Justice & Vérité pour #Fabian : questions précises, techniques, juridiques, matérielles, et politiques.

J’écris ce soir dans un mélange de tristesse, de colère et rage.
Un enfant de 11 ans, prénommé Fabien, est mort à Bruxelles, percuté par une voiture de police en plein milieu d’un parc. L’événement est rapporté par la presse comme un « accident », un tragique accident de plus. Comme si le mot « accident » suffisait à refermer la plaie, à neutraliser la colère. Comme si ce n’était pas une mort politique, une conséquence directe de l’impunité policière, et d’une culture de la violence d’État.
Un enfant mort. Une police sans contrôle. Une justice qui tarde.

Il est encore difficile d’obtenir des informations claires et précises sur les circonstances du drame. Mais certains faits sont déjà accablants :

• Un véhicule de police a percuté un enfant en trottinette.
• L’enfant est mort.
• Les policiers impliqués n’ont, à ce jour, fait l’objet d’aucune suspension immédiate, et aucune déclaration officielle ne fait état d’une mise en cause pénale sérieuse.
• Le Comité P reste silencieux.
• Les médias généralistes minimisent les faits.
• Aucune autorité n’a présenté d’excuses officielles à la famille.
Pire encore : si le jeune Fabien avait été en cause dans une infraction, il aurait été immédiatement criminalisé. Mais là, c’est la police qui tue, alors on tait, on efface, on attend que le silence fasse son travail.
Ce silence, nous le refusons.
Il ne peut pas y avoir de justice sans pression collective.
Nous avons assisté, ces dernières années, à une banalisation croissante des violences policières : jeunes renversés, mutilés, tabassés, harcelés, tués. La majorité de ces victimes sont des jeunes issus des quartiers populaires, Noirs, Arabes, Rroms, avec ou sans-papiers, mais tous sans défense, toujours sans voix dans les arènes judiciaires dominées par l’institution policière.
Nous avons besoin de vous.
Nous avons besoin que les structures légitimes qui disent défendre les droits humains se tiennent du bon côté de l’Histoire.
Celui des familles.
Celui des vivants.
Celui des morts aussi, qu’on refuse d’oublier.
Nous appelons chaque organisation, chaque collectif, chaque personne morale dotée d’un statut juridique, à se porter partie civile dans cette affaire, afin de :
1. Exiger la transparence complète sur les faits.
2. Veiller à ce que justice soit rendue à la famille.
3. Éviter l’impunité policière.
4. Envoyer un message clair à toutes les forces de l’ordre : aucune vie d’enfant ne peut être sacrifiée sur l’autel de la précipitation, de la violence, de l’arrogance ou du mépris.
Car si vous ne le faites pas, qui le fera ?
Nous savons que le courage politique coûte. Mais le silence coûte encore plus cher à nos vies, à nos quartiers, à nos enfants.
Nous demandons :
• La suspension immédiate des agents impliqués.
• La publication complète des faits, images, rapports, données.
• La mise sous scellé et indépendante des preuves numériques.
• Une enquête publique, ouverte, avec des experts indépendants, incluant des représentants de la société civile.
• Une expertise technique contradictoire, menée par des professionnels autres que la police.
• La qualification judiciaire des faits d’homicide.
• La transparence sur les antécédents du conducteur et de sa brigade.
Pour Fabien : la vérité est une exigence, pas une faveur.
Alors nous posons ces questions simples, précises, élémentaires, que toute personne devrait poser immédiatement lorsqu’un agent de la force publique tue.
Quand la police tue, nos questions deviennent des armes.
Parce que dans ce pays, quand la police tue, le silence tue une deuxième fois.
Alors on pose des questions précises, techniques, juridiques, matérielles, et politiques.
  • Le véhicule de police était-il déjà dans le parc ? Sur le trottoir ? Sur la route ?
  • Pourquoi la voiture se retrouve-t-elle sur une pelouse, comme on le voit sur les photos ?
  • Quel était le parcours exact de la poursuite ?
  • Quel était l’objectif exact de la course-poursuite ?
  • Qui poursuivait-on ?
  • Était-ce proportionné d’engager une course-poursuite motorisée pour ce motif ?
  • Y avait-il un danger immédiat pour la population justifiant une telle action ?
  • À quelle vitesse roulait la voiture de police ?
  • Dispose-t-on du relevé exact de la vitesse à l’impact ?
  • À 30, 50, 70 km/h ? Quelle était la vitesse exacte, seconde par seconde, avant l’impact ?
  • La voiture était-elle équipée d’un enregistreur (boîte noire) ?
  • Où sont les données GPS, de freinage, d’accélération, de courbe ?
  • Gyrophare et sirène : allumés ou non ?
  • Si non, pourquoi la course-poursuite a-t-elle été entamée sans signal lumineux ?
  • Était-ce une course-poursuite officielle ou improvisée ? A-t-on tenté de prévenir les piétons ? Les automobilistes ? Les passants ?
  • Y avait-il un protocole d’intervention enclenché ?
  • Qui a donné l’ordre de la course-poursuite ?
  • Quelle hiérarchie a validé l’intervention ?
  • Y a-t-il une trace écrite ou audio de cet ordre ?
  • La situation justifiait-elle réellement une course-poursuite motorisée ?
  • Permis de conduire du policier : Était-il valide ?
  • Le conducteur était-il formé à la conduite d’urgence ?
  • Depuis combien de temps était-il actif au sein des patrouilles de terrain ?
  • Des agents au sol ont-ils tenté une interpellation non motorisée ?
  • Des patrouilles pédestres ou non motorisés ont-ils été envisagés ?
  • Des agents impliqués ont-ils déjà fait l’objet de sanctions disciplinaires ?
  • Si oui, pour quel motif ?
  • Ont-ils déjà été impliqués dans des faits de violence ou de conduite ?
  • Y a-t-il eu une analyse toxicologique des policiers impliqués ?
  • A-t-on testé leur alcoolémie ? Leur usage de stupéfiants ? Comme cela se fait automatiquement pour tout autre citoyen impliqué dans un accident mortel ?Ont-ils été réalisés immédiatement ?
  • Résultats ? Alcool ? Médicaments ? Drogues ?
  • L’autopsie de Fabien sera-t-elle rendue publique ?
  • Quels sont les traumatismes constatés ?
  • À quelle vitesse estimée l’impact a-t-il eu lieu ?
  • Les policiers au volant étaient-ils titulaires d’un permis de conduire en cours de validité ?
  • Combien de policiers en Belgique roulent sans permis ou avec un permis suspendu ? Combien d’accident impliquant un véhicule de police ces dernières années ? Ces données existent-elles ? Seront-elles rendues publiques ?
  • Quel était l’état du véhicule ?
  • Pneus, freins, amortisseurs, état de maintenance ?
  • Le véhicule était-il en ordre de contrôle technique ?
  • A-t-on collecté toutes les images disponibles ?
  • Qu’indiquent les images des caméras de surveillance ?
  • Où sont les enregistrements ?
  • Y avait-il des caméras embarquées dans le véhicule ?
  • Les policiers ont-ils leurs micro-caméras (bodycams) activées ?
  • Si oui, où sont les enregistrements ?
  • Qui y a accès ?
  • Si non, pourquoi ?
  • Qu’ont dit les communications radio entre policiers ?
  • Y a-t-il eu des ordres ? Des consignes ? Des discussions avant ou après l’impact ? Qui a validé la course-poursuite ? Quelle hiérarchie ? Quels mots ? Quel ton ?
  • Pourquoi n’y a-t-il pas de suspension immédiate des agents impliqués ?
  • Un enfant est mort. Pourquoi les agents sont-ils toujours en poste ?
  • Intervention médicalisée post-impact : En combien de temps les secours sont-ils intervenus ?
  • Y avait-il un secouriste dans le véhicule de police ?
  • A-t-on tenté de réanimer Fabien sur place ?
  • Le bourgmestre ou la zone de police ont-ils déjà eu des incidents similaires ?
  • Y a-t-il un historique dans cette zone ?
  • Combien d’accident pour conduite dangereuse avec des véhicules de police ces 5 dernières années ?
  • Quelles sont les garanties d’indépendance de l’enquête ?
  • Le Comité P enquête ? La police enquête sur la police ? La justice enquête-t-elle réellement ou attend-elle la fin du « buzz » médiatique pour classer l’affaire ?
  • Y aura-t-il une enquête parlementaire sur la dangerosité des interventions motorisées ?
  • Qui portera cette demande ? Quels partis s’expriment ? Qui se tait ?
  • Quelles actions réparatrices seront proposées à la famille de Fabien ?
  • Suivi psychologique, reconnaissance publique ?
  • Qui s’excuse, qui assume, qui se cache ?
À toutes ces questions, on exige des réponses.
On veut des réponses. Pas des silences. Pas des formules creuses. Pas des communiqués désincarnés. Pas des condoléances technocratiques à la famille de Fabien pendant que l’État protège les siens.
Claires. Publiques. Sans zones d’ombre. Pas dans cinq ans, pas après « la fin de l’instruction ». Pas quand les médias seront passés à autre chose. Maintenant.
Et si la justice ne répond pas, nous continuerons à poser les questions.
Et si les responsables ne sont pas poursuivis, nous poursuivrons leur mémoire.
Et si l’État refuse d’agir, nous agirons par nous-mêmes.
Parce que ce n’est pas seulement la vie de Fabien qu’on a arrachée, mais aussi un peu de notre confiance, un peu de notre dignité collective, un peu de notre droit de vivre sans peur de mourir sous les roues d’une voiture de police, sirène ou pas.
Pour Fabien. Pour tous les autres. Pour demain.
La mort de Fabien ne peut pas être une simple statistique. Elle ne peut pas être enterrée sans procès, sans regard, sans mémoire.

Nous exigeons la vérité.

Nous exigeons la justice.

Nous exigeons la dignité.

Nordine Saïdi
Bruxelles Panthères

« La liberté, la justice et l’égalité, par tous les moyens nécessaires ! » Malcolm XMouvement Citoyen Palestine« L’égalité ou rien » Edward Said
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