Le président du Togo Fauré Gnassingbé, photographié aux côtés de Sara et Benjamin Netanyanahu, devait accueillir un sommet Israël-Afrique le mois prochain. Celui-ci a été repoussé dans le cadre d’un boycott grandissant (via Facebook)
Il semblerait que le projet d’un haut sommet Israël-Afrique prévu le mois prochain se soit effondré devant l’opposition croissante des gouvernements africains.
The Jerusalem Post racontait lundi que le sommet, qui devait se tenir dans la capitale togolaise Lomé, « a été annulé à la suite de menaces de boycott de la part d’un bon nombre de pays, et de pressions contre l’événement venues des Palestiniens et des pays arabes ».
Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé que le sommet avait été « reporté » mais, comme le faisait remarquer le journal, aucune date alternative n’a été annoncée.
De plus, i24 News d’Israël a évoqué comme une inquiétude l’instabilité politique au Togo, où les forces de sécurité ont essayé de violemment réprimer les manifestations contre 50 ans de pouvoir de la famille du président autocrate de l’État ouest-africain Fauré Gnassingbé.
Ce sommet devait être le couronnement de l’offensive de charme du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en Afrique.
Les organisateurs ont dit que devaient y participer deux douzaines de chefs d’État, 150 sociétés israéliennes ainsi que des représentants de pays qui n’ont aucune relations diplomatiques avec Israël.
Mais la poussée israélienne ne s’est pas faite sans contestation.
L’Afrique du Sud a indiqué le mois dernier qu’elle boycotterait le sommet et a encouragé les autres gouvernements à faire de même.
Le Soudan, le Maroc l’Algérie, la Tunisie et la Mauritanie ont également décidé de boycotter l’évènement.
En juin le roi du Maroc Mohammed VI a boycotté un sommet au Liberia de l’organisation régionale ouest-africaine ECOWAS parce que Netanyahu y était invité.
Alimenter les atrocités en Afrique
Le site internet officiel du sommet confirme qu’il est « reporté ».
Il était présenté comme devant promouvoir le commerce entre les Etats africains et Israël qui, conformément à des thèmes conséquents de propagande, est vendu comme « la nation start-up » et pionnière dans les technologies de gestion de l’eau.
Mais Israël est également présenté comme « le leader mondial dans les domaines de la lutte antiterroriste, « offrant » des antécédents validés pour fournir ce genre d’expertise à ses nations partenaires dans le monde entier.
En d’autres termes, Israël vend des armes et des technologies répressives testées sur les Palestiniens pendant des décennies d’occupation militaire. Ce sommet aurait été en grande partie une foire pour le commerce des armes d’Israël.
Elbit Systems, le plus gros fabricant d’armes d’Israël, a récemment annoncé une augmentation de bénéfices, en partie dus à l’augmentation des exportations vers l’Afrique.
Le « palmarès » d’Israël d’implication dans les crimes et les violations des droits fondamentaux s’est déjà répandu à travers le continent.
Israël a continué à alimenter la violence et les atrocités en Afrique en fournissant des armes pour les conflits au Sud Soudan et au Burundi et en envoyant des armes au Rwanda avant le génocide de 1994 – rôle qu’Israël a cherché à camoufler.
Israël a maintenu des liens extrêmement étroits avec l’Afrique du Sud de l’apartheid. Tel Aviv était le principal fournisseur d’armes pour le régime suprémaciste blanc lorsque Pretoria était sous étroit embargo international.
Les militants d’Afrique du Sud ont salué l’annulation du sommet, félicitant les Etats qui ont décidé de le boycotter.
« Nos gouvernements doivent continuer à résister à toutes les tentatives israéliennes pour influencer, corrompre ou affaiblir notre solidarité avec les Palestiniens », a dit BDS Afrique du Sud, association qui soutient la compagne de boycott, désinvestissement et sanctions pour les droits des Palestiniens.
« Les Palestiniens sont un peuple qui nous a soutenus pendant les jours les plus sombres de l’apartheid, tandis qu’Israël, nous nous en souvenons douloureusement, fournissait des armes au gouvernement d’apartheid. »
BDS Afrique du Sud a aussi rappelé la politique raciste lancée par l’État d’Israël contre les migrants et réfugiés africains comme une autre raison de résister aux efforts d’Israël pour normaliser les liens.
Offensive de légitimité
Les efforts d’Israël pour améliorer les relations avec les Etats africains est liée à son acharnement pour gagner en légitimité et en soutien aux Nations Unies. The Times of Israel a écrit dimanche que les diplomates de l’Autorité Palestinienne font pression contre une tentative d’Israël d’être élu au Conseil de Sécurité.
La principale préoccupation des efforts diplomatiques des Arabes est de convaincre les Etats africains de ne pas soutenir la stratégie israélienne.
Le sommet prévu au Togo illustre également la permanente complicité des entreprises avec Israël. L’un des commanditaires officiels du sommet est Brussels Airlines, filiale de l’allemande Lufthansa. En soutenant le sommet, la compagnie aérienne soutient efficacement les efforts d’Israël pour vendre davantage d’armes en Afrique.
On a récemment révélé que Lufthansa était de connivence avec Israël dans ses efforts pour réprimer le soutien aux droits des Palestiniens quand elle a refusé en juillet l’embarquement de militants américains qui faisaient partie d’une délégation interconfessionnelle.
Le rabbin Alissa Wise, une des membres de la délégation interdite, en a conclu que cette action était vraisemblablement le résultat de la surveillance par Israël des courriels des militants, qui fait partie des efforts d’Israël pour contrecarrer le mouvement non-violent de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS).
Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine
Source : The Electronic Intifada