Espagne: Les mineurs arrivent à Madrid…

Alors que les mineurs asturiens sont en grève depuis plusieurs semaines, plusieurs centaines d’entre eux se sont mis en route depuis les Asturies, mais aussi de la province de León et d’Aragon, et convergent vers Madrid où ils arriveront ce soir, à la Cité Universitaire.De là partira ce soir une marche nocturne vers la Puerta del Sol, dans l’obscurité et en file indienne, comme lorsqu’ils sont au fond de la mine…La photo ci dessus a été prise le 12 juin, à León, quelques jours avant le départ des marcheurs.

Pendant ce temps…

Le groupe Goldman Sachs, propriétaire de Colombian Natural Resources, stocke du charbon colombien à El Musel, un port des Asturies, spéculant sur une possible (probable) pénurie due à la grève…
Une opération dont elle espère obtenir des bénéfices astronomiques.

http://www.publico.es/dinero/439459/goldman-sachs-acumula-carbon-colombiano-en-asturias

On s’étonnera ensuite que le mouvement se radicalise…

Ci-dessous, un excellent aperçu de l’histoire des mineurs asturiens et de cette grève.

En attendant que nos médias se décident à en parler… (?)

Espagne: La grève illimitée des mineurs Asturiens continue

Retour sur une lutte historique contre la fermeture des mines espagnoles et un mouvement de classe contre la politique d’austérité

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

De la grande grève de 1934 au mouvement de luttes qui avait ébranlé le pouvoir franquiste en 1962, le bassin minier des Asturies, bastion communiste historique, a été au coeur des grands mouvements de lutte qu’a connu l’Espagne au XX ème siècle.

Les mineurs asturiens ont ouvert en mai dernier une nouvelle page de cette histoire, en opposant leur résistance à une politique d’austérité aux conséquences dramatiques pour le secteur minier.

24 milliards de renflouement pour Bankia, 200 millions d’aides en moins pour les mines : une austérité à deux vitesses

Une politique d’austérité qui touche tous les secteurs, menée en concertation entre le gouvernement central de droite de Mariano Rajoy et les gouvernements régionaux, souvent de droite mais aussi parfois socialistes. C’est le cas des gouvernements tout juste élus d’Andalousie et d’Asturies, soutenus par Izquierda Unida.

8 000 mineurs sont encore employés sur plus de 40 sites, essentiellement en Asturies dans un secteur fortement dépendant des aides publiques.

La décision de réduire les subventions d’Etat, sous pression de l’Union européenne, de 300 millions d’euros à 100 millions d’euros met en péril le secteur, menace les puits espagnols de fermeture.

Au même moment où l’Etat espagnol renfloue Bankia à hauteur de 24 milliards d’euros, la suppression d’une aide de 200 millions d’euros pour les mines (soit cent fois moins que celle pour la banque multi-nationale) apparaît d’autant plus révoltante.

De la grève reconduite à la grève illimitée puis à la grève générale: les conditions d’une convergence des luttes

Le 28 mai, les mineurs Asturiens se sont lancés dans une grève reconduite jusqu’au premier juin où a été lancée une grève illimitée, qui a conduit à l’occupation des puits mais aussi des routes et chemins de fer menant aux sites d’extraction.

Le 18 juin, une journée de grève générale a même été convoquée par les deux principaux syndicats UGT et CC.OO dans les régions minières touchées par les mesures du gouvernement, en Castille, Andalousie, Aragon et en Asturies bien sûr.

Selon les organisations syndicales, la grève a été très largement suivie dans ces régions, avec une adhésion de 100% dans les bassins miniers concernés.

Un mouvement relayé par celui des enseignants, des ouvriers des chantiers navals et surtout des travailleurs des transports, qui ont embrayé par une grève illimitée dans les bassins miniers.

« Nous ne sommes pas des Indignés ! » : diversification des formes d’un mouvement de classe

En grève depuis près d’un mois, le mouvement des mineurs asturiens ne faiblit pas. Les formes de la contestation se diversifient, se radicalisent parfois mais restent toujours centrées sur la lutte de classe.

Les occupations des places des grandes villes Asturiennes, des lieux de pouvoir comme le siège du Conseil provincial de Léon se multiplient. Le 18 juin dernier, près de 15 000 mineurs et autres travailleurs ont manifesté dans les rues de Léon, tandis que 50 000 ont occupé les rues d’Oviedo, la principale ville des Asturies.

Les mineurs ont pris clairement leurs distances avec les formes de protestation et les perspectives affichées par le mouvement des indignés. Un des slogans affirmé et réaffirmé en des termes crus dans les occupations: « Nous ne sommes pas des indignés, nous en avons marre ! » (Nosotros no estamos indignados, estamos hasta los cojones).

Les mineurs des Asturies, d’Aragon et de Léon viennent d’entamer une « Marche noire » qui devrait arriver à Madrid le 11 juillet, une longue marche sous le mot d’ordre marqué sur les chemises des mineurs : « Non à la fermeture des mines ! »

Radicalisation du mouvement et refus de toute compromission

Le mouvement s’est radicalisé dans certains villages du bassin minier Asturien où, confrontés à la répression policière, de rudes affrontements ont opposé les mineurs, soutenus par la population du bassin minier aux forces de l’ordre.

Les images de scène de guerre dans le village de Cinera, le 19 juin dernier, avec barricades en feu, tirs avec des lance-pétards improvisés en lance-roquettes ont fait la une de la presse espagnole. A Cinera comme ailleurs, face à l’unité indéfectible de la population avec la lutte des mineurs, les groupes d’intervention de la police ont dû reculer.

Depuis quatre ans, sous le gouvernement du socialiste José Luis Zapatero, l’Espagne a été précurseur dans l’adoption d’une politique d’austérité qui touche tous les travailleurs. Depuis trente ans, l’Espagne, essentiellement sous le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez, a été à l’avant-garde des libéralisations et privatisations.

Jusqu’à présent, malgré un potentiel de luttes énorme, aucun mouvement de lutte n’a pu se construire. La responsabilité des organisations syndicales réformistes, CC.OO et UGT, est claire. Le mouvement des indignés a pu croître sur ce terreau de colère sociale, mais a canalisé cette rage dans une impasse politique.

Aujourd’hui, la grève historique des mineurs des Asturies, et d’ailleurs, pose peut-être le cadre du développement d’un mouvement de luttes radicalisé, sur des positions de classe, refusant toute compromis

ardeasturias

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Partout en Europe, imposons l’annulation des dettes illégitimes, la nationalisation du secteur bancaire, l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, la création d’emplois de qualité pour tous dans des activités bénéfiques à l’ensemble des populations et qui respectent les équilibres écologiques de la planète !

SOLIDARITÉ AVEC LES MINEURS DU CHARBON EN ASTURIES

Depuis fin mai, les mineurs du charbon d’Asturies et de Léon, dans l’état Espagnol, sont sur le pied de guerre. Ils se mobilisent contre les mesures du gouvernement Rajoy qui suspendent les subventions à l’exploitation charbonnière. Cela signifie la fermeture de nombreux puits, la perte directe de 10.000 emplois affectant quelques 200.000 personnes ainsi que l’ensemble des activités dans les régions minières. Cette coupe dans les subventions pour les mines qui atteint 200 millions d’euros, survient en même temps que 24 milliards sont mobilisés pour renflouer Bankia dans le cadre du « plan de sauvetage » européen.

Pour défendre leur emploi, les mineurs ont répondu par une lutte exemplaire de combativité et d’auto-organisation : grève illimitée, avec occupations de galeries souterraines et barrages des principaux axes routiers de leur région. Une grève générale du secteur le 18 juin, suivie à 100%, fut un succès total. Il est à souligner que les femmes se mobilisent fortement dans toutes ces actions.

La seule réponse du gouvernement a été le refus de négocier et l’organisation d’une répression féroce par la police et la garde civile. Le 22 juin, depuis différents districts miniers, plus de 200 mineurs ont commencé une marche vers Madrid. Celle-ci reçoit l’appui massif et chaleureux de la population.

Depuis de nombreuses années, les patrons du secteur minier s’emplissent les poches grâce à la sueur des mineurs et aux subventions publiques sans aucun scrupule pour l’environnement ni pour la santé de la population de la région. Aujourd’hui, alors que les trois grandes entreprises électriques qui utilisent le charbon des 40 mines encore en activité ont fait un bénéfice net après impôts de 6,34 milliards d’euros, c’est l’emploi du secteur qui est menacé par les coupes dans les subventions d’état qui font partie des mesures d’austérité imposées par « le plan de sauvetage » européen. Pour qu’une minorité continue à engranger toujours plus de profits, partout en Europe, les gouvernements font payer la crise du capitalisme aux travailleurs. Le combat déterminé des mineurs de l’Etat espagnol est donc plus que jamais celui de tous les travailleurs européens !

En Belgique, nous avons organisé le 13 juin dernier, une manifestation unitaire de solidarité avec le peuple grec, lui aussi sous le feu de violentes attaques d’austérité.

Aujourd’hui, nous exprimons également notre pleine solidarité avec la dure lutte menée par les mineurs espagnols. Nous soutenons leurs revendications pour la fin de la répression et la libération de tous les activistes arrêtés lors des actions, ainsi que pour la nationalisation des bassins miniers afin de garantir le maintien de l’emploi.

Avec sa participation au plan de « sauvetage » des banques espagnoles, nous dénonçons le rôle de l’état belge qui, en prétendant « aider l’Espagne », permet aux financiers de se faire encore plus de profits faciles sur le dos des travailleurs et de la planète.

La véritable aide consisterait en l’annulation de la dette illégitime, une juste répartition des richesses et la mise en place progressive d’un nouveau modèle productif, contrôlé par la population, au service des intérêts sociaux et respectueux des équilibres écologiques de notre planète.

LA LUTTE EXEMPLAIRE DES MINEURS DONNE DE LA FORCE A L’ENSEMBLE DES TRAVAILLEURS EUROPEENS CONTRE LES PLANS D’AUSTERITE. UNE VICTOIRE DES MINEURS SERAIT UNE VICTOIRE CONTRE L’EUROPE DU CAPITAL !

Premiers signataires :

ASBL CEPRé (Centre d’Education Populaire Régional – La Louvière) ; Comités Action Europe ; Egalité ; Ligue Communiste Révolutionnaire/Socialistische Arbeiderspartij (LCR-SAP) ; organizacion hermana de izquierda anticapitalista ; Ligue Communiste des Travailleurs (LCT) ; organizacion hermana de Corriente Roja ; Parti communiste; Partito della Rifondazione Comunista – Federazione della Sinistra Belgio ; Philippe Dubois – Secrétaire permanent CGSP Cheminots Bruxelles ; Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM) Belgique ; Ander Europa.

Photos de l’action :

http://www.demotix.com/news/1342638/rally-show-support-spaniards-held-brussels#slide-1

Vidéos et photos sur l’arrivée de la marche noire des mineurs à Madrid et l’accueil populaire qui leur a été réservé


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