Assassiné le 17 janvier 1961, le tout premier Premier ministre du Congo indépendant reste une figure emblématique des luttes de libération nationale en Afrique.
Victime d’un complot international Une fonction liée à celle de poste du MI6 au Congo durant la période concernée. Daphne Park avait révélé au parlementaire britannique avec lequel elle prenait du thé : «Nous avions (quelque chose à voir avec l’enlèvement de Patrice Lumumba). Je l’ai organisé», avait-elle déclaré. Interrogé par un journal indien The Hindu, Lord Lea avait confirmé le contenu de sa lettre à la Lrb. Il avait précisé que la conversation avec Mme Park a eu lieu quelques mois avant sa mort en 2010 : «C’est la conversation que j’ai eue avec elle et c’est ce qu’elle m’a raconté. Je n’ai rien à ajouter», avait-il dit. Selon Lord Lea, l’ancienne diplomate-espionne a expliqué que si l’Occident n’intervenait pas, Patrice Lumumba aurait remis les riches ressources minières de son pays aux Russes.
Qualifié de prosoviétique, Patrice Lumumba a été révoqué le 5 septembre 1960 par le président Joseph Kasavubu. Celui-ci est destitué à son tour par Patrice Lumumba. Soutenu par les Washington et Bruxelles, le colonel Joseph-Désiré Mobutu alors chef d’état-major allait prendre le pouvoir par un coup d’Etat. Le 10 octobre 1960, Patrice Lumumba est encerclé dans sa résidence, puis arrêté le 2 décembre 1960 par les troupes du colonel Mobutu, alors qu’il cherchait à rejoindre ses partisans qui contrôlaient Stanleyville – actuelle Kisangani. Joseph-Désiré Mobutu a été utilisé par les Américains, les Belges et l’Otan par ce qu’il y avait des enjeux géopolitiques et géostratégiques de la Guerre froide en Afrique.
Excuses de la Belgique
Après l’indépendance, le pays avait sombré dans le chaos. Le 5 juillet 1960, une mutinerie avait éclaté au sein des troupes congolaises de la Force publique encadrée par les officiers belges. Le 11 juillet 1960, la riche province minière du Katanga faisait sécession sous la conduite de Moïse Tschombé et avec l’appui de la puissance coloniale belge et des Etats-Unis. Patrice Lumumba était révoqué par le président Joseph Kasa-Vubu. Joseph-Désiré Mobutu avait «neutralisé Patrice Lumumba. Celui-ci avait été fait prisonnier, puis transféré au Katanga, à Elisabethville – aujourd’hui Lubumbashi – où il a été le 17 janvier 1961 avec deux de ses collaborateurs, après avoir été sauvagement torturés. Leur mort avait été annoncée le 13 février 1961.
Selon la version officielle, Patrice Lumumba aurait été « tué lors d’une tentative d’évasion, sur ordre des dirigeants de la province sécessionniste du Katanga ». Après la parution d’un livre accusant la Belgique de porter « la plus grande responsabilité» dans cet assassinat , une commission d’enquête parlementaire belge mise sur pied en mai 2000 a été chargée de déterminer les circonstances exactes de l’assassinat de Patrice Lumumba et l’implication éventuelle des responsables politiques belges. En 2001, cette commission d’enquête parlementaire belge a conclu à la « responsabilité morale » de la Belgique. Le gouvernement du Premier ministre Guy Verhofstadt avait alors présenté les excuses de la Belgique au Congo. Les enquêtes d’historiens et de journalistes ont identifié les exécuteurs qui étaient membres de la Sûreté et de la police politique belge.
L’Onu instrumentalisée par Washington
Ils ont mis en cause directement l’entourage direct du roi Axel Marie Gustave Baudouin. Par son nationalisme résolu et intransigeant, Patrice Lumumba a été une grande figure emblématique des indépendances africaines. Né en 1925 dans le Kasaï, Patrice Lumumba avait fondé en 1958 le Mouvement national congolais (Mnc), à son retour de la conférence panafricaine d’Accra. Il s’était prononcé en faveur d’un Congo unitaire. Il était déterminé pour l’indépendance de son pays. Il a fait partie de la délégation qui a remis en 1958 à l’autorité coloniale une motion réclamant l’indépendance du Congo belge et participé en janvier-février 1960 à la « table ronde » de Bruxelles.
Table ronde qui a fixé la date de l’indépendance. Le 16 août 1960, le sud-Kasaï voisin proclamait un Etat autonome. Lumumba ordonnait une offensive militaire contre la capitale de cette province. Lumumba avait rompu avec Bruxelles, qu’il tenait pour responsable de la sécession katangaise, et demandé l’intervention de l’Onu. Le Conseil de sécurité de l’Onu avait demandé à la Belgique de retirer ses troupes et autorisé l’envoi de casques bleus. Ceux-ci arrivaient massivement au Congo à la mi-juillet 1960. Instrumentalisée par les Etats-Unis, l’Onu avait refusé de laisser sa force de paix appuyer les forces gouvernementales. Pour les Occidentaux, il fallait absolument empêcher que l’ex-Congo belge soit parrainé par Moscou.
Vendredi 17 janvier 2014 à 21h43, sur initiative du CRDCB, Centre de recherche sur la décolonisation du Congo Belge, une trentaine de personnes ont observé une minute de silence en mémoire de Patrice Emery Lumumba. C’était à la place dite Lumumba que ce collectif aimerait voir un jour reconnue comme telle, par l’autorité municipale, derrière l’église Saint Boniface d’Ixelles.
Les participants ont commencé à venir vers 20h30, malgré la fine pluie. Un fourgon de la police s’est même arrêté durant quelques minutes. Un groupe de percussionnistes a animé durant une vingtaine de minutes.
À 21h43, une minute de silence a été observée en mémoire du premier Premier ministre de la RD Congo assassiné 53 ans plus tôt.
Lors d’un conseil fin 2013, le conseil communal d’Ixelles avait voté contre la création d’une place Lumumba dans la commune. Mais les pro-Lumumba belges ne désarment pas.
La manifestation de ce 17 janvier en est une preuve.
Bruxelles le 17 janvier 2014
Cheik FIT