11-12-13 décembre 2015
Week-end contre l’Islamophobie en Europe
À Barcelone, à Madrid et dans 4 autres villes d’Espagne, à Bruxelles, à Londres, à Edinburgh et à Paris, des initiatives sont prises dans le cadre de Journées internationales contre l’Islamophobie.
Ces journées, organisées pour la troisième fois consécutive en Europe, se dérouleront dans un contexte particulier marqué par les attentats de Paris et ses conséquences. À des degrés divers selon les pays, ces attentats ont provoqué une onde de choc qui ébranle nos sociétés. Entre autres conséquences, ils servent de prétexte à l’installation d’un climat sécuritaire qui transforme chaque musulman-e en suspect potentiel.
Lutter contre cette Islamophobie qui se cache de moins en moins est aujourd’hui indispensable pour défendre les libertés démocratiques et les droits humains dont nos sociétés se prévalent. Par sa dimension internationale, et au-delà des différences d’accent que prendront nos différentes initiatives, nous affirmons l’universalité de la lutte antiraciste et, à travers elle, l’égalité en droit, en respect et en dignité de tous les êtres humains.
À Paris, Bruxelles, Londres, Edinburgh, Barcelone, Madrid et 4 autres villes en Espagne, des initiatives sont prises dans le cadre des Journées internationales contre l’islamophobie en Europe. Découvrez les évènements près de chez pour ce week-end dédié à la lutte contre l’islamophobie.
Ces journées, organisées pour la troisième fois consécutive en Europe, se dérouleront dans un contexte particulier marqué par les attentats de Paris et ses conséquences. À des degrés divers selon les pays, ces attentats ont provoqué une onde de choc qui ébranle nos sociétés. Entre autres conséquences, ils ont pu servir de prétexte à installer un climat sécuritaire qui transforme chaque musulman-e en suspect potentiel.
Lutter contre cette islamophobie qui se cache de moins en moins est aujourd’hui indispensable pour défendre les libertés démocratiques et les droits humains dont nos sociétés se prévalent. Par sa dimension internationale, et au-delà des différences d’accent que prendront nos différentes initiatives, nous affirmons l’universalité de la lutte antiraciste et, à travers elle, l’égalité en droit, en respect et en dignité de tous les êtres humains.
Paris
Vendredi 11 décembre 2015 à la bourse du travail de St Denis (France), 18h30
Pour une politique de paix, de justice et de dignité
Londres
Samedi 12 décembre 2015 à 14h
Islamophobia conference 2015 : The changing face of racism
Edinburg
Samedi 12 décembre à 11h
Islamophobia conference 2015 : The changing face of racism
Espagne
Samedi 12 décembre – six villes en Espagne : Barcelone, Cordoue, Madrid, Valence, Ceuta et Melilla
Jornada internacional contra la islamofobia
Bruxelles
Samedi 12 décembre à 19h
Actualités de l’islamophobie
Adresse : Pianofabriek, Rue du Fort 35,1060 Saint-Gillis
Dimanche 13 décembre 2015 à 14h
Contre l’état d’urgence, l’Islamophobie et la poursuite de la guerre
Adresse: Pianofabriek, Rue du Fort 35,1060 Saint-Gilles
Meeting
Contre l’état d’urgence, l’islamophobie et la poursuite de la guerre
Objectifs du meeting :
– donner des clés de compréhension et d’analyse de la situation.
– montrer qu’on est nombreux, et en capacité de faire quelque chose d’unitaire, de convergent.
– mettre en mouvement les gens en leur donnant des possibilités concrètes d’action.
– donner la parole aux personnes concernées et prendre la mesure du black-out qui leur est appliqué.
– visibiliser les mobilisations & actions en cours.Avec le soutien de : Bruxelles Panthères, Together For Dignity, Azira’s Way, ESG (Engagés, Solidaires & Généreux) asbl, Comité FreeAli, Prisoner’s Family & Friends Association, Collectif Présences Noires, Les Editions du Souffle, Migrations et luttes sociales, L’Usine à Vapeur, L’Encre Des Voilées, Inaya Asbl, FEWLA, Pianofabriek, System_D, Dafayow, DIP (Dichiariamo Illegale la Povertà) www.banningpoverty.org, Muslims Rights Belgium, ZIN TV, European Muslim Network, Change Asbl, Burger Opstaand • Citoyen Debout, Solidarity for All, LCR-SAP, Nouvelle Voie Anticoloniale . . . .
INFO PRATIQUE
Programme
13 :30 Accueil
14:00 Introduction : Malika Hamidi
14:20 Guerre & Terrorisme
Discours inaugural : Youssef Boussoumah
Intervenants : Luk Vervaet, Luis Andrade Martinez, Safa Bannani, Said Elouizi, Kalvin Soiresse Njall
16 :00 Interlude : Rappel des faits d’Islamophobie : Yamina Bounir de l’association Muslim Rights.
Présentation des plateformes Bruxelloise & Liégeoise
16:30 Contre l’état d’urgence & l’Islamophobie
Discours inaugural: Omar Slaouti
Intervenants : Farida Aarrass, Rachida Aziz, Aicha Daoudi, Maghfour Samira, Siham Abbas
18:00 Conclusion :
Houria Bouteldja, Malika Hamidi, Khadija Senhadji,Véronique Clette
19 :00 Cloture
Ou : Pianofabriek – 35, rue du Fort – Sint Gillis
Info : 0476/84.19.69
Avec :
Malika Hamidi, docteure en sociologie, Directrice Générale de European Muslim Network et membre du Steering Commitee » Forgotten Muslim Women » (projet de recherche sur l’impact de l’Islamophobie sur les femmes musulmane d’Europe).
Malika Hamidi, présidera la journée. Elle l’introduira en nous donnant les raisons d’être de ce meeting post-attentats et conclura la journée.
Véronique Clette-Gakuba, chercheuse à l’ULB, s’intéresse tout particulièrement aux Postcolonial Studies et Postcolonial Theory, . . .
http://ulb.academia.edu/V%C3%A9roniqueCletteGakuba
Active au sein du Collectif Présences Noires, elle a été l’une des porte-parole de Tout Autre Chose. http://enseignement.catholique.be/pmb/opac_css/index.php…
Véronique Clette-Gakuba animera la table ronde « Guerre & Terrorisme » et nous fera le plaisir de partager son analyse lors de la séance de clôture.
Khadija Senhadji est socio-anthropologue et exerce la fonction d’analyste auprès de l’Observatoire bruxellois de l’Emploi http://www.actiris.be/marchemp/tabid/205/language/fr-BE/L-Observatoire-bruxellois-de-l-Emploi.aspx . Intéressée par diverses thématiques telles que les inégalités, les identités et la mémoire dans une perspective post-coloniale, elle travaille en particulier sur la question des discriminations liées au genre et à l’origine ethnique sur le marché du travail.
Khadija Senhadji animera la table ronde « Guerre & Terrorisme » et nous fera le plaisir de partager son analyse lors de la séance de clôture.
Youssef Boussoumah est professeur d’histoire-géographie ; militant politique et associatif, souligne l’enracinement de la cause palestinienne dans les quartiers, le changement de profil des participants aux manifestations, caractérisé par l’irruption d’une génération nouvelle, qui n’a cessé de grossir régulièrement, le plus souvent en liaison avec des événements comme l’agression de l’été 2014 contre Gaza.
Youssef Boussoumah introduira le panel « Guerre & Terrorisme ».
Omar Slaouti est professeur de sciences physiques-chimie dans un lycée d’Argenteuil.
Il est membre du » Collectif Vérité et Justice pour Ali Ziri « . Il dénonce notamment cette guerre faite à l’intérieur même du territoire français « aux quartiers populaires, aux noirs, aux arabes, aux musulmans, et aux Rroms… » : les contrôles aux faciès, les violences et abus policiers qui font en moyenne un tué par mois, l’impunité trop souvent assurée par la justice, et le racisme structurel à l’œuvre derrière ces crimes d’État.
Omar Slaouti introduira le panel « Contre l’état d’urgence & l’Islamophobie ».
Houria Bouteldja est initiatrice et porte-parole du Parti des Indigènes de la République. Elle a publié de nombreux articles et participé à de nombreuses conférences internationales, en particulier sur les questions d’Islamophobie, de race ainsi que sur les questions féministes. Elle est également membre du comité de femmes Mafed, organisateur de la marche pour la dignité du 31 octobre 2015 à Paris.
Houria Bouteldja, nous fera le plaisir de partager son analyse de la journée lors de la clôture et lancera des pistes sur que faire maintenant ?
Luis Martinez Andrade est mexicain. Docteur en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales. En 2009, il a reçu le premier prix du concours international d’essai « Penser à contre-courant » organisé par l’Institut Cubain du Livre et le Ministère de la Culture Cubaine.
Le livre « Religión sin redención. Contradicciones sociales y sueños despiertos en América Latina » a été publié au Mexique en 2011, a reçu une large réception dans de nombreux pays et a été recensé dans des revues prestigieuses telles que Archives de Sciences Sociales des religions (France), Cahiers des Amériques latines (France), Ameryka Lacinska (Pologne) et en Amérique latine : Herramienta (Argentine), Metapolitica (Mexique), Plura : revista de Estudos de Religão (Brésil), Virajes (Colombie). Ce livre a également été traduit et publié en polonais et en anglais.
Luis Martinez Andrade nous parlera de la relation entre l’état d’Exception et le néolibéralisme au Mexique.
Pour lui, ce qui est en train de se passer en Europe est d’une part la montée du fascisme (expression de l’Islamophobie, politiques anti-migrantes) et d’autre part, la consolidation du modèle néolibéral (ce n’est pas un hasard si les populations plus pauvres sont dans les quartiers arabo-musulmans ou de migrants). Ce processus exprime bel et bien la logique du système capitaliste colonial dans sa forme néolibérale (inauguré, à coup de fusil, au Chili en 1973).
Luk Vervaet, enseignant, donnait cours aux détenus de la prison de Saint-Gilles. Il a été exclu illégalement par l’administration pénitentiaire en 2009 au motif qu’il représente un danger à cause de ses idées, jugées extrémistes. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont
« Guantanamo chez nous ? ». Il est aussi l’un des responsables de la campagne Free Ali.
Luk Vervaet nous parlera de L’affaire Ali Aarrass après les attentats de Paris, et plus généralement de l’évolution du monde carcéral en Belgique dans la guerre mondiale contre le terrorisme.
Safa Bannani est une journaliste arabophone qui travaille pour la radio AraBel basée à Bruxelles.
Elle a auparavant collaboré avec le bureau bruxellois d’Al Jazeera et travaillé au département Presse et Communication d’ENAR (European Network Against Racism). Elle est membre de l’EFOMW (Forum de la femme musulmane en Europe) et d’EmBeM (Empowering Belgian Muslim).
Elle écrit sur les médias, l’islam en Europe, le Maghreb et le Moyen-Orient.
Safa Bannani nous parlera de l’état des révolutions arabe depuis l’expérience tunisienne et comme les guerres engendrées par l’Occident ont alimenté et enfanté le terrorisme.
Siham Abbas est Présidente de l’Association Marocaine des Droits Humains à Bruxelles.
Elle nous parlera des dérive sécuritaire à Bruxelles après les attentas de Paris et l’impact prioritaire sur les belgo-marocains. Elle nous éclaircira aussi sur la collaboration entre les services marocains et belges ainsi que sur la présence de « policiers » marocains à Bruxelles.
Farida Aarrass, sœur d’Ali Aarrass, responsable de la campagne Free Ali. Préside une association sans but lucratif, qui se trouve dans le centre de Bruxelles et qui s’appelle E.S.G. Engagés, Solidaires & Généreux.
« Je suis une militante active, défenseuse des droits de l’Homme, mais avant tout humaniste très sensible à l’égard de tous les opprimés, qui qu’ils soient, d’où qu’ils soient et peu importe leur philosophie de vie ou confession religieuse. »
Farida Aarrass nous parlera de son expérience dans les quartiers de Molenbeek, et de l’appel
« Tous ensemble contre l’arbitraire. »
« Sans preuves claires et concrètes, nous ne devons laisser personne être amené, se faire enfermer et qui sait…. se voir extradé au pays d’origine…
Restons vigilants et surtout unis !!!
Ne laissons pas les familles des SOUPÇONNÉS à l’abandon !!!
Serrons-nous les coudes et suivons de près les différents cas, ils auront plus que jamais besoin de notre soutien à tous. Restons unis face à tout ce qui se passe !
S’il s’agit de vos proches, de vos amis, vos voisins, allez vers eux, rassurez-les, on doit créer notre cellule de crise citoyenne et nous débrouiller par nous-mêmes !
J’ai des coordonnées d’avocats pour eux, et on peut s’occuper des familles sans problème.
Gardons à l’esprit que c’est sous ce genre d’ambiance qu’on arrive à commettre les pires erreurs et à appréhender des innocents et leur faire vivre l’innommable.
Je suis disposée à aller vers les personnes qui ont besoin d’un appui d’un soutien. Je sais ce que c’est et me fais un devoir moral de les aider. »
Rachida Aziz, styliste et entrepreneuse belge, élue « Femme de l’année » aux Diwan Awards 2012, fondatrice de l’association Art@Azira, elle est membre du collectif de la Marche des Femmes pour la Dignité (MAFED). Elle a transformé sa boutique de la rue Antoine Dansaert en un « cultuurcafé », lieu culturel où se mélangent les générations et les origines ethniques.
Rachida Aziz nous parlera de l’appel « Brussels – est à nous – is van ons – belongs to us » dont elle est l’initiatrice.
« Bruxelles est une ville qui » respire » et » se nourrit de » politique. Non pas parce qu’elle compte de nombreux politiciens et Parlements sur son territoire mais parce que ses habitants n’attendent pas pour discuter, planifier et mettre à exécution leurs idées. »
Juste au moment où NOUS, Bruxellois.es, aurions plus que n’importe qui besoin de nous réunir pour discuter de ce qui est décidé à notre sujet et sans notre aval, tous les débats et les événements publics sont supprimés.
Aicha Daoudi est la maman de Moad, prénom de ce jeune garçon tabassé gratuitement par la police de Molenbeek. Moad avait été brutalement interpellé par cinq policiers de Molenbeek alors qu’il se rendait en courant à sa salle de sport. L’interpellation musclée s’était produite à proximité de son domicile dans le quartier d’Osseghem. Des photos de son visage tuméfié avaient ensuite été diffusées par plusieurs médias.
Aicha Daoudi, a lancé un « Comité de parents de victimes » pour dénoncer le comportement et le harcèlement policiers.
« Les auteurs d’exactions policières et les responsables doivent être traduits en Justice. Il ne peut y avoir d’impunité pour ces auteurs qui pratiquent la discrimination au faciès et considèrent tous les jeunes de Molenbeek comme des voyous», «Les cas de violences de la part de certains policiers de Molenbeek se multiplient et nous ne voulons plus laisser passer ce type d’abus. L’objectif n’est pas un appel à la violence mais bien à une prise de conscience».
Maghfour Samira nous parlera de L’Encre Des Voilées. Elle mettra en avant le fait que des combats justes peuvent (doivent) être menés ici, à Bruxelles, est aussi l’un des objectifs de L’Encre Des Voilées.
« Au travers de rencontres et d’échanges, j’ai pu constater que les personnes se retrouvent seules face à ce qu’elles vivent quotidiennement, pensant être les seules dans cette situation. Offrir un moyen de dénoncer cela, permet d’atténuer ce sentiment. Un rôle important et pas assez mis en avant, est celui de l’autre, vous et moi. »
Said Elouizi est un des Porte parole de « LA COORDINATION DES SANS PAPIERS »
La coordination des sans papiers est un réseau autonome de tous les collectifs sans papiers en lutte actuellement à Bruxelles. Le but de la coördination est de soutenir les actions indépendantes de chaque groupe et de faire des actions en commun.
Pour:
-la régularisation des sans- papiers
-la fermeture des centres fermés
-la liberté de circulation
-l’arrêt des expulsions
-l’arrêt de la criminalisation des sans-papiers
-le respect des droits fondamentaux comme l’accès aux soins
médicaux et à l’éducation
-le respect et l’application des droits de l’enfant.
Said Elouizi nous parlera de la guerre que mène FRONTEX aux migrants, ainsi que la terreur dans laquelle ils vivent quotidiennement.
http://sanspapiers.be/
Yamina Bounir est une militante musulmane pour les droits civiques ainsi que pour la paix dans le monde. Elle interviendra pour nous faire un rappel des faits sur l’Islamophobie.
Premier constat : trois victimes sur quatre ne donnent aucune suite aux discriminations ou violences subies. La nouvelle plateforme associative musulmane Muslims Rights rééditera l’état des lieux chaque année.
« J’étais à l’arrêt de bus avec une autre amie aussi convertie et on attendait le bus pour aller chez moi. De jeunes hommes sont arrivés et voyant qu’on était des Belges devenues musulmanes avec un foulard, ils nous ont arraché le foulard et nous ont traitées de “collabos”. On a eu tellement peur et nous ne savions pas ce que nous avions fait pour mériter ça. »
Le Livre blanc publié jeudi par la plateforme Muslims Rights s’ouvre sur le témoignage de Virginie, une jeune musulmane de Charleroi.
C’est la force de ce premier bilan : il s’appuie sur 600 témoignages concrets de citoyens de confession ou de culture musulmane qui s’estiment discriminés en raison de leur religion. Quel bilan tirer des 576 faits enregistrés ? Muslims Rights dresse quatre grands constats…
1. Les femmes sont davantage ciblées. Globalement, deux personnes discriminées sur trois (61,8 %) sont des femmes, et la proportion monte même à trois sur quatre si on s’en tient aux faits portant sur les pratiques vestimentaires.
2. Les jeunes sont davantage visés. L’enquête montre que deux personnes discriminées sur trois (62 %) sont des jeunes de moins de 30 ans. A peine 2 % des cas concernent des citoyens musulmans âgés de plus de 49 ans.
3. La discrimination à l’emploi est banalisée. C’est dans le domaine de l’emploi que les discriminations sont les plus courantes, après les agressions verbales et les manifestations de haine via internet ou les médias : 33 % des témoignages portent sur des refus d’embauche, de stage ou de promotion justifiés par la conviction religieuse des victimes.
4. Les victimes ne portent pas plainte. Enfin l’enquête montre que trois personnes s’estimant victime d’Islamophobie sur quatre (74,8 %) restent sans réaction. A peine 3 % signalent les faits au Centre pour l’égalité des chances, et 4 % portent plainte en justice ou auprès de la police. A noter : le succès relatif des procédures de médiation ou de conciliation (18 % des victimes optent pour cette voie).
La version intégrale du Livre blanc est disponible sur notre site : http://www.mrb-online.be
Kalvin Soiresse Njall, journaliste, Écrivain, Coordinateur du Collectif « Mémoire Coloniale et Lutte contre les Discriminations » rassemblant 130 associations africaines subsahariennes de Belgique.
« Nous prenons position sur toutes les formes de racisme. La question de la mémoire coloniale et de l’esclavage concerne l’ensemble des Belges et des Européens. Étant enseignant dans une province aisée, le Brabant Wallon, je suis bien placé pour savoir que cette histoire coloniale n’est pas du tout connue de nos élèves ! » Et en particulier, le lien historique existant entre la Belgique et les populations issues de ses anciennes colonies, le Congo, le Rwanda et le Burundi.
Un chantier de mémoire
La Belgique a du mal à regarder ce passé colonial en face. Un retard que le collectif entend bien pallier par des actions de terrain : « Nous ne sommes qu’au début de ce travail. En France, le débat porte sur la justice et la réparation. Ici, nous n’en sommes qu’à la reconnaissance ». Dès sa création, le collectif a fait du lobbying auprès des partis politiques et de la société civile pour faire connaître son combat : « Lors de notre colloque fondateur avec les historiens Elikia M’bokolo et Antoine Tshitungu, nous avons publié des actes sur le lien entre la propagande coloniale et les discriminations que subissent les Noirs aujourd’hui. C’était une première en Belgique ». Autre initiative organisée une fois par mois par le collectif : les « visites guidées anti-coloniales », autour de monuments de Bruxelles : « Nous sommes agréablement surpris d’y voir des personnes de toutes origines et de tous âges. Les parents viennent avec leurs enfants pour apprendre cette Histoire dont ils ont été privés, qui fait un peu honte et qui fascine ». Dans cette démarche de réconciliation nationale, difficile de faire l’impasse sur le controversé Musée royal de Tervuren : « Les touristes étaient fortement ébranlés par son côté propagandiste en faveur de la colonisation. Les Africains refusaient même d’y mettre les pieds. Les nouveaux dirigeants se sont dit qu’il y avait une nouvelle image à apporter au musée. Sous la pression des associations africaines, le musée a décidé de fermer et de se rénover complètement sur la forme et le fond. Pendant ce laps de temps, nous sommes consultés sur la manière dont ce musée doit être reconstruit en 2017 ».
Climat Négrophobe
Le collectif dénonce un climat raciste grandissant et les dérapages de la N-VA, parti nationaliste flamand présent au gouvernement et dont le président a été élu maire d’Anvers en 2012 : « Il a coupé dans les budgets sociaux et culturels en sachant que la majorité des citoyens d’origine étrangère d’Anvers travaillent dans ces secteurs. Et la libération de la parole raciste dans les médias français nous impacte par ricochet. De plus, depuis plusieurs mois, on nous rapporte dans le pays des bavures policières, des interpellations de Noirs qui finissent dans le sang ». À savoir que la Ligue des droits de l’Homme a mis en place un Observatoire des violences policières en Belgique (1) afin de récolter des informations et témoignages pour « établir une typologie et une cartographie indiscutables des actes d’agression ». (1) www.obspol.be
Plus d’infos: www.memoirecoloniale.be
Annexe :
In Koli Jean Bofane est né en 1954 à Mbandaka, en République démocratique du Congo (RDC).
En 1993, il quitte son pays natal pour la Belgique. En 1996, il publie « Pourquoi le lion n’est plus le roi des animaux » (Gallimard Jeunesse), prix de la critique de la Communauté française de Belgique, en 2000, « Bibi et les canards », et en 2008 « Mathématiques congolaises » (Actes Sud), prix littéraire de la SCAM 2009 et Grand prix littéraire d’Afrique noire la même année.
Son dernier roman, Congo Inc. Le testament de Bismarck, Actes Sud, 2014, vient de recevoir le prix des Cinq Continents de la francophonie.
• Les lois de la jungle ne sont plus ce qu’elles étaient par In Koli Jean Bofane, écrivain.
Chacun de nous, ces jours-ci, éprouve un malaise tenace face aux événements qui ont secoué l’actualité récente. À Paris, à Bamako, à Beyrouth. On se sent impuissant et on a du mal à comprendre. Il semble que la violence se répande de plus en plus vite et elle n’a de limites que dans l’imagination de celui qui l’exerce. En fouillant nos décombres dans quelques siècles, les archéologues seront surpris de constater que le XXIe siècle a débuté avec des décapitations, de l’esclavage de masse, des humains qui se font sauter à l’explosif, des enfants qui prennent plaisir à tirer dans le tas et mourir ensuite. Ça a l’air d’être n’importe quoi, pourtant cela a bien dû commencer quelque part. Blâmer le terrorisme ? Sans doute, mais je viens d’apprendre à l’instant que de jeunes Américains viennent, une fois de plus, de tirer à l’automatique sur le tournage d’un clip, blessant pas moins de seize personnes. Que revendiquaient-ils ? On ne sait pas. Les agissements de ces jeunes violents me font penser à un documentaire animalier vu, une nuit d’insomnie, sur une chaîne publique. Le reportage au début montrait une bande de rhinocéros tués dans une réserve naturelle en Afrique du Sud. Les pauvres bêtes avaient été abattues de façon atroce, leurs côtes avaient été défoncées et leurs carcasses gisaient comme si elles avaient subi un bombardement de drone. Vu que les cornes n’avaient pas été emportées, les gardiens furent bien obligés de reconnaître que ce ne pouvait pas être l’œuvre de braconniers. L’enquête pour identifier les coupables pris un peu de temps mais pas beaucoup. Les coupables n’étaient pas loin, ils vivaient dans la réserve, côtoyaient les rhinocéros, auraient peut-être dû les craindre mais il n’en avait pas été ainsi parce qu’il s’agissait de jeunes éléphants nés dans des zoos un peu partout dans le monde : d’Europe, d’Amérique, d’Asie. Ces jeunes pachydermes n’avaient pas été élevés comme il fallait, séparés de leurs parents dès le jeune âge. Ils avaient été livrés à eux-mêmes, sans éducation, sans avoir intégré la moindre limite, en manque total de sens en somme, même pour des bêtes. Leurs géniteurs et les membres de leur harde n’avaient pas eu le temps de leur apprendre les lois de la jungle. Elles sont strictes, là-bas. La vie doit être respectée sinon, gare à l’extinction des espèces. On ne leur avait jamais enseigné que, lorsqu’on rencontre un rhinocéros, il faut juste le saluer poliment et passer son chemin. Ils ne savaient pas que la vie est précieuse, à préserver à tout prix. Pour les pacifier, la direction de la réserve eut l’idée de capturer un vieux mâle en République démocratique du Congo afin de leur inculquer un minimum de savoir-vivre. C’est ce qu’il fit, le vieux, et très bien même, profitant de son droit d’aînesse. Les jeunes se calmèrent instantanément ; fini le meurtre en série.
Nous devrions entrer dans ce schéma, aujourd’hui. Depuis 2001 et les attentats du World Trade Center, les discours de violence n’ont pas cessé un seul instant. La violence a été ajoutée à la violence et des avions de combat ont sillonné les cieux, du Moyen-Orient à l’Afrique, survolant des nations, pulvérisant des humains à proximité de champs pétroliers, de mines de coltan, de carrés d’uranium. Les discours de la plupart des dirigeants n’ont été que des paroles de menace et de mépris. Après quatorze ans de feu, des enfants nés ces années-ci n’ont forcément intégré que la loi du plus fort parce que privés d’un minimum de sens. Les mots dérégulation et libéralisation sont devenus les maîtres-mots. Or, une société sans règles est vouée à l’échec et, du coup, notre jungle est devenue complètement inhospitalière. Comment en sont-ils arrivés là ? se demande-t-on dans les chaumières. C’est les imams, affirme-t-on en chœur. Formé dans la publicité, je peux assurer que les principes de manipulation des masses fonctionnent partout, pas uniquement dans le chef des peuples musulmans. On m’a appris qu’il y a quatre leviers essentiels pour pouvoir influencer les gens. Il y a la nation, la religion, le sexe, la menace sur le portefeuille. À partir de là, on manipule qui on veut, à condition bien entendu d’être privé de l’esprit critique. Ou que l’on soit confronté sans cesse au racisme, à l’exclusion et d’autres choses aussi insupportables. Nous avons forcément une responsabilité dans tout cela ; aucun des kamikazes de Paris ne venait de Syrie ou de Libye mais de France, de Belgique. Dans les rangs de Daech, on trouve des ressortissants de l’Eure-et-Loir, venant des États-Unis, de Grande-Bretagne. Ils font partie de notre histoire. Il est grand temps que nous repensions ce XXIe siècle si nous voulons un projet de société basé sur des valeurs qui pourraient ne fût-ce que nous garder en vie, attablés à une terrasse avec des amis.
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