de la continuité de l’Etat…
Tout avait basculé le 5 octobre 2012, avec un arrêt de la Haute Cour de Londres. Le juge Richard McCombe avait retenu « qu’un procès équitable restait possible » en raison de la présence de preuves pertinentes : « J’estime que la base de documents disponibles est tout à fait substantielle et de nature à dégager un tableau très complet de ce qui se passait dans les cercles gouvernementaux et politiques à Londres et au Kenya durant la loi d’urgence ».
Le gouvernement avait annoncé sa décision de faire appel, mais le Guardian a révélé qu’il s’était ravisé, et avait entrepris des négociations confidentielles avec les victimes, via leurs avocats. Le Foreign Office se dit prêt à «tirer les leçons de notre histoire». L’avocat des victimes, Leigh Day, a confirmé.
Les trois combattants Mau Mau ont ouvert la voie, mais la solution devra être globale. On parle de 10 000 familles à indemniser chez les Mau Mau. Mais cette affaire va jouer comme un appel d’air pour les autres peuples colonisés aux temps de l’Empire Britannique.
La France estime qu’elle n’a pas à traiter ces questions : c’était la guerre, et la guerre est finie… Un point de vue irréaliste car il croit pouvoir passer les droits fondamentaux par pertes et profits, ce qui ne marche jamais. Pourquoi celui-qui a causé un dommage, et des plus graves, ne devrait-il pas réparation ?
Et puis ce n’est pas que du droit. C’est aussi de la morale, non ? Morale laïque ?
De grands défenseurs du Droit
Vendredi 10 Mai 2013
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