Crie que tu es un sale macaque ou je te frappe encore!
La violence policière en Belgique
( MO* ) — Auteur: John Vandaele
MO* inventorie la violence policière dans notre pays. La police ne nie pas les problèmes et propose même des remèdes. Reste à savoir si la politique veut collaborer.
La manière dont la police vous traite, détermine entre d’autres facteurs comment vous vous sentez dans la société. ‘Cela a changé nos vies à jamais’, témoignent des Belges victimes de violence policière.
Prenez l’exemple de Khaled Battafala, juriste, animateur de jeunes, dans la vingtaine. Le 28 août 2009 il est en visite chez ses parents à Ixelles. Lorsqu’il s’approche de la maison, il remarque une ambulance et quelques infirmiers tentant de réanimer une femme. Il rejoint Nordine, qui vient de demander aux infirmiers s’il ne serait pas possible de couvrir le corps nu de la femme. Apparemment les infirmiers ont réagi en appelant la police. Quelques moments plus tard, celle-ci arrive et attaque le duo.
Khaled est frappé à coups de matraque, après quoi il est menotté et obligé à monter dans le combi. Accroupi, les policiers le frappent sur la tête et dans la nuque. Le tabassage s’interrompt à chaque fois que le combi s’arrête. Quand il redémarre, quelqu’un crie « go, go, go » et les coups reprennent. ‘Dis que tu es un sale macaque ou je frappe plus fort’, s’écrie un policier. Khaled s’exécute. ‘Après je me sentais si humilié. Je regrette toujours, mais j’étais gagné par la peur.’ La police saute Nordine sur le dos quand il tombe, son nez est fracturé. Vingt-quatre heures plus tard ils sont libérés, mais seulement après avoir signé une déclaration qu’ils sont coupables d’« insubordination » et de « coups portés à la police ». ‘A ce moment j’aurais signé n’importe quoi pour être libre.’ Aujourd’hui, trois ans après les faits, Khaled n’a toujours pas eu d’entretien avec un juge.
Ou prenez l’exemple de Marianne Maeckelbergh. Elle travaille comme antropologue à l’Universite de Leiden et fait des recherches sur entre autres les mouvement sociaux mondiaux. C’est pourquoi elle se rend à Bruxelles le 1er octobre 2010, où a lieu une manif du réseau No Border, qui lutte contre l’exclusion des migrants. La police l’arrête pendant qu’elle prend des photos. Maeckelbergh : ‘Pendant quatorze heures j’étais l’esclave de leur pouvoir arbitraire. J’ai reçu deux gifles à main ouverte dans le visage pendant qu’un autre policier me tirait les cheveux par l’arrière. Plus tard un policier m’a donné un coup de pied dans la cuisse gauche et m’a craché dans le visage, pendant qu’il m’appelait une sale pute. Après ils m’ont enchaînée à un radiateur et couverte d’insultes. Le chef de police (bureau de la rue de l’Hectolitre) a suivi la scène depuis son bureau sans réagir. Il n’a même pas réagi lorsqu’une autre personne arrêtée a reçu des coups de pied et de main de trois policiers. Cette personne est tombée et s’est recroquevillée pour éviter les coups alors que sa main était enchaînée. Maeckelbergh a la forte impression que ce type de violence n’est pas exceptionnel, puisque cela se passait très ouvertement.
Il y a aussi le fameux cas de Niki, l’indignée grecque qui fût arrêtée le 14 octobre 2011 pendant une action contre Dexia. Assise, les mains lies derrière le dos, un policier lui donne un coup de pied dans la figure. Les enregistrements par gsm font le tour du monde. Quoique les images sont suffisamment claires, des sources fiables nous confirment que la police a nié leur authenticité à l’occasion du procès. Il s’agirait d’une illusion d’optique.
Le 6 décembre 2011 l’Angolais José Eduardo Simba (29 ans) est tabassé sur le lieu du travail. A ce moment il fait un stage comme comptable chez MuziekPublique au théâtre Molière dans le cœur de Bruxelles. Puisque le théâtre se situe dans une zone où ont lieu les manifestations contre la réélection de Joseph Kabila, José va jeter un coup d’œil pendant la pause de midi. La police l’ordonne de soit participer à la manif, soit s’en aller. José retourne au boulot. Un peu plus tard, comme il entend un vacarme, il va regarder depuis le portail du théâtre. ‘Suivez-nous, fouteur de merde’, lui crie un policier. José rentre au théâtre en criant : ‘Ils me suivent.’ Sans permis de perquisition les agents de police le poursuivent jusque dans les entrailles du théâtre. Ils l’isolent dans les coulisses et y chassent les autres qui y sont présents. José est couché sur le sol pendant que trois policiers le tabassent. Un peu plus tard ils lâchent également leurs deux chiens sur José. Les témoignages viennent des autres membres du personnel, qui ouvrent la porte à tour de rôle dans le but de libérer José, mais qui sont chaque fois brutalement repoussés. C’est seulement après un « traitement » de dix minutes que José est emmené. Il est libéré sans accusations à trois heures de la nuit. Un médecin constatera chez Eduardo plusieurs morsures de chien, des côtes contusionnées et une grande angoisse. A la même époque MuziekPublique conseille ses collaborateurs noirs de ne plus venir au travail. Le risque de se faire attaquer par la police est devenu trop grand pour eux.
Samira est une frêle cinquantenaire d’origine marocaine. Le 21 janvier 2012 elle organise une boum dans son logement près de la gare du Nord. La police passe suite à une plainte pour tapage nocturne. Sur leur demande elle se rend calmement dans la rue pour un contrôle d’identité. Soudain elle est terrassée d’un coup de jambe, elle se retrouve couchée sur le ventre et maintenue dans cette position par des pieds sur son dos. Après quoi on l’emmène dans la nuit hivernale, habillée seulement d’un chemisier. Arrivée au bureau de police, elle doit remettre ses bijoux et son soutien-gorge. ‘Quand je commençais à me plaindre du froid, le policier Gaetan Wilmot me hurlait de fermer ma gueule. « Pute, salope saoule », qu’il me criait. Je répliquais que je n’étais pas saoule et je réclamais un test sanguin, mais il me jetait à terre de toute sa force. A ce moment-là je croyais vraiment que je n’étais plus en Belgique.
Trois heures plus tard, à 7h30 du matin, elle quitte le bureau de police avec une convocation pour se présenter pour un interrogatoire pour « rébellion et coups portés à la police ». Samira : ‘L’interrogatoire fût conduit le 6 mars par Gaetan Wilmot, l’homme qui m’avait battue.’
Samira et ses sœurs ne comprennent plus. ‘Avant, quand on entendait parler de violence policière, on pensait toujours : pas de fumée sans feu. Maintenant on pense autrement. Je ne me sens plus Belge. Nous ne sommes plus rien, maintenant.’
Un large spectre
Les cas que nous venons de décrire ne sont que quelques exemples de violence policière récente dans les environs de Bruxelles. En grandes lignes on n’échappe pas à l’image d’un large spectre de violence. D’un côté vous avez un nombre limité de faits criminels, impliquant par exemple un groupe de policiers qui laissent un Algérien faire son travail de pickpocket à la gare du Midi à Bruxelles, pour lui prendre son butin plus tard dans la soirée et l’amocher salement. Un collègue les dénonce. Cette catégorie de faits comprend également les cas décrits ci-dessus de violence verbale et physique « moyenne ». De l’autre côté du spectre il y a la violence physique et verbale plutôt modérée, qui souvent passe inaperçue. En effet, souvent les victimes ne déposent pas plainte pour un tas de raisons : trop pauvres, trop de honte, trop de peur, pas de confiance dans le résultat de leur action.
Nordine Saïdi, par exemple, est arrêté le 16 août 2009 alors qu’il distribue des pamphlets sur le marché d’Anderlecht. Il veut tirer l’attention des clients et des marchands sur les produits israéliens qui sont vendus alors qu’Israël transgresse le droit international. Après six heures il est libéré sans procès verbal. Au bureau de police, on lui dit ceci : ‘Bougnoul, si ça ne te plaît pas ici, va chier dans ton propre pays. Attache une ceinture autour de ton ventre et va te faire exploser dans ton pays à toi.’ Marc Condijts, adjoint du commissaire à Anderlecht, est parmi les impliqués. Plus tard des collègues déposent également plainte contre Condijts pour remarques homophobes et violence verbale et physique. Condijts n’est pas un inconnu de la justice suite à de nombreuses plaintes : la dernière, pour coups et blessures, date d’octobre 2011 ‘Nos policiers doivent se rendre compte que le citoyen n’est pas toujours blanc ou fortuné, mais parfois de couleur et pauvre.’ .
Des entretiens que nous avons eus, il devient clair que dans certains bureaux de police la violence verbale et les « tartes » (des coups à la main ouverte, qui ne laissent pas de traces) sont presque de la routine.
Parfois les victimes sont des jeunes. X a quinze ans, il est d’origine maghrébine. Il se promène avec des amis après l’école. Avec un d’eux, il traîne par rapport aux autres. Les deux autres cassent la vitre d’une voiture et ils sont arrêtés. Plus tard la police sonne à la maison de X pour fouiller sa chambre. Ils ne trouvent rien. X est emmené dans le combi, les parents inquiets suivent. Après un interrogatoire le jeune peut accompagner ses parents à la maison. X a l’air « touché ». Ce n’est que lorsque les parents insistent que le jeune avoue qu’il a été battu. Des tartes. Les parents sont embarrassés par les évènements et n’en parlent à personne.
Thomas Devos de ‘Jeugd en Stad’ (JES) est éducateur de rue à Molenbeek : ‘La première fois tu penses que les jeunes exagèrent ou qu’ils mentent, mais après vingt fois ça t’ouvre les yeux. Ce genre de violence est courant.’ Devos ne sait pas dire dans quelle mesure le racisme joue un rôle. ‘Parfois j’entends que les policiers marocains sont les plus violents. On ne peut certainement pas dire que tous les policiers sont des racistes. Une enquête montre que les jeunes ont plus de respect pour des agents de quartier que pour les équipes d’intervention.’
Dirk De Block de COMAC, les jeunes de la PTB: ‘Les contrôles policiers sont souvent basés sur ce qu’on appelle le profiling des groupes à risque, qui sont contrôlés beaucoup plus fréquemment. Les contrôles fréquents des mêmes jeunes risquent à terme d’exaspérer ces derniers au point de provoquer des rébellions.
Le problème n’est pas nié
Les policiers à qui nous avons parlé ne nient pas les problèmes. Il y a le témoignage de l’agent Saïd, mais même le commissaire Pierre Collignon de Molenbeek ne minimalise pas les problèmes. Il ajoute qu’aujourd’hui, grâce à une meilleure formation, la violence a diminué. ‘Le niveau d’éducation a fortement augmenté. Jusqu’aux années septante les agents de quartier étaient parfois illettrés. La violence était plus acceptée à cette époque-là, tandis que les gens d’aujourd’hui sont plus capables de s’exprimer. Ceci dit, oui, la violence policière se produit chaque jour. Elle est la conséquence de deux problèmes. Le premier se situe au niveau de la sélection : il s’agit des personnes qui veulent devenir policier pour ‘faire la chasse aux arabes’ et qui passent les sélections avec succès. Ceux-là, il faut les éliminer. Le deuxième problème est celui des policiers qui ne savent plus faire face à la pression psychologique. Des personnes qui ont fait la patrouille pendant dix ou quinze ans, et qui se sont tout le temps fait insulter et qui réagissent maintenant par des ‘tartes’. Ces gens-là, on peut parfois les récupérer. Avec un bon accompagnement et une période de travail dans l’administration, les choses peuvent retourner à la normale.
Collignon fait une distinction entre les interventions policières lors des manifestations, où il y a un élément structurel de violence, et ce qui se passe après une arrestation. ‘A ce moment-là, la violence est interdite. Quand quelqu’un est menotté, il doit être traité comme un bijou précieux. Même quand en tant que policier vous êtes insulté, vous devez pouvoir le supporter.’
Olivier Stein est un avocat qui souvent prend la défense des victimes de violence policière. Il est membre de la commission justice de la Ligue des Droits de l’Homme. ‘Ces derniers temps la violence est devenue plus fréquente. Actuellement, la Ligue reçoit une ou deux réclamations de violence policière par semaine. C’est pourquoi nous créons maintenant, en collaboration avec JES, un observatoire de violence policière.’ Stein craint une criminalisation des mouvements sociaux.
Selon Diane Reynders du Comité P, les chiffres dont dispose le comité ne sont pas fiables puisque bon nombre de zones policières ne transmettent pas rigoureusement leurs données sur les réclamations et les condamnations. Elle dit qu’en général les interventions de la police se font de manière correcte, mais que malheureusement la violence policière est un phénomène existant.
Sanctions
Bon nombre de victimes ont l’impression que leurs plaintes restent sans conséquences. La bureaucratie juridique est lourde, d’autant plus à Bruxelles. Ainsi notre pays a été condamné en 2009 par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour torture et discrimination de Turan Cakir, qui a été gravement maltraité par la police de Schaerbeek. La justice avait laissé l’affaire se prescrire, après quoi la victime a plaidé sa cause avec succès au niveau européen.
Le fait que les policiers, pour se protéger eux-mêmes, déposent plainte à leur tour pour rébellion et coups portés à la police – ce que Collignon reconnaît – n’est pas sans conséquences. Stein : ‘Lorsque les victimes réussissent finalement à prouver leur innocence, ils sont souvent trop épuisés pour poursuivre la procédure. La baisse du nombre de convictions ne peut donc pas être interprétée comme une amélioration.’
Selon le rapport annuel du Comité P, un seul policier a été condamné en Belgique en 2010 pour violence sans raison légale. Le rapport mentionne également qu’à Gand 31 policiers ont été condamnés pour d’autres délits que la violence, contre seulement 23 à Bruxelles et 16 à Anvers, des villes beaucoup plus grandes que Gand. Soit les policiers gantois sont plus « méchants », soit les chiffres ne sont pas corrects, soit les infractions à Bruxelles et à Anvers sont moins rigoureusement poursuivies. Quoi qu’il en soit, il y a du travail à faire.
Reynders n’exclut pas que l’attitude des parquets diffère en fonction des régions. De plus, l’on peut se poser la question de savoir quelle importance le monde politique, notamment la Ministre de la Justice, attache à la violence policière. Stein : ‘Malheureusement, l’accord de gouvernement mentionne uniquement la violence contre la police, mais pas la violence par la police. Les principaux problèmes sont que les autres policiers ne réagissent pas à la violence et que le parquet ne fait pas tout son possible pour garder la police dans son rôle.’ Jos Colpin, porte-parole du parquet, affirme que ce dernier prend la violence contre les citoyens arrêtés très au sérieux, mais il avoue que souvent trop de temps passe avant qu’une affaire soit plaidée.
Diane Reynders trouve également que les policiers doivent apprendre à critiquer leurs collègues. Et qu’à terme la violence sape la légitimité de la police et rend leur travail plus difficile. Collignon de nuancer : ‘Le défi consiste à changer les choses sans nuire au moral du corps de police.’
Prévention
Et la prévention de violence policière, comment s’y prendre ? Selon Reynders, la formation peut jouer un grand rôle : ‘Il faut instaurer un code de conduite plus clair, qui fasse part de la formation. La police travaille au service de la communauté et des citoyens, mais nos policiers doivent bien se rendre compte que ce citoyen n’est pas toujours blanc ou fortuné, mais parfois de couleur et pauvre.’
Jozef De Witte, directeur du Centre pour l’Egalité des Chances et la Lutte contre le Racisme, considère qu’il y a encore un long chemin à parcourir : ‘Une étude auprès de la police anversoise montre que bon nombre de policiers se font porter malades lorsqu’ils doivent travailler en équipe avec un collègue d’origine marocaine. On peut se demander comment ces personnes vont agir contre des citoyens d’origine étrangère.’ De Witte n’est pas content de la manière dont la police traite la violence et la discrimination. ‘Sur ce plan, il est temps que les bourgmestres plaident eux aussi pour la tolérance zéro. Maintenant que la Ministre de l’Intérieur est également compétente pour l’égalité des chances, il y a une possibilité de réaliser un progrès important.’
‘Zeg dat je een makaak bent of ik sla harder’
( MO*) — Auteur: John Vandaele
MO* brengt politiegeweld in ons land in kaart. De politie zelf ontkent de problemen niet en suggereert hoe ze kunnen worden verholpen. Vraag is of de politiek mee aan die kar wil trekken.
De manier waarop de politie je behandelt, bepaalt mee hoe je je voelt in de samenleving. ‘Ons leven was nooit meer helemaal hetzelfde’, getuigen Belgen die kennismaakten met politiegeweld.
Neem Khaled Battafala, jurist, jeugdwerker en twintiger. Hij bezoekt op 28 augustus 2009 zijn ouders in Elsene. Als hij in de buurt komt, ziet hij een ambulance en enkele verplegers die een vrouw reanimeren. Hij staat bij Nordine, die de verplegers even ervoor heeft gevraagd of ze de vrouw, die naakt is, niet wat kunnen bedekken. Kennelijk hebben de verplegers daarop de politie opgeroepen. Even later verschijnt die ten tonele en valt het tweetal aan.
Khaled krijgt klappen van de wapenstok; voor hij het weet, zit hij geboeid in de combi. Hij zit voorovergebogen, de agenten slaan op zijn hoofd en nek. Telkens als de combi halt houdt, stopt het kloppen. Als hij weer doorrijdt, roept iemand “go, go, go” en slaan ze verder. ‘Zeg dat je een vuile makaak bent of ik sla nog harder’, roept een agent. Khaled doet het. ‘Achteraf voelde ik me zo vernederd. Het spijt me nog altijd, maar ik was overweldigd en bang.’ De politie springt op zijn rug als hij valt, Nordines neus wordt gebroken. Vierentwintig uur later worden ze weer vrijgelaten, maar pas nadat ze een verklaring hebben getekend dat ze zich bezondigd hebben aan “weerspannigheid” en “slagen aan de politie”. ‘Op dat moment had ik eender wat getekend om weer vrij te komen.’ We zijn bijna drie jaar later en Khaled kreeg nog altijd geen rechter te spreken.
Of neem Marianne Maeckelbergh. Ze werkt als antropologe aan de Universiteit van Leiden en onderzoekt onder meer wereldwijde sociale bewegingen. Daarom komt ze op 1 oktober 2010 naar een manifestatie in Brussel van het No Bordernetwerk, dat strijdt tegen uitsluiting van migranten. De politie arresteert haar terwijl ze foto’s neemt. Maeckelbergh: ‘Veertien uur lang werd ik onderworpen aan hun macht en willekeur. Ik werd twee keer in het gezicht geslagen met de open hand, terwijl een andere agent me van achter heel hard aan mijn haar trok. Later werd ik door een agent tegen mijn linkerdij geschopt en in mijn gezicht gespuwd, terwijl hij me meermaals vuile hoer noemde. Daarna werd ik vastgeketend aan een radiator en voortdurend bedreigd. De politiechef (kantoor Hectoliterstraat) zag het vanuit zijn kantoor allemaal gebeuren en reageerde niet. Ook niet toen een andere gearresteerde meermaals werd geschopt en geslagen door drie agenten, tot hij op de grond lag te schreeuwen en zich helemaal in een knoop had gedraaid – zijn hand was vastgeketend – in een poging de slagen te ontwijken.’ Maeckelbergh heeft de stellige indruk dat het geweld niet uitzonderlijk is, omdat het voor niemand verborgen werd.
Er is ook het bekende geval van de Griekse Niki, een indignada die op 14 oktober 2011 werd aangehouden tijdens een actie tegen Dexia. Ze zit met de handen op de rug gebonden op de grond als een agent in burger haar in het gezicht trapt. De gsm-opnamen gaan de wereld rond. Hoewel de beelden voor zich spreken, worden ze – zo vernemen we uit goede bron – in de rechtszaak ontkend door de politie. Het zou om gezichtsbedrog gaan.
Op 6 december 2011 wordt de Angolees José Eduardo Simba (29 jaar) op zijn werk afgeranseld. De man loopt stage als boekhouder bij MuziekPublique in het theater Molière, hartje Brussel. Aangezien het theater in de zone ligt waar de manifestaties tegen de herverkiezing van Joseph Kabila plaatsvinden, gaat José over de middag even kijken. De politie maant hem aan ofwel deel te nemen aan de manifestatie, ofwel weg te gaan. José gaat weer werken. Als hij later veel lawaai hoort, kijkt hij toch even vanuit de poort van het theater. ‘Suivez-nous, fouteur de merde’, roept een agent hem toe. José loopt het theater in, roepend: ‘Ze volgen mij.’ Zonder huiszoekingsbevel volgen de agenten hem diep het theater in. Ze isoleren hem in de backstage van het theater en jagen er iedereen weg. José ligt op de grond, drie agenten slaan hem. Even later komen er ook twee honden aan te pas. Dat getuigen alle personeelsleden, die beurtelings de deur openen om José te bevrijden maar brutaal worden weggeduwd. Pas na tien minuten “bewerking” wordt José weggevoerd. Om 3 uur ’s nachts wordt hij vrijgelaten zonder beschuldigingen. Later stelt een arts bij Eduardo meerdere hondenbeten vast, gekneusde ribben en grote angstigheid. In die periode raadt MuziekPublique zijn zwarte medewerkers aan niet meer te komen werken: het risico dat ze door de politie worden aangevallen, is te groot.
Samira is een tengere dame van vijftig van Marokkaanse afkomst. Op 21 januari 2012 viert ze een feestje in haar woning bij het Noordstation. Als de politie na klachten over nachtlawaai langskomt, wordt ze, als ze zich even op straat begeeft om kalmpjes haar identiteitskaart te tonen, met een beenveeg gevloerd, op haar buik gelegd, geboeid en met voeten op haar rug tegen de grond gehouden. Daarna wordt ze afgevoerd in de koude winternacht, met alleen een hemdje aan. Als ze in het politiekantoor komt, moet ze haar juwelen en bh afgeven. ‘Toen ik klaagde over de kou, brieste agent Gaetan Wilmot dat ik mijn bek moest houden. “Hoer, dronken slet”, riep hij. Ik zei hem dat ik niet dronken was, vroeg om een bloedtest, maar hij slingerde me met geweld tegen de grond. Op dat moment dacht ik echt dat ik niet meer in België was.’
Drie uur later, om 7.30 uur ’s morgens, verlaat ze het politiekantoor met een oproepingsbevel dat ze zich moet melden voor verhoor wegens “weerspannigheid en slagen aan de politie”. Samira: ‘Het verhoor werd op 6 maart afgenomen door Gaetan Wilmot, de man die me had geslagen.’
Samira en haar zus snappen het niet. ‘Als we vroeger hoorden over politiegeweld, dachten we altijd: waar rook is, zal wel vuur zijn. Nu denken we daar anders over. Ik voel me geen Belg meer. We zijn niets nu.’
Een breed spectrum
Deze gevallen zijn maar een snelle greep uit recent politiegeweld in de Brusselse omgeving. Grosso modo doemt het beeld op van een breed spectrum van geweld. Aan de ene kant heb je een beperkt aantal zaken van criminele aard, waarbij bijvoorbeeld een groep politieagenten een Algerijn zonder papieren eerst zijn werk als zakenroller laat doen aan het Brusselse Zuidstation, om hem ’s avonds zijn buit af te nemen en vreselijk toe te takelen. Ze worden verklikt door een collega. Daaronder bevinden zich de hierboven beschreven gevallen van “middelmatig” verbaal en fysiek geweld. Aan de andere kant van het spectrum is er lichter fysiek en verbaal geweld, dat dikwijls onder de radar blijft. Omdat mensen om allerlei redenen geen klacht indienen: te arm, beschaamd, bang, geen geloof in het resultaat.
Zo wordt Nordine Saïdi op 16 augustus 2009 opgepakt terwijl hij pamfletten uitdeelt op de markt van Anderlecht. Hij wil klanten en verkopers erop wijzen dat producten uit Israël worden aangeboden en dat Israël de internationale rechtsregels overtreedt. Na zes uur komt hij vrij zonder proces-verbaal. Op het politiekantoor krijgt hij het volgende te horen: ‘Bougnoul, als het je hier niet aanstaat, ga dan in je eigen land schijten. Doe iets rond je buik en laat je ontploffen in je eigen land.’ Marc Condijts, adjunct van de commissaris in Anderlecht. is een v Onze mensen moeten meer beseffen dat de burger niet altijd blank of welgesteld is, maar soms ook gekleurd en arm. an de betrokkenen. Later dienen ook collega’s klacht in tegen Condijts, voor homofobe opmerkingen en verbaal en fysiek geweld. Condijts is ook bij het gerecht bekend vanwege vele klachten: de laatste, voor slagen en verwondingen, dateert van oktober 2011.
Uit de gesprekken die we voerden, blijkt dat in bepaalde politiekantoren verbaal geweld en “taarten” (klappen met de open hand die geen sporen nalaten) bijna routine zijn.
Soms zijn jongeren daarvan het slachtoffer. X is vijftien jaar en van Maghrebijnse afkomst. Na school is hij met drie vrienden op stap. Met één van hen blijft hij achter. De twee anderen slaan het raam van een wagen in en worden opgepakt. Later belt de politie bij X thuis aan en doorzoekt zijn kamer. Er wordt niks gevonden. X wordt meegenomen in een combi; de verontruste ouders volgen. Na verhoor kan de jongen weer mee met zijn ouders. X ziet er “getroffen” uit. Pas als de ouders aandringen, bekent de jongen dat hij geslagen is. Taarten. De ouders zijn beschaamd over de gebeurtenis en praten er met niemand over.
Thomas Devos van Jeugd en Stad (JES) doet straathoekwerk in Molenbeek: ‘De eerste keer denk je dat de jongeren overdrijven of liegen, maar de twintigste keer gaan je ogen open. Dit soort geweld gebeurt dikwijls.’ Devos weet niet in hoever racisme een rol speelt. ‘Soms hoor ik dat Marokkaanse agenten de ergste geweldplegers zijn. Je kunt zeker niet zeggen dat alle agenten racisten zijn. Een bevraging leert dat jongeren meer waardering hebben voor de wijkagenten dan voor de interventieploegen.’
Dirk De Block van Comac, de jongerenbeweging van de PVDA, en tevens werkzaam bij het Molenbeekse jeugdhuis D’broej: ‘Vele politiecontroles zijn gebaseerd op zogenaamde profiling van risicogroepen, die veel meer worden gecontroleerd.’ Het risico bestaat dat het almaar controleren van dezelfde jongeren op de duur zoveel ergernis wekt dat ze er juist rebels door worden.
Probleem niet ontkend
De politiemensen die wij spraken, ontkennen de problemen niet. Er is het getuigenis van agent Saïd maar ook commissaris Pierre Collignon van Molenbeek veegt de problemen niet onder de mat. Al wijst hij erop dat er tegenwoordig, dankzij betere opleiding, minder geweld is dan vroeger: ‘Het studieniveau is sterk gestegen. Tot de jaren zeventig waren wijkagenten soms ongeletterd. Geweld werd toen meer aanvaard, mensen zijn nu mondiger. Dat gezegd zijnde: ja, er zijn dagelijkse geweldfeiten bij de politie. Die zijn het gevolg van twee problemen. Het eerste is verkeerde selectie: mensen die eigenlijk bij de politie komen om “Arabieren te kraken” en toch door de selectie geraken. Die moet je er weer uit krijgen. Het tweede probleem is dat van agenten die het niet meer aankunnen. Mensen die tien, vijftien jaar patrouilleren, al die tijd uitgescholden worden en daarom “taarten” gaan uitdelen. Die mensen kunnen we soms recupereren. Als we hen goed opvangen en een tijd in de administratie laten werken, kan het weer goed komen.’
Collignon ziet een onderscheid tussen het politieoptreden bij manifestaties, waar structureel een element van geweld in zit, en wat er gebeurt na een arrestatie. ‘Dan is geweld verboden. Als iemand geboeid is, moet hij behandeld worden als een waardevol juweel. Zelfs als je als agent beledigd wordt, wat veel gebeurt, moet je dat kunnen verdragen.’
Advocaat Olivier Stein verdedigt vaak mensen die het slachtoffer zijn van politiegeweld en is lid van de commissie justitie van de Liga van de Rechten van de Mens. ‘Het geweld neemt de jongste tijd toe. De Liga krijgt dezer dagen een tot twee klachten over politiegeweld per week binnen. Daarom richten we nu, samen met JES, een observatorium voor het politiegeweld op.’ Stein vreest voor een criminalisering van sociale bewegingen.
Diane Reynders van het Comité P wijst erop dat de cijfers waarover het comité beschikt niet betrouwbaar zijn omdat nogal wat politiezones hun gegevens over klachten en veroordelingen niet nauwgezet doorsturen. Ze stelt dat de politie over het algemeen behoorlijk optreedt maar dat politiegeweld spijtig genoeg voorkomt.
Sancties
Veel slachtoffers hebben het gevoel dat er amper iets gebeurt met hun klachten. De juridische molens draaien, zeker in Brussel, erg traag. Zo werd ons land in 2009 veroordeeld door het Europees Hof voor de Rechten van de Mens voor foltering en discriminatie van Turan Cakir, die zwaar werd toegetakeld door de Schaarbeekse politie. Omdat het gerecht de zaak liet verjaren, ging het slachtoffer zijn zaak met succes bepleiten op Europees niveau.
Dat geweld plegende agenten bij wijze van zelfbescherming steevast een tegenklacht indienen wegens weerspannigheid en slagen aan de politie – wat ook Collignon erkent – heeft gevolgen. Stein: ‘Als slachtoffers er na lange tijd in slagen hun onschuld te bewijzen, zijn ze vaak te uitgeput om nog verder te procederen. Dat er minder veroordelingen zijn, mag dus niet geïnterpreteerd worden als bewijs dat de situatie verbetert.’
Volgens het jaarverslag van het Comité P werd in 2010 in België één agent veroordeeld voor geweld zonder wettige reden. Het verslag leert ook dat in Gent in totaal 31 politieagenten werden veroordeeld voor andere vergrijpen dan geweld, tegen maar 23 in Brussel en zestien in Antwerpen, steden die veel groter zijn dan Gent. Ofwel zijn de Gentse agenten “stouter”, ofwel kloppen de cijfers niet, ofwel worden overtredingen in Brussel en Antwerpen lakser vervolgd. In alle gevallen is er werk aan de winkel.
Reynders wil niet uitsluiten dat de houding van het parket verschilt van regio tot regio. Bovendien is het maar de vraag hoe belangrijk de politiek, de minister van Justitie in het bijzonder, politiegeweld vindt. Stein: ‘Het regeerakkoord spreekt spijtig genoeg enkel over geweld tegen de politie en niet over geweld door de politie. De grootste problemen zijn dat andere agenten niet reageren op geweld en dat het parket er niet alles aan doet om ervoor te zorgen dat de politie in haar rol blijft.’ Woordvoerder Jos Colpin zegt dat het parket geweld tegenover gearresteerde burgers wel ernstig neemt, maar geeft toe dat het soms erg lang duurt voor zaken voorkomen.
Diane Reynders vindt ook dat agenten moeten leren om elkaar kritiek te geven. En dat geweld uiteindelijk de legitimiteit van de politie ondergraaft en haar werk moeilijker maakt. Collignon nuanceert: ‘De uitdaging is om dingen te veranderen zonder het moreel van het korps aan te tasten.’
Preventie
En wat met het voorkomen van politiegeweld? Reynders vindt dat de opleiding daarin een grote rol kan spelen: ‘Er zou een duidelijker gedragscode moeten komen, die al op de politieschool wordt aangeleerd. Een gemeenschapsgerichte politie is er voor de burger, maar onze mensen moeten meer beseffen dat die burger niet altijd blank of welgesteld is, maar soms ook gekleurd en arm.’
Jozef De Witte, directeur van het Centrum voor Gelijke Kansen en Racismebestrijding, gelooft dat er nog veel werk aan de winkel is: ‘Uit onderzoek bij de Antwerpse politie bleek dat heel wat agenten zich ziek melden als ze bij een collega van Marokkaanse oorsprong worden ingedeeld. Je kunt je afvragen hoe zulke mensen optreden tegen burgers van vreemde herkomst.’ De Witte is niet tevreden over de manier waarop de politie met geweld en discriminatie omgaat. ‘Burgemeesters mogen ook wel eens pleiten voor nultolerantie op dit vlak. Nu de minister van Binnenlandse Zaken ook gelijke kansen onder zich heeft, is er een kans om stappen vooruit te zetten op dat vlak.’