Que nous enseignent les aveugles au sujet de la race ?

Cela fait plusieurs années qu’une révolution silencieuse s’opère dans le domaine électronique. Les gadgets qui font partie de notre quotidien, ont appris à voir. S’appuyant sur les instruments d’optiques et les logiciels qui peuvent détecter les visages et suivre les mouvements du corps, les caméras, jeux, téléphones et autres, ont accédé aux mécanismes de vision et reconnaissance qui furent considérés un temps comme le territoire exclusif des êtres dotés de sensation (ici, capable de vision)

L’islamophobie et les théories critiques du racisme

Lancement d’une nouvelle revue en ligne de théorie marxiste, Période.

 

 

 

Dans cette contribution, Fanny Müller-Uri et Benjamin Opratko se proposent de passer le concept d’islamophobie au crible de la riche tradition d’analyse marxiste de la race. L’islamophobie pose en effet un défi aux interprétations traditionnelles de la race et du racisme. L’islamophobie invite à davantage penser la race et le racisme comme des constructions sociales fortement spécifiées historiquement, ainsi qu’à mieux cerner l’intrication entre leurs dimensions « biologiques » et « culturelles ». Ces précisions permettent de mieux situer la place de la race dans les luttes d’hégémonie et de contre-hégémonie.

 

L’objet de cet article1 est de réfléchir aux implications théoriques et conceptuelles des études et publications les plus récentes sur le phénomène de « l’islamophobie » dans les pays du Nord, c’est-à-dire principalement l’Europe et les États-Unis. Notre propos suivra quatre étapes :

 

Premièrement, nous donnerons un court aperçu des développements contemporains au sein du champ universitaire émergent que sont les études sur l’Islamophobie (Islamophobia studies). Deuxièmement, nous discuterons des usages du terme « d’islamophobie » dans certaines des contributions les plus importantes de ce champ de recherche. Nous examinerons ainsi les problèmes produits par l’absence systématique de confrontation avec les théories critiques du racisme. Dans une troisième partie, nous traduirons les conséquences théoriques du défi que représente « l’islamophobie » dans un cadre conceptuel alternatif plus à même de rendre compte du racisme anti-musulmans. Nous examinerons la manière dont celui-ci renvoie à un ensemble de principes fondamentaux d’une critique radicale et marxiste du racisme. Nous conclurons enfin par quelques suggestions sur la manière dont ces considérations théoriques peuvent être aujourd’hui mobilisées dans des stratégies anti-racistes.

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Black History Month. De l’esclavage aux réparations

 

 

 

La Fondation Frantz Fanon a participé à la réunion  » de l’esclavage aux réparations » dans le cadre du Black Month History, le 28 février 2014 à la salle Jean Dame à Paris.

Black History Month
De l’esclavage aux réparations
Paris, 28 février 2014
2014, treize ans après la loi du 21 mai 2001
La question des réparations, toujours d’actualité…

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De droite à gauche Doudou Diène, rapporteur spécial à l’ONU, Louis-Georges Tin, CRAN, Mireille Fanon-Mendes France, Fondation Frantz Fanon

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L’autre versant du racisme : le privilège blanc

L’autre versant du racisme : le privilège blanc

Le corollaire de la discrimination engendrée par le racisme, c’est le « privilège blanc ». Toute une série d’avantages avec lesquels les personnes blanches partent dans la vie, pour l’unique raison qu’elles sont blanches. Ces atouts font qu’elles sont perçues comme a priori légitimes, a priori compétentes et a priori innocentes[1].

Cela a tendance à leur valoir de la considération, quand les personnes racisées[2] font globalement l’objet d’une présomption de culpabilité, de médiocrité (ce qui peut leur valoir du mépris) et d’incompétence. En vertu de ce privilège, non discrétionnaire, systémique et lié à l’absence de discrimination subie (voir la définition détaillée de ce concept dans ce contexte précis dans « Briser le tabou du privilège pour lutter contre le racisme et le sexisme »), les personnes blanches n’ont pas à faire leurs preuves en tant que blanches.

Se voir en tant que blanc·he·s

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« Pensées d’hier pour demain »

10Seul a un sens progressiste ou non le contenu politique et économique de l’indépendanceCette nouvelle collection « Pensées d’hier pour demain » se propose d’offrir au public, jeune en particulier, de courts recueils de textes de divers-e-s actrices/acteurs qui, hier, furent au cœur de la lutte des peuples pour l’émancipation et dont, aujourd’hui, la pensée s’impose toujours comme de la plus grande actualité.

Dans son introduction Bachir Ben Barka décrit l’itinéraire intellectuel et politique de son père. Il indique, entre autres, l’autocritique, somme toute assez rare chez les militant-e-s, « il analysera dans une autocritique franche et responsable, les erreurs du mouvement national marocain durant les pourparlers d’Aix-les-Bains qui avaient préparé le retour d’exil de Mohamed V et l’indépendance du Maroc ». Il souligna aussi qu’au lendemain de l’indépendance, Mehdi Ben Barka « comprend rapidement qu’elle ne peut avoir de signification réelle que si la souveraineté et l’initiative du peuple deviennent le fondement même des nouvelles institutions du pays ». Il parle aussi de l’exil, de l’Organisation de solidarité des peuples afro-asiatiques, de la Conférence Tricontinentale, de son assassinat à Paris et « Ensuite, le scandale soulevé par ce crime d’État s’est prolongé par le scandale des raisons des États invoquées pour empêcher la vérité de voir le jour ».

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Les Roms : une nation sans territoire ?

Les Roms : une nation sans territoire ? (Première partie)

Ciments identitaires et organisation sociale

par Xavier Rothéa
22 janvier 2014

Face à la permanence de la politique anti-roms, quelques réalités doivent plus que jamais être rappelées, sur une population méconnue, invisibilisée ou stigmatisée, et soumise comme peu d’autres à des politiques d’État particulièrement violentes. C’est à ce rappel salutaire que participe le texte qui suit, initialement paru dans la revu anarchiste Réfractions, que nous remercions de nous autoriser cette republication.

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Présentation de « Petit précis de l’islamophobie ordinaire »

Nadia Henni-Moulaï est journaliste et auteur. Elle vient de publier le Petit précis de l’islamophobie ordinaire.

J’avais envie de raconter ce que les gens de mon entourage vivaient en raison de leur appartenance réelle ou supposée à la communauté musulmane », explique Nadia Henni-Moulaï à FRANCE 24. « Il y a une véritable méconnaissance de l’islam en France. Pourtant, cela n’empêche pas certaines personnes d’avoir des choses à dire sur la religion, des choses parfois tout simplement bêtes et méchantes ». Au fil d’anecdotes bien réelles, qui font parfois froid dans le dos, Nadia Henni-Moulaï nous livre ici un ouvrage plein d’humour et de légèreté sur un sujet d’actualité ; un sujet pourtant difficile à aborder sans tomber dans la dramatisation ou la victimisation : celui de l’islamophobie.

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« Sur Fanon, tout est encore à dire »

« Sur Fanon, tout est encore à dire »,

par Matthieu Renault

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En accompagnement de l’article « Que faire des postcolonial studies ? » de Félix Boggio Éwanjé-Épée et Matthieu Renault, publié dans la RdL n°13 nous republions ici un article de Matthieu Renault paru dans la RdL n°1.

Pour une généalogie de la critique postcoloniale

À propos de :
Pierre Bouvier
Aimé Césaire, Frantz Fanon, Portraits de décolonisés, Paris, Les Belles Lettres, 2010, 280 p., 27 €.

L’auteur du livre :
Pierre Bouvier
est professeur émérite à l’université Paris X-Nanterre et chercheur au Laboratoire d’anthropologie des institutions et des organisations sociales (CNRS/SEHESS). Il a notamment publié De la socioanthropologie (Galilée, 2011) et Le Lien social (Gallimard, 2005).

L’auteur de l’article :
Matthieu Renault
est doctorant en philosophie politique à l’université Paris VII Diderot et à l’Università degli Studi di Bologna. Sa thèse, qu’il soutiendra en septembre 2011, est intitulée « Frantz Fanon et les langages décoloniaux. Contribution à une généalogie de la critique postcoloniale ». Il est l’auteur de Frantz Fanon, de l’anticolonialisme à la critique postcoloniale, à paraître aux Éditions Amsterdam (octobre 2011).

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Portrait du colonisaliste- rencontre avec Jérémie Piolat

 

Rencontre avec Jérémie Piolat, auteur de « Portrait du colonialiste- L’effet boomerang de sa violence et de ses destructions « , à Bruxelles, en août 2013.

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Capitalisme, chasse aux sorcières et biens communs.

Il y a quelques siècles d’ici, elle aurait été envoyée au bûcher. Féministe infatigable, l’historienne et auteure de l’un des livres les plus téléchargés sur Internet, « Caliban and the Witch : Women, the Body and Primitive Accumulation » (Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive. Edition française à paraître aux Editions Senonevero en 2013) nous explique de manière rigoureuse les raisons politiques et économiques qui se cachaient derrière la chasse aux sorcières. Son dernier livre, « Revolution at Point Zero : Housework, Reproduction, and Feminist Struggle » (Common Notions/PM Press, 2012) est un recueil d’articles indispensables pour connaître sa trajectoire intellectuelle. Entretien réalisé pour la rubrique « Numeros Rojos » du journal en ligne « Publico.es » (Avanti4.be)

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