Caroline Fourest est lamentable : elle s’est fait une spécialité de réactiver toutes les vieilles ficelles utilisées par tous les fachos et autres colonialistes qui hantent l’histoire de France. C’est à une vieille tradition qu’appartient en effet la journaliste multicarte : celle par exemple des prétendus « anarchistes de droite » – entité insensée et extravagante consistant en réalité à pouvoir être pleinement, sans culpabilité aucune, « de droite », sans jamais avoir à en assumer aucune conséquence – donc en jouissant du capital symbolique des amoureux de la liberté. Ou encore celle du fameux colon pilleur-massacreur arguant d’une mission civilisatrice généreuse et humaniste, n’empêchant pas accessoirement, pour le bien des barbares, de voler, torturer et jeter des corps dans la Seine.
En un mot, ces idéologues réactionnaires qui ont la particularité de ne pas assumer ce qu’ils sont, de déguiser leur pensée en permanence derrière des énoncés signifiant exactement l’inverse de ce qu’ils font réellement, recherchent et obtiennent dans les faits, depuis trop longtemps, le beurre et l’argent du beurre.
Le dévoilement de ce que sont vraiment ces agents des forces contre-révolutionnaires colonialistes comme Caroline Fourest, doit reposer sur une dénonciation de leur méthode ignoble, extrêmement simpliste, mais d’une efficacité redoutable en cette période qui se caractérise par un certain déchainement généralisé – sorte d’immense émeute raciste complètement décomplexée à laquelle participent certains responsables politiques, intellectuels médiatiques et autres idéologues-petits-soldats défenseurs des privilèges blancs.
La première arme de ces petits soldats est bien sûr la calomnie. Ils insultent, mentent, accusent le plus souvent les autres de crimes qu’ils n’ont bien sûr jamais commis (mais qu’eux-mêmes en revanche commettent quotidiennement : « c’est celui qui le dit qui y est ! »).
Caroline Fourest prétend aujourd’hui que ceux qui ont osé interrompre sa mascarade à l’ULB sont d’extrême droite.
C’est une manie chez elle : dans un hors-série du journal anti-musulman, Charlie Hebdo, datant de l’année dernière, elle n’a pas hésité à dire de la grande intellectuelle et militante féministe, Christine Delphy, qu’elle aussi évidemment avait rejoint l’extrême droite. Si nous n’étions pas dans une période si violente, il y aurait sûrement de quoi rire : celle que tous les historiens honnêtes du féminisme présentent comme une actrice majeure de la lutte pour l’égalité, reconnue mondialement, et qui depuis des décennies se bat encore contre toutes les formes de sexisme et de racisme, se voit assimilée à ses pires ennemis…par qui au juste ? Une « féministe » qui milite activement contre le droit des musulmanes qui portent un foulard.
Et si l’on entre un peu plus dans les détails et qu’on s’intéresse concrètement à ce qu’elle dit et écrit au-delà de sa réputation de féministe de gauche, que constate-t-on ? Qu’elle milite par exemple pour que les joueurs de l’équipe de France de foot se mettent à chanter de bon coeur la Marseillaise (http://lmsi.net/Le-collectif-Les-mots-sont,1063). En voilà un combat ! Qui, à part l’extrême-droite, les partis de pouvoir ou les « nouveaux chiens de garde » osent aujourd’hui se battre pour une telle problématique d’arrière-garde nationaliste ? Des escrocs qui parviennent encore à passer parfois pour des progressistes aux yeux des naïfs, alors même que presque jamais ils ne consacrent une de leurs chroniques dans les grands journaux qui les emploient, à une véritable critique du racisme – mais ça, c’est presque normal. Le pire – et du coup on se demande en quoi ces gens sont encore « de gauche », ils ne critiquent jamais la déréglementation et la précarisation, la discrimination à l’embauche, le harcèlement policier ou l’incarcération massive. Jamais aucune croisade aussi violente que celle qui a été menée contre « frère Tariq », consacrée par exemple à une véritable critique du MEDEF, du Gouvernement, des Marchés financiers, des policiers violents, des patrons qui discriminent, des armées colonialistes, des politiciens véreux, ou des responsables politiques corrompus. Et à en croire ses cibles, on dirait que la France n’est pas dominée par des grands bourgeois blancs, que son économie n’est pas libérale et financiarisée, et que seuls des Musulmans peuvent être sexistes. Qu’est-ce que cette vision revenant à nier tous les rapports de domination qui structurent l’ordre social français pour ne se focaliser que sur les défauts grossis ou fantasmés d’une minorité ?
Dernièrement, tenez-vous bien, contre quoi Caroline Fourest a tenu à se battre ? Contre le droit de vote des immigrés aux élections locales ! (http://lmsi.net/Retour-de-flamme). Avec des arguments qui la situent au minimum à la droite du PS. Cela ajouté à ses prises de positions pro-Marseillaise, anti-musulmanes, et encore plus récemment, contre la démocratie chez les Arabes (http://www.slateafrique.com/81779/tunisie-revolution-islamisme-croisade-caroline-fourest), franchement, qu’est-ce qui distingue encore Caroline Fourest de la droite ?
« Comment démasquer un masque ? » s’est demandé Sadri Khiari dans son livre qui met un point final à Caroline Fourest (http://www.indigenes-republique.fr/article.php3 ?id_article=1211).
Une personne aux idées clairement extrémistes qui qualifie systématiquement ses contradicteurs d’extrémistes…comme nous l’avons dit au début de ce texte, ça n’a rien de neuf en France : on qualifiait bien les résistants algériens qui luttèrent contre l’hydre colonialiste de « terroristes », tout comme d’autres occupants le firent avec les résistants des F.T.P- M.O.I.
Mais là comme ailleurs, « c’est celui qui le dit qui y est ». La défourestation des esprits est une nécessité. Mieux, c’est un devoir.
Houria Bouteldja, Porte-parole du PIR (Parti des Indigènes de la République)