C’est bientôt le 25 novembre journée contre les violences faites aux femmes. A cette occasion, il est bon de rappeler qu’il est des violences dont on ne parle pas, que beaucoup ne connaissent pas et que d’aucuns ne condamneront pas. Ces violences sont celles que subissent quotidiennement les femmes musulmanes qui portent un voile.
Ça peut aller d’un mauvais regard à une insulte avec tout le mépris que cela comporte. J’écris mépris, car c’est ce que l’on ressent quand on nous malmène dans les administrations, quand on nous considère comme des incultes et des niaises, quand on crie bien fort pour nous expliquer comme si on était incapables de comprendre la langue qu’on a appris mieux que notre langue maternelle !
C’est notre apparence qui fait soi-disant penser à une époque « »archaïque » qui fait réagir d’une manière archaïque, c’est-à-dire par le rejet et l’intolérance. Ainsi, cela a justifié la mise en place de deux lois bien spécifiques au voile stigmatisant les musulmanes de façon indélébile et définitive. Et si l’on avait un petit doute sur les sujets concernés par la loi de 2004 , celle de 2011 nous a renforcés dans l’idée que les musulmanes voilées sont indésirables dans l’espace public français !
Bien sûr pour sauver la laïcité et les femmes musulmanes de l’inégalité flagrante dont elles sont victimes par leur apparat, mais en renforçant leur rejet dans la plupart des milieux qu’elles veulent intégrer si elles veulent garder leur identité musulmane : un peu comme il n’y a pas si longtemps que ça un certain code de l’Indigénat dans les colonies françaises distinguait entre les citoyens français et les sujets français en respectant les droits des premiers et en réduisant les libertés aux seconds, jusqu’à effacer leur identité dont l’identité musulmane.
Un code qualifié en 1923 par deux célèbres juristes de monstruosité juridique mais qui, à l’époque était considéré comme légitime car les indigènes étaient soi-disant réfractaires à la civilisation française tant renommée. Peut-être que dans les décennies à venir, ces lois liberticides seront jugées à leur tour comme monstrueuses sait-on jamais…
En effet, quoi de plus violent, quoi de plus humiliant que d’obliger une élève à enlever son foulard à l’entrée d’un établissement scolaire censé représenté la tolérance, l’ouverture aux autres et l’égalité entre les Hommes ..
Des lois qui ont permis et légitimé des comportements insoutenables : des proviseurs qui inspectent la tenue pas trop « moderne » des lycéennes musulmanes, des maires qui ne tolèrent pas des voiles lors des mariages, des employeurs qui refuseront un peu plus dans le secteur privé des femmes voilées, un ministre de l’Éducation qui préconise l’interdiction des mamans voilées d’accompagner leurs enfants aux sorties scolaires.
Violences qui éclaboussent tout l’entourage de la femme voilée, car comment expliquer à son enfant que sa mère n’est pas comme les autres, expliquer à sa fille que si elle décide un jour de porter le voile il lui sera difficile voire impossible d’être acceptée dans un quelconque milieu professionnel !
Quoi de plus anormal que de vivre dans l’angoisse perpétuelle de se voir rabrouer à tout bout de champ à cause du voile ? Des lois qui représentent une aubaine pour ceux et celles qui se sentent un peu trop envahis hier par les Arabes, aujourd’hui par les musulmans, et qui y trouvent un moyen de se défouler grâce au racisme d’État !!
L’année 2011 verra l’avènement d’un code de la laïcité qui renforcera ce rejet, l’amplification de ces violences grâce aux propositions du ministre de l’Intérieur Claude Guéant qui a dit : « On ne peut pas légiférer. Nous sommes en train de préparer des instructions sur des règlements. L’esprit des instructions sera d’éviter le port du voile «
Et si on se doute que le climat délétère appelle au rejet, on ne sera pas mieux loties, si on veut intégrer un parti ou une association très attachée à la laïcité (ou plutôt une fausse interprétation de la laïcité qui prône une neutralité de tout l’espace public et l’absence d’appartenance à une religion, spécifiquement la religion musulmane !) et ce, afin de participer à la vie de la société et qui refuseront de parler de l’islamophobie ambiante, mais qui, à contrario n’accepteront pas en leur sein des femmes voilées : étrange paradoxe pour des gens engagés contre les injustices et les inégalités, mais qui les appliquent allègrement sans s’en rendre vraiment compte !!
Ainsi il est, en 2011, en France, des violences ignorées, occultées, tuées au nom de la laïcité !