Hommage belge à Aboubakar Cissé.

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Bruxelles 11 mai 2025
Rassemblement en mémoire et en hommage à Aboubakar Cissé, assassiné le 25 avril 2025 dans une mosquée du Gard, en pleine prière, parce que Musulman !

Frères,
sœurs,
camarades,
et tous les autres –  ceux qui  savent l’urgence dans laquelle nous sommes …

On vient encore de nous planter un couteau dans le dos. Littéralement.

Cette fois, c’est notre frère Aboubakar Cissé.
Poignardé dans sa propre mosquée.

Un frère.
Un croyant.
Un humain.
Un de ceux qui ne demandent rien, qui vivent sans faire de vagues – sauf pour ceux que notre simple existence fait suffoquer.

Et le plus glaçant dans cette affaire, en plus du meurtre, cest le silence.

Silence politique.
Silence médiatique.
Silence judiciaire.
Silence… complice.

En France, en Belgique, en Europe, en 2025, un musulman peut être assassiné dans une mosquée – et personne ne bronche.
Les chiens de garde des plateaux n’aboient même pas.
Pas un édito.
Pas une minute de silence à l’Assemblée.
Pas un tweet ministériel.

Le vide. Le néant.
Comme si sa vie ne valait rien.
Comme si son sang valait moins qu’un pare-brise de commissariat.

Mais on attend quoi, sérieusement ?

Qu’on commence à nous tirer dessus en pleine prière ?
C’est déjà arrivé ailleurs. Et ça arrivera encore ici.

Car ce meurtre, celui de notre frère Aboubakar, il est le produit de notre époque.

Le résultat d’une machine bien huilée : l’islamophobie d’État.

Pas celle des néonazis en survêt’. Non.
Celle des députés en costume,
des éditorialistes sous coke,
des recteurs d’académie,
des commissaires, des juges,
des philosophes en roue libre.

Depuis 2001, on nous gave du même discours :

« L’islam est un problème. »
« Le voile est un danger. »
« Les barbus sont une menace. »

Et pendant qu’ils débattent de la longueur de nos jupes, on nous tue.

L’islamophobie, ce n’est pas une simple haine. C’est un logiciel.

Le logiciel de l’État raciste. De la suprématie blanche.

C’est le même logiciel qui bombarde Gaza et gaze les manifestants à Paris.
Le même qui tue Aboubakar ici et les enfants palestiniens là-bas.
Le même qui protège les colons, les génocidaires et les flics tueurs dans nos quartiers.

Vous voyez le lien ou il faut encore un PowerPoint ?

Parce qu’il y en a un. Et il est limpide.

Ce système tue.
Ici comme là-bas.
Par une balle, un missile ou un silence.

Et pendant ce temps-là, on nous dit de rester calmes.
De ne pas faire d’amalgames.
De respecter la loi.

Mais vous croyez qu’on va continuer à tendre l’autre joue pendant qu’on nous plante des lames dans le dos ?

Vous croyez qu’on va continuer à prouver qu’on est « modérés » pendant qu’on nous enterre vivants ?

Il n’y a pas de neutralité possible.

Soit tu es contre ce système, soit tu es complice.

Il est temps — ou peut-être trop tard

Le feu est là.

Ce que nous vivons, ce n’est pas une simple discrimination.
C’est une guerre idéologique.

Une guerre contre :

  • les pauvres,

  • les Noirs,

  • les Arabes,

  • les Rroms,

  • les migrants,

  • les sans-papiers,

  • les croyants,

  • les résistants.

Et cette guerre, ils la mènent partout :

Dans les tribunaux.
Dans les écoles.
Dans les commissariats.
Avec des avions de chasse et des matraques.

Et si vous doutez encore, regardez ce qu’on fait aux soutiens de la Palestine.
Dissolutions, arrestations, diffamations.
Même pleurer les morts est devenu suspect.

Alors oui, frères, sœurs, camarades :

ce combat n’est pas communautaire.

Il est antifasciste.

Et il est vital.
Parce qu’on ne milite pas pour des droits abstraits.
On milite pour notre survie collective.

La vérité ? On n’a plus le luxe d’être modérés.
La vérité ? Le statu quo, c’est la mort.
La vérité ? On ne fera jamais la paix avec un système qui nous veut morts.

À celles et ceux qui doutent encore, qui disent qu’on exagère :

ouvrez les yeux.

Aboubakar n’est pas un symbole.
C’est un frère assassiné dans un pays
qui préfère parler de barbes à la plage
plutôt que de sang sur les pavés.

La lutte contre le fascisme n’est pas un choix.

C’est une stratégie de survie.

Et dans cette stratégie, on n’attend plus les consignes.
On construit nos réseaux, nos alliances, nos résistances.

Le combat contre l’islamophobie n’est pas communautaire.
C’est un combat contre le fascisme.

Et ce combat-là, il est global.

On n’a plus le temps. Peut-être qu’il est déjà trop tard.
Mais même trop tard, il faut se lever.

Pas pour négocier notre humanité.
Pour l’imposer.

Pas pour demander la paix.
Mais pour dire non à la guerre qu’ils nous imposent.

Ce combat, c’est le même que celui des Noirs contre la suprématie blanche aux États-Unis.
Le même que celui des peuples autochtones contre les expropriations.
Le même que celui des migrants contre les frontières assassines.
Le même que celui des mères de quartier qui pleurent leurs enfants tués par la police.

Notre combat est un cri de vie contre le pouvoir de mort.

Un cri pour dire qu’on ne pliera pas.
Qu’on n’oubliera pas Aboubakar.
Qu’on continuera à nommer les assassins.
Et qu’on dénoncera le système qui les rend possibles.

Frères, sœurs, camarades,

On doit honorer nos morts, protéger nos vivants, et foutre la honte à ceux qui ferment les yeux.

Parce que demain, ce sera peut-être toi, moi, ou ta sœur.
Et parce qu’on ne laissera plus personne tomber dans l’oubli.

Aboubakar, ton nom est gravé.
On le portera haut.
Pas comme une plainte.
Comme une promesse.

Frères, sœurs, camarades,
ce combat est juste. Il est noble.

Et tant qu’on le portera ensemble,
aucun pouvoir, aussi brutal soit-il,
ne pourra effacer la dignité de nos résistances.

Aboubakar, on ne t’oublie pas.
On se lève pour toi.
On lutte pour tous les vivants.

Et notre mémoire sera notre arme.

Nordine Saïdi
Bruxelles Panthères

« La liberté, la justice et l’égalité, par tous les moyens nécessaires ! » Malcolm X

Mouvement Citoyen Palestine
« L’égalité ou rien » Edward Said

Aboubakar : martyr de l’ islamophobie et de la suprématie blanche.
Le 18 avril 2025, dans la petite mosquée d’Alès, en France, Aboubakar, jeune frère d’origine malienne, a été assassiné pendant qu’il priait. Pas à l’extérieur. Pas dans une ruelle sombre. Dans la Maison de Dieu, en pleine prosternation, symbole absolu de paix, de confiance, de lien avec le divin. Il a été tué par celui-là même qui avait partagé avec lui ce moment sacré. Un meurtre programmé. Une trahison sadique.
Car il faut dire les choses telles qu’elles sont : le tueur n’a pas frappé dans un accès de folie isolée. Il a prémédité cet acte. Il a pris place dans la mosquée, il a prié, il s’est fondu dans la communauté avant de le poignardé froidement. Ce n’est pas seulement un crime. C’est un siège. Une opération militaire.
C’est la plus vieille tactique coloniale : séduire, tromper, puis détruire.
Ce meurtre, parce qu’il a eu lieu dans l’espace le plus sacré pour un musulman, nous parle d’un sadisme racial, d’une violence d’infiltration, d’une perversion politique du rapport au sacré.
Tuer un homme en prière, c’est envoyer un message : « Même votre Dieu ne vous protège pas. » C’est le cri silencieux d’un suprémacisme blanc qui veut nous briser jusqu’au cœur de notre foi.
Et nous devons le marteler sans faiblir : ce n’est pas un fait divers. Ce n’est pas une anomalie. Ce n’est pas un incident isolé.
Ce meurtre est l’expression directe d’une infrastructure historique : la suprématie blanche européenne, cette machine coloniale vieille de plusieurs siècles qui, comme l’expliquait Frantz Fanon, constitue « un tout systémique ».
Un ordre mondial racial, né de la colonisation, jamais démantelé.
Frantz Fanon, dans son discours Racisme et Culture au 1ᵉʳ Congrès des Écrivains et Artistes Noirs de 1956, l’affirmait sans détour :
« Tout groupe colonialiste est raciste. » Le racisme y est fonctionnel, structurel, enraciné dans la culture même.
L’Europe d’aujourd’hui — France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Italie — ne sont pas devenues racistes par accident. Elles sont nées dans le racisme, se sont développées dans la colonisation, se maintiennent dans la suprématie blanche.
La prétendue neutralité, la laïcité à géométrie variable, les « valeurs européennes » brandies comme boucliers ne sont que la version contemporaine du fouet colonial.
C’est le même logiciel mental. Seules les formes ont changé.
Hier, ils plantaient des croix sur nos terres. Aujourd’hui, ils veulent planter leurs lois dans nos corps. Ils veulent formater nos existences, nos croyances, nos prières, nos manières d’être.
Le meurtre d’Aboubakar doit être lu dans cette grille d’analyse :
la même Europe qui a brûlé les villages, construit les camps, baptisé de force nos ancêtres, continue de criminaliser nos existences musulmanes, noires, rroms, arabes.
Trahison, siège, sadisme : une stratégie coloniale reconduite.
Tuer Aboubakar pendant la prière, après s’être agenouillé à ses côtés, c’est rééditer les mêmes stratégies de tromperie et d’infiltration que celles utilisées par les colons pour massacrer les villages africains et amérindiens.
Le tueur a mimé l’appartenance pour mieux trahir.
Il a mimé la fraternité pour mieux assassiner.
Comme les armées coloniales qui signaient des traités de paix pour mieux violer ensuite leurs engagements, il a simulé la foi pour profaner le sacré.
Nous ne devons pas analyser cet acte à travers la grille individuelle du « fou isolé », cette fiction libérale qui dilue la responsabilité politique dans la pathologie privée.
Nous devons l’analyser comme un produit d’une culture suprémaciste, raciste, islamophobe — une culture où le meurtre d’un Noir musulman est banalisé, normalisé, presque attendu.
La suprématie blanche, une architecture transnationale.
Aujourd’hui, le racisme d’État n’est pas une exception française.
C’est la colonne vertébrale de l’Union européenne.
En Belgique, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie,… les jeunes arabes et noirs sont contrôlés au faciès quatre fois plus que les jeunes blancs, les crimes policiers contre les racialisés restent massivement impunis, les attaques contre les mosquées ont doublé depuis 2020, les partis islamophobes sont normalisés jusqu’au sommet de l’État, les naufrages de migrants sont traités comme des externalités économiques.
Additionnons ces violences nationales et vous obtenez une seule et même suprématie blanche continentale.
Comme l’écrivait Fanon :
« La réalité est qu’un pays colonial est un pays raciste. […] Si en Angleterre ou en Belgique ou en France, il se trouve encore des racistes, ce sont eux qui, contre l’ensemble du pays, ont raison. ».
Aboubakar : martyr d’une guerre coloniale qui n’a jamais cessé.
Refusons de réduire Aboubakar à une victime passive.
Aboubakar est un martyr. Un soldat non-armé de la dignité humaine.
Il est tombé parce qu’il priait, parce qu’il était musulman, parce qu’il était noir, parce qu’il vivait.
Son assassinat est une déclaration de guerre de la suprématie blanche contre nos existences.
Il nous oblige.
Il nous commande d’abandonner toute naïveté sur la possibilité d’une cohabitation pacifique avec un système conçu pour notre effacement.
À nous d’organiser notre colère. À nous d’armer notre amour. À nous de construire un contre-pouvoir radical, anticolonial, panafricain, panarabe, décolonial.
Pas pour demander une place dans leur monde.
Pour construire le nôtre.
Parce qu’aucun Noir, Arabe, Rrom, musulman, sans-papiers, migrant, ne sera jamais en sécurité tant que l’ordre racial mondial ne sera pas démantelé.
Nordine Saïdi
Bruxelles Panthères

« La liberté, la justice et l’égalité, par tous les moyens nécessaires ! » Malcolm X

Mouvement Citoyen Palestine


« L’égalité ou rien » Edward Said
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