Lettre ouverte de Sam Touzani et de Mohammed Belmaïzi à Monsieur Reynders

Lettre ouverteà Monsieur Reynders Ministre des Affaires ÉtrangèresA propos des prisonniers belges au Maroc

Monsieur le Ministre,

La lutte contre le terrorisme a généré des arrestations tous azimuts, appuyée par des lois liberticides au Maroc, où des citoyens belges ont été arrêtés, torturés et jugés de lourdes peines d’emprisonnement, le moins que l’on puisse dire, expéditives. Les médias qui ont couvert ces évènements sont unanimes pour souligner que nul droit des inculpés n’a été respecté.

Monsieur Abdelkader Belliraj, citoyens belge, considéré par le Maroc comme le chef d’une cellule terroriste, a été arrêté dans des circonstances illégales pour passer un mois – sans nouvelles, ni à sa famille ni à ses enfants – sous la torture. Six militants marocains ont été inculpés avec lui pour l’unique intention de bourrer et amplifier le « dossier Belliraj », ont été libérés sous pression de la société civile marocaine qui était convaincue que ce procès était clairement une coquille vide, monté de toute pièce.

Monsieur Ali Arrass, citoyens belge, a été arrêté, torturé et jeté en prison, alors qu’aucune charge contre lui n’a été étayée de preuves irréfutables, et tout indique que son dossier est vide. Il est victime d’un flagrant déni de justice, selon le rapport de Juan Mandez.

Nous ne mentionnons ici que deux cas représentatifs d’une liste de prisonniers belges dont les familles ont constitué une association qui vous demande aujourd’hui de faire votre devoir de ministre citoyen, à l’écoute d’autres citoyens. Mais vous refusez à ces familles et leur association, audience et justice ; alors qu’il est de votre devoir d’examiner et de répondre aux doléances justes et justifiées.

Il est de votre devoir, Monsieur le ministre, de ne point ignorer le rapport accablant du représentant de l’ONU au Maroc, Juan Mendez, à propos d’Ali Arass et les autres prisonniers dans le même cas. Ce rapport souligne la brutalité du déni de justice et la gravité de la pratique « systématique de la torture pendant la détention » au Maroc. Son rapport accablant est connu de toutes les instances des Droits de l’Homme. Même le CNDH (Conseil National des Droits de l’Homme), organe fondé par le roi, reconnaît, contre toute ‘pudeur’ exigée par l’Etat, ces abus et ces violations des droits humains.

La Belgique, pays moderne qui prône la démocratie et l’Etat de Droit, ne peut laisser ses ressortissants croupir injustement dans les prisons d’un Maroc qui ne cesse de violer les droits humains sous une chape de silence et sous une cuirasse de complaisance.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, nos sincères salutations.

22/06/2013

Sam Touzani

comédien, metteur en scène, auteur, chorégraphe…

Mohammed Belmaïzi

Acteur associatif et défenseur des droits humains
Ex-président et Vice-président de l’asbl
« Plumes Croisées – Dialogue interculturel »
www.plumescroisees.be
coauteur de « Rompre le silence »
coauteur et coordinateur de « L’interculturel dynamique »



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