L’écrivain portugais José Samarago (1922-2010), prix Nobel de littérature en 1998, est décédé ce vendredi 18 juin 2010 à 87 ans.
C’est grâce au film documentaire « Écrivains des frontières » de Samir Abdallah que j’ai découvert, il y a quelques années, certains écrivains comme Russel Banks et José Saramago.
Ce défenseur des opprimés, adversaire des oppresseurs avait fait tout naturellement sienne la cause palestinienne.
En mars 2002 à Ramallah, en tant que membre de la délégation du Parlement des écrivains, José Saramago a commenté ainsi la situation: «Ce qu’il faut faire, c’est sonner le tocsin, partout dans le monde, pour dire que ce qui arrive en Palestine est un crime que nous pouvons stopper. Nous pouvons le comparer à ce qui est arrivé à Auschwitz.»
Un peu plus tard, il précisait à l’agence portugaise Lusa : «La répression israélienne est la forme la plus perverse de l’apartheid », puis, après une longue description de l’état de désolation des zones qu’il venait de visiter: «Personne n’a idée de ce qui se passe ici, aussi bien informé que l’on soit. Tout est rasé par les bulldozers. Les villages palestiniens ont été détruits et on n’y cultive plus rien».
Depuis 2008, il alimentait régulièrement un blog dans lequel il commentait l’actualité et exprimait ses colères (http://caderno.josesaramago.org). José Saramago appelle à l’«impatience citoyenne»: «Le moment est venu de nous demander si le salut de la démocratie ne réside pas justement dans l’impatience des citoyens. L’impatience contre la résignation et le conformisme. L’impatience contre tous ceux qui nous ont fait perdre patience.»
À contre-courant d’un mouvement communiste généralement absent dans la lutte contre la criminalisation de la résistance palestinienne, José Saramago figurait parmi les premiers signataires européens de l’appel du 1er février 2009 à Bruxelles pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes (www.recogniseresistance.net).
Hier vendredi, le blog de Saramago affichait un dernier message « Penser, penser », mis en ligne par sa Fondation et concluant par ces mots: « Il me semble que, sans idées, nous n’allons nulle part ».
Nordine Saïdi
19.06.10