Pique-niques citoyens et récupérations politiques en série…

Philippe Van Parijs, professeur à l’Université Catholique de Louvain, dans une carte blanche du journal LE SOIR le 24 mai, a lancé l’idée d’un pique-nique sur le boulevard Anspach en plein centre-ville le dimanche entre midi et 14h pour se réapproprier l’espace public envahi par les automobilistes. Le lieu proposé se situait entre la place de Brouckère et la Bourse. La Ville de Bruxelles n’a pas autorisé cette manifestation mais l’a tolérée et celle-ci a été encadrée par la police. Vu le nombre de participants, ceux-ci ont été rassemblés sur la place de la Bourse avec quelques débordements sur le boulevard Anspach et la rue Auguste Orts face à la Bourse. A 14h30, les policiers ont demandé aux pique-niqueurs de partir.

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Elle est formidable, cette idée des pique-niques !

 

Depuis que le philosophe Philippe Van Parijs l’a couchée sur papier, chacun, dans le Landernau politique bruxellois, se bouscule pour en revendiquer l’esprit et s’en faire le porte-parole…

 

Ainsi Marion Lemesre, après avoir déclaré sur son blog (7 juin 2012) que le MR, et plus particulièrement elle-même et Monsieur Courtois, s’ « associaient volontiers à la sympathique démarche de réappropriation de l’espace public sous la forme d’un pique-nique bon enfant »,  adresse maintenant au Bourgmestre Freddy Thielemans (qui de son côté trouve l’idée « charmante ») le message suivant :

 

 

Chère Madame Lemesre, personne n’est dupe des manoeuvres politiques autour de ces pique-niques.

 

Ni celles du Bourgmestre, ni les vôtres, ni même celles d’Ecolo/Groen, qui n’est pas à la base de cette initiative citoyenne et exclusivement citoyenne.

 

En revanche, je trouve vos propos particulièrement déplacés, venant d’un parti, en général, et de personnes, en particulier, plus habitués à surfer sur les thèmes qui divisent, entretiennent un climat de méfiance entre les citoyens et entrainent notre société dans la spirale de l’obsession sécuritaire.

 

Qu’il me suffise, pour bien me faire comprendre, d’évoquer Monsieur Alain Destexhe qui vous adresse des posts humoristiques sur « vos amis norvégiens », ou Alain Courtois qui « n’ose plus aller à De Brouckère ou à Sainte Catherine après 21h 30», allant jusqu’à parler de Chicago, et suggérant (évidemment) une présence policière accrue…

 

Outre que je conseillerais à Monsieur Courtois, tétanisé par la peur, plutôt que de mettre des militaires dans nos rues comme le suggère Vincent De Wolf, de se faire escorter, par une vieille dame de mon quartier (Sainte Catherine), âgée de plus de 80 ans et habituée à s’y promener jusqu’à des heures (très) avancées de la soirée, veuillez prendre note que les Citoyens bruxellois, les Zinnekes, souhaitent, dans leur immense majorité, vivre ensemble en bonne intelligence, et non assister, dans les 4 mois qui viennent (et au-delà), aux joutes (pré/post-)électorales de quelques opportunistes se livrant sous nous yeux à un pathétique spectacle de musculation, bien plus proche de la parade nuptiale que réellement porteur de projets concrets de vie en société, une société qui prendrait en considération et en respecterait toutes les composantes.

 

Lorsque je lis, toujours sous votre plume, que vous parlez de ces pique-niques en termes de « développement stratégique régional », je comprends que vous avez à l’esprit les investisseurs, spéculateurs et autres promoteurs immobiliers « intéressés » par Bruxelles. Je comprends que vous parlez au nom de ceux qui ont enlaidi notre ville mais n’y habitent pas, au nom de ceux qui ont plongé notre société dans une crise sans précédent mais n’en souffrent pas…

 

Moi je vous parle de ceux qui rament, tandis que vous surfez sur un ennième remake aux relents nauséabonds du tristement célèbre « Dividere et imperare »…

 

Je vous parle des habitants.

 

Je vous parle des Citoyens.

 

Ces Citoyens qui se sont déplacés en masse dimanche dernier et qui, sans être dupes, saluent toute initiative allant dans le sens d’une ville plus conviviale.

 

Même quand elle s’avère insuffisante.

 

Insuffisante parce qu’il ne s’agit pas seulement de pique-niquer mais de recréer du lien social.

 

Insuffisante parce que ce ne sont évidemment pas 2 heures par dimanche, en été, qui vont changer le visage de Bruxelles… mais c’est un début.

 

Insuffisante parce que le coeur de Bruxelles, c’est bien plus que l’axe Fontainas-De Brouckère.

 

Insuffisante parce que cette idée pourrait fleurir ailleurs, dans d’autres communes, dans d’autres rues ou sur d’autres places…

 

Le but de cette initiative n’est pas que toute la Région bruxelloise converge vers le centre ville à 12 heures tapantes pour s’en retourner, deux heures plus tard, dans son propre quartier où il saluera à peine ses voisins.

 

Insuffisante parce que nous savons pertinemment qu’elle est liée au contexte des élections communales, à gauche, à droite, au centre…

 

Oui, elle est formidable, cette idée des pique-niques !

 

Celui qui l’a eue et ceux qui la portent aujourd’hui se moquent bien de vos calculs politiques, à gauche, à droite, au centre…

 

Notre vie, contrairement à la vôtre, n’est pas conditionnée par l’échéance électorale du 14 octobre 2012 ni une autre.

 

Elle se construit au quotidien. Elle se construit dans la durée.

 

Electeurs un jour, Citoyens tous les jours, nous aimons notre ville et nous n’avons pas fini de vous le faire savoir…

 

 

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