92ème anniversaire de la glorieuse bataille d’Anoual

L’Emir Abdelkrim Al-Khattabi :

de la lutte contre l’impérialisme à la construction de l’union maghrébine.

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92ème anniversaire de la glorieuse bataille d’Anoual

Symbole de la lutte anticoloniale, la victoire d’une petite troupe de rebelles rifains sur l’armée espagnole le 21 juillet 1921 à Anoual marque le début de la guerre du Rif. Celle-ci durera cinq ans. Elle constitue évidemment un tournant de la résistance au double protectorat espagnol et français instauré au Maroc en 1912. Mais elle marque surtout la naissance d’un mythe : celui d’Abdelkrim, héros de guerre, fin stratège et chef charismatique de la rébellion.

L’Emir Abdelkrim Al-Khattabi : de la lutte contre l’impérialisme à la construction de l’union maghrébine.

La lutte de Muhammad Ben Abdelkrim Al-Khattabi contre les forces impérialistes franco-espagnoles a eu lieu au moment même où règne partout dans le monde arabe une effervescence de la renaissance arabe (An-Nahada). Elle s’inscrit dans le cadre des luttes anticoloniales menées par les peuples colonisés du sud et d’Orient, et plus particulièrement les révoltes arabes contre les accords de Sykes-Picot (en 1916). Elle est le symbole des luttes pour l’indépendance et l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’action révolutionnaire de l’Emir Abdelkrim Al-Khattabi suscita l’enthousiasme et un soutien authentiques aux quatre coins du monde : l’Emir Al-Khattabi devint une icône pour toute une génération de révolutionnaires assoiffés de liberté et d’indépendance. Il ne fut pas uniquement cet habile stratège rifain qui combattit l’impérialisme occidental à partir de la région du Rif, mais il fut l’unificateur des luttes menées au nom d’un Maghreb uni et indépendant. Il est le fondateur de la guerre moderne anticoloniale du XXe siècle, son combat servira de modèle à toutes les guerres d’indépendances futures.


La lutte de Muhammad Ben Abdelkrim Al-Khattabi contre les forces impérialistes franco-espagnoles a eu lieu au moment même où règne partout dans le monde arabe une effervescence de la renaissance arabe (An-Nahada). Elle s’inscrit dans le cadre des luttes anticoloniales menées par les peuples colonisés du sud et d’Orient, et plus particulièrement les révoltes arabes contre les accords de Sykes-Picot (en 1916). Elle est le symbole des luttes pour l’indépendance et l’autodétermination des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’action révolutionnaire de l’Emir Abdelkrim Al-Khattabi suscita l’enthousiasme et un soutien authentiques aux quatre coins du monde : l’Emir Al-Khattabi devint une icône pour toute une génération de révolutionnaires assoiffés de liberté et d’indépendance. Il ne fut pas uniquement cet habile stratège rifain qui combattit l’impérialisme occidental à partir de la région du Rif, mais il fut l’unificateur des luttes menées au nom d’un Maghreb uni et indépendant. Il est le fondateur de la guerre moderne anticoloniale du XXe siècle, son combat servira de modèle à toutes les guerres d’indépendances futures.

Le Maroc, comme bien d’autres pays dans le monde, fut la proie des prédateurs impérialistes qui lorgnaient sur ses ressources minières (phosphate, zinc, plomb, fer, cobalt, cuivre, barytine, charbon , argent…) et convoitaient son littoral. Il sera soumis à un double protectorat français et espagnol en 1912 parachevant ainsi la mise sous tutelle du Maroc dont les prémices remontent au XVe siècle.

C’est contre ce colonialisme que l’Emir Abdelkrim va s’insurger et combattre tour à tour les espagnols au nord, les français au sud et une coalition franco-espagnole appuyée et soutenue par les puissances occidentales notamment la Grande Bretagne.

Le 21 juillet 1921, l’Emir Abdelkrim inflige une défaite monumentale à l’armée espagnole suréquipée lors de la mythique bataille d’Anoual. 3000 rifains font face à plus de 100 000 hommes ; la bataille se solde par une véritable débâcle dans le camp espagnol : 16 000 soldats tués, des milliers de blessés et des centaines de prisonniers, 20 000 fusils, 400 mitrailleuses, 200 canons passeront entre les mains des moudjahidines du Rif . L’Espagne vient de perdre le terrain qu’elle avait gagné par des années de guerre. Le général espagnol Fernandez Sylvester se donnera la mort à la suite de la déroute; à Madrid le gouvernement tombe. L’hécatombe est telle que la Société des Nations parle du « cataclysme marocain ». C’est aussi cette guerre du Rif qui provoquera l’ascension de Franco au pouvoir (en février 1926, alors qu’il n’a que 34 ans, il sera le plus jeune général d’Europe).

La bataille d’Anoual marque un tournant historique décisif dans les luttes anticoloniales : c’est la première fois qu’une armée impérialiste est mise en échec de façon aussi foudroyante. Un historien déclarera : « c’est l’un des plus effroyables désastres enregistrés au cours des entreprises coloniales européennes en Afrique. ».

Très vite cette victoire dépasse les limites du Rif pour se propager à l’ensemble du Maroc où chaque marocain se sentit rifain. L’aura de l’Emir Abdelkrim s’étendra à l’ensemble du Maghreb et du monde arabe et plus largement encore jusqu’en Indochine où Ho Chi Minh reconnut en Abdelkrim Al-Khattabi son frère d’armes : il le voyait comme « le précurseur de la guerre populaire moderne. »

Dans un monde marqué par les préjugés racistes et ethnocentristes, la victoire d’Anoual était tout un symbole : elle eut des répercussions psychologiques et politiques immenses chez les peuples qui vivaient sous la domination et le joug colonial. La victoire d’Anoual représentait une victoire triomphale des peuples de « couleurs » exploités par les impérialistes sur une nation « blanche » ; c’était une revanche des pays colonisés et une humiliation de l’Occident arrogant.

La victoire des moudjahidines rifains venait non seulement de mettre fin au mythe de l’invincibilité des armées occidentales mais elle inaugurait une technique de guerre qui allait faire le succès de toutes les guerres de libération du Tiers-Monde sous occupation coloniale : la guérilla.

A ce propos, en 1971, recevant une délégation du Fatah, Mao Tsé-toung leur déclara : « Vous êtes venus pour que je vous parle de la guerre populaire de libération alors que, dans votre histoire récente, il y a Abdelkrim, qui est une des principales sources desquelles j’ai appris ce qu’est la guerre populaire de libération. Pourquoi donc avez-vous fait tout ce chemin alors que vous avez le Maitre : Abdelkrim ? »

L’Emir Al-Khattabi réussit à unir et à mobiliser toutes les tribus du Rif sous son commandement et sous le mot d’ordre de la lutte pour l’indépendance. Il vainquit une armée impérialiste et proclama la création de la « République du Rif » qu’il dotera des institutions étatiques les plus modernes de son temps.

Cette jeune république, la première dans le monde arabe, représentera alors une menace insupportable pour tous les belligérants :

– d’une part pour le Makhzen et le sultan Moulay Youssef à qui Abdelkrim reprochait sa passivité, son manque de combattivité pour la libération nationale. En effet le sultan restera sagement sur son trône pendant que les français et les espagnols mèneront une guerre impitoyable au Rif. Le sultan percevait l’Emir Abdelkrim comme une menace pour son pouvoir royal.

– d’autre part cela représentait pour les français un danger colossal : en effet le risque encouru était de voir les moudjahidines rifains embraser tout le Maroc et la guerre du Rif s’étendre à l’Algérie voisine. Il est vrai que chacune des victoires de l’Emir Abdelkrim sera accueillie par le peuple algérien comme étant la sienne et sa défaite finale aussi. De plus c’est après la reddition d’Al-Khattabi en 1926 que naîtra, à Paris, l’Etoile Nord-Africaine qui va organiser les travailleurs d’origine maghrébine dans un cadre de lutte commun avec comme programme : la libération de l’ensemble des trois colonies du Maghreb. L’idéologie et le programme de cette Etoile Nord-Africaine s’inspire du combat anticoloniale d’Abdelkrim et de ses mots d’ordre unificateur.

Abdelkrim poursuit son combat tous azimuts contre les troupes françaises qu’il harcèle de toutes parts : au 20 juillet 1925, les pertes françaises s’élève à près de 6 000 hommes. Face à cette déroute, le général Hubert Lyautey sera contraint de démissionner. Le maréchal Philippe Pétain, partisan d’une guerre agressive et sans merci, prendra le relais.

Une coalition franco-espagnole se mettra alors en place mobilisant une armée d’un demi-million d’hommes. De partout dans le monde occidental, on veut s’engager pour croiser le fer avec les moudjahidines du Rif. Les Etats-Unis participeront activement à la guerre du Rif avec leurs escadrons de la mort.

La guerre du Rif était devenue le moyen de préserver la suprématie de l’homme blanc et les Empires coloniaux occidentaux en luttant brutalement contre la population rifaine.

Charles Willoughby, (1892-1972) major général de l’armée des États-Unis, publia un article en août 1925 où il écrit : « Une foule d’hommes noirs et de couleurs avait été précipitée contre des hommes blancs, d’Ypres jusqu’à Bagdad, théâtres d’opérations sur lesquels ils avaient appris à les tuer. Les races assujetties avaient découvert une étrange vérité : les suzerains blancs, ces insondables maîtres de leurs destinées, s’étaient opposés les uns aux autres. Les demi-dieux avaient chu de leurs piédestaux séculaires et avaient été réduits à des fragments d’argile. […] Il y a peu de temps encore, les Empires coloniaux étaient fondés sur une légende, la légende de l’invincible homme blanc. Il n’est pas bon de détruire ce mythe, de toucher au piédestal sur lequel reposait le demi-dieu depuis tant de siècles.[…] Seule une guerre agressive, conduite jusqu’au cœur de leur pays par des expéditions punitives incendiant les villages, détruisant les réserves de blé et dispersant les troupeaux, pourrait accomplir la subordination des tribus rebelles. »

Pour se faire, Willoughby suggéra l’utilisation de chars, de voitures blindées, de lance-flammes et de gaz. Les Espagnols, aidés par l’armée allemande et l’industrie, construisirent des usines pour la fabrication de gaz en Espagne et au Maroc. Des milliers de tonnes de gaz moutarde furent ainsi répandus sur des villages marocains ce qui préfigurera les guerres coloniales contre-révolutionnaire à venir.

Le Rif, comme aujourd’hui Gaza, sera soumis à un blocus meurtrier, la population sera pilonnée par un intense bombardement (3 000 tonnes par jour), l‘utilisation inhabituel du gaz moutarde fera des civils rifains les premières victimes gazés de l’histoire contemporaine (mais ce ne sont pas des juifs de l’holocauste – l’histoire n’en parle pas) : 150 000 est le nombre de victimes rifaines.

Les armées impérialistes, suivant la logique coloniale de responsabilité collective, ne distinguèrent pas les objectifs militaires des objectifs civils. Les Rifains étaient collectivement responsables des revers des armées coloniales et devaient, de fait, être « punis » en conséquence. Cela contraste avec l’esprit humaniste et chevaleresque de l’Emir Abdlekrim Al-Khattabi qui affirmait la distinction qu’il faisait entre les troupes coloniales espagnoles qu’il combattait sans relâche, et le peuple espagnols avec qui il espérait établir des relations amicales : « Le Rif ne combat pas les Espagnols et ne ressent pas de haine envers le peuple espagnol. Le Rif combat cet impérialisme envahisseur qui veut lui ôter sa liberté à force de sacrifices moraux et matériels du noble peuple espagnol. (…) les Rifains luttent contre l’Espagnol armé qui prétend lui enlever ses droits, et cependant garde ses portes ouvertes pour recevoir l’Espagnol sans armes en tant que technicien, commerçant, industriel, agriculteur, et ouvrier »

La coalition disposant d’un appui aérien américain et d’armes de destruction massive provoquera la capitulation de l’Emir Abdelkrim le 27 mai 1926, mais la pacification complète du Rif ne s’achèvera que 12 ans plus tard en 1934.

Abdelkrim désormais prisonnier de guerre sera exilé sur l’île de la Réunion où il y demeurera jusqu’en mai 1947. Il réussira à prendre la fuite du navire qui l’emmenait en France pour trouver asile en Egypte et s’installe au Caire. Cette évasion suscitera l’enthousiasme des nationalistes arabes et l’effroi dans le camp franco-espagnol ainsi que pour le Makhzen qui est pris d’une sainte terreur rien qu’à l’idée de voir revenir au Maroc le moudjahid Abdelkrim Al-Khattabi.

A partir du Caire, il continue son combat pour l’indépendance non seulement du Maroc mais de tout le Maghreb. Il en profitera pour diffuser ses thèses radicales anticoloniales. Il fonde, avec l’aide d’étudiants maghrébins, les commandos nord-africains qui avaient pour but de former des cadres militaires dans la perspective d’une insurrection généralisée des 3 pays du Maghreb. A côté de cet activisme militariste, l’Emir Abdelkrim cherchait à fédérer les différents mouvements nationalistes maghrébins en vue de coordonner la lutte anticolonialiste dans les 3 pays. C’est dans ces conditions qu’il créa, le 9 décembre 1947, le « Comité de Libération du Maghreb Arabe » qui affirmait clairement son identité arabo-islamique et se donnait pour objectif : l’évacuation des pays par les troupes d’occupations et la réalisation de leur indépendance totale et leur souveraineté nationale complète.

Dans le Manifeste d’Abdelkrim du 5 janvier 1948, on peut lire : « Nous le faisons en vue de réaliser la coalition entre tous les partis du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie qui réclament l’indépendance et la constitution d’un seul front afin de poursuivre la lutte pour libérer nos pays du joug colonialiste. Au moment où les peuples travaillent pour assurer leur avenir, les pays du Maghreb arabe étudient attentivement les moyens de recouvrer l’indépendance dont ils ont été spoliés et leur liberté perdue. Il est donc du devoir de tous les dirigeants maghrébins de s’unir. Tous les partis de l’indépendance doivent également se coaliser et s’aider. Seule cette méthode nous permettra d’atteindre la réalisation de nos buts et de nos aspirations.

Désormais, notre cause entre dans une phase décisive. Nous affronterons dorénavant les usurpateurs comme un seul bloc, se composant de 25 millions d’hommes rassemblés autour d’un programme et déployant leurs efforts vers un objectif unique : l’indépendance complète pour l’ensemble des pays du Maghreb arabe.

Désormais, l’occupant colonialiste ne trouvera plus l’opportunité de contrecarrer notre résolution. Il ne sèmera plus de discorde entre nous, en exploitant la multiplicité des partis et les divergences d’opinion pour nous asservir et consolider ses positions dans nos pays.

Nous considérons que, dans nos trois pays, notre cause est une seule et même cause. Nous affronterons le colonialisme, solidement unis. Nous n’accepterons aucune solution ne réalisant pas notre indépendance complète et notre souveraineté totale. »

Même après la libération du Maroc en 1956, l’Emir Abdelkrim professait de la manière la plus radicale toujours les mêmes idées de solidarité intermaghrébine. Ainsi, le 4 mai 1956, il affirma son refus de voir la question de la décolonisation des 3 pays du Maghreb être traitée séparément : « Nous n’acceptons pas de solution de compromis en Algérie, au Maroc ou en Tunisie. Nous voulons l’indépendance totale ». L’Emir Abdelkrim était partisan d’une solidarité active avec la révolution algérienne qui devait être pour lui le prélude à une révolution maghrébine permettant d’unifier les trois pays. Lorsque la guerre d’Algérie tourne au carnage, il déclare en avril 1958 qu’il « ne mettra pas le pied sur le sol marocain avant le départ du dernier soldat français du Maghreb ».

Même si sa préoccupation première était la libération du Maghreb tout entier de toute occupation militaire étrangère et la création d’un Maghreb sous la forme d’une « Union fédérale », son combat avait une portée internationale : à la demande de Ho Chi Minh, L’Emir Abdelkrim lance un appel à la désobéissance des troupes marocaines engagées en Indochine sous le drapeau français. « Choisissez le camp de ceux qui défendent la liberté et affrontent la mort pour l’indépendance dans le but de se libérer de ce que vous endurez vous-même de la part du colonialisme », ordonne l’Emir à ses compatriotes.

A Cuba, Che Guevara, tenant en respect le génie tactique du héros rifain, avait été initié, avec Fidel et Raul Castro, aux actions de guérilla d’Abdelkrim Al-Khattabi par Alberto Bayo, un général espagnol d’origine cubaine, vétéran de la guerre du Rif, ayant combattu ensuite du côté républicain lors de la guerre d’Espagne. Ce sont ces hommes entraînés par le général républicain qui débarqueront à Cuba pour constituer le premier maquis castriste dans la Sierra Maestra en 1958 : “Bayo nous enseignait comment mettre en place une guérilla pour briser une défense à la manière des Marocains d’Abdelkrim face aux Espagnols”, a raconté Fidel Castro à Ignacio Ramonet (directeur de la rédaction du Monde Diplomatique, dans Cien Horas con Fidel ).

Quant à la Palestine dès l’annonce de son partage, le 29 novembre 1949, Mohamed ben Abdelkrim Al-Khattabi leva une armée d’un millier de volontaires arabes et maghrébins qui sont allés combattre auprès de leurs frères palestiniens. Prenant de vitesse l’arrivée des volontaires armés des pays de la Ligue. Les leaders palestiniens, Yasser Arafat, Abou Jihad et autres ont pris source à l’enseignement des méthodes de guerre populaire du vainqueur de la légendaire bataille d’Anoual pour lancer leur mouvement de résistance dès janvier 1965. Les Palestiniens en formation militaire se voyaient distribuer des brochures sur les diverses techniques de guérilla dont celle sur Abdelkrim Al-Khattabi à laquelle était donnée la priorité.

Mohamed ben Abdelkrim Al-Khattabi révolutionnaire sincère, affranchi de toute gangue idéologique qu’elle vienne de l’Est ou de l’Ouest, ennemi intraitable de la langue de bois aura un regard très critique face aux activistes nationalistes arabes auxquels il reproche leur arrivisme, leur affairisme et leur esprit de corruption. Il dénonce les contradictions flagrantes entre leurs discours et leurs actes. Il prendra ses distances avec eux, et deviendra un farouche opposant à Allal el-Fassi dont le parti Istiqlal truste tous les postes importants du jeune Maroc indépendant et fait main basse sur le pouvoir exécutif. Abdelkrim Al-khattabi restera hostile à la monarchie marocaine jusqu’à la fin de sa vie.

Admirable dans le combat, noble dans la défaite, L’Emir Muhammad Ben Abdelkrim Al-Khattabi restera pour les marocains et pour tous les hommes épris de liberté et de justice un symbole de la lutte contre l’oppression. Il aura été l’un des inventeurs du nationalisme marocain, ou, plutôt maghrébin.

Décédé loin de sa patrie le 6 février 1963 à l’âge de 80 ans, Nasser lui rendra hommage en organisant des obsèques dignes d’un chef d’Etat.

Presque 100 ans après la guerre du Rif, le combat d’Abdelkrim contre le colonialisme, son projet révolutionnaire, son refus des concessions et sa vision unificatrice de la Nation arabe représentent toujours le symbole de la résistance contre le pouvoir monarchique qui œuvre depuis pour effacer et taire cette page de l’histoire marocaine.

Aujourd’hui, il est de la responsabilité des peuples arabes et musulmans de puiser dans leur propre dynamique historique et de se réapproprier le modèle révolutionnaire que fût Abdelkrim al-Khattabi, afin de façonner leur action et leur projet de société de manière autonome et endogène. Il ne fait aucun doute que seule l’unité au sein de la nation arabe pourra être la source de l’émancipation des peuples et du développement économique au bénéfice de tous.

Comité Action Palestine

92ème anniversaire de la glorieuse bataille d’Anoual

Symbole de la lutte anticoloniale, la victoire d’une petite troupe de rebelles rifains sur l’armée espagnole le 21 juillet 1921 à Anoual marque le début de la guerre du Rif. Celle-ci durera cinq ans. Elle constitue évidemment un tournant de la résistance au double protectorat espagnol et français instauré au Maroc en 1912. Mais elle marque surtout la naissance d’un mythe : celui d’Abdelkrim, héros de guerre, fin stratège et chef charismatique de la rébellion.
Cela fait dix ans que l’Espagne tente tant bien que mal d’administrer la région nord du Maroc placée sous son autorité. Mais ses troupes se heurtent continuellement à des poches de résistance, particulièrement dans la région montagneuse du Rif. Au début de 1921, une tribu rifaine, les Aït Ouriaghel, de la région d’al-Hoceïma, déclenche véritablement les hostilités. À sa tête, un jeune – il n’a pas 30 ans – fils de cadi (« juge ») du clan des Aït Youssef. Journaliste à ses heures, il a étudié la technologie militaire en Espagne avant d’entrer dans l’administration espagnole. Son nom : Mohamed ben Abdelkrim al-Khattabi, alias Abdelkrim.

Le général Manuel Fernández Silvestre, qui commande les forces espagnoles dans la région, est convaincu d’avoir affaire à une petite bande de brigands et n’envisage pas une seconde d’arrêter la progression de ses troupes vers le cur du Rif. Abdelkrim lui fait alors porter un message d’avertissement que le fier général choisit d’ignorer. Il charge néanmoins l’un de ses chefs de bataillon, Jésus Villar, de poster 250 hommes à Abarran, à 5 km à l’est d’Anoual. Le 1er juin 1921, les hommes de Villar ont à peine pris position qu’ils se trouvent encerclés par un millier de combattants rifains proprement massacrés. Une poignée d’entre eux seulement parviennent à s’échapper, abandonnant leur artillerie aux combattants d’Abdelkrim.

Grâce à ces canons, ces derniers poursuivent, près de deux mois durant, leur offensive. Dans l’après-midi du 21 juillet 1921, à Anoual, 3 000 combattants rifains postés sur les hauteurs du Jbel Gourougou, au-dessus de Mellila, fondent sur les 15 000 soldats espagnols, les contraignant à battre en retraite. Au bout de trois semaines de combats acharnés, le contingent espagnol est taillé en pièces et le général Silvestre tué. Cette défaite cinglante des forces coloniales allait être lourde de conséquences, de part et d’autre de la Méditerranée. Car c’est cette « humiliation », qui, en 1923 à Barcelone, incitera le général Miguel Primo de Rivera à lancer un pronunciamiento et à instaurer une dictature militaire. L’Espagne est d’ailleurs tentée de se retirer du Maroc, mais la France, craignant la contagion dans ses colonies, refuse de laisser les insurgés impunis. Le maréchal Lyautey, le résident général français, prend le commandement des opérations.

Abdelkrim et les siens continuent en effet de résister. En avril 1925, ils parviennent même à repousser les troupes françaises plus au Sud, vers Fès et Taza. Après cet échec, Lyautey présente sa démission et c’est au maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun pendant la Première Guerre mondiale, qu’est confiée la mission de « mater » les rebelles rifains. Dès son arrivée, il déclenche une terrible contre-offensive – avec recours massif à l’aviation et largage de « bombes asphyxiantes » – et unit ses forces à celles de l’armée espagnole. Ce sont désormais 500 000 soldats conduits par 40 généraux que doivent affronter les hommes d’Abdelkrim. Face à un tel déploiement de force, ces derniers ne tiendront pas longtemps. En mars 1926, après l’échec des pourparlers de paix d’Oujda, le chef des rebelles n’a d’autre choix que de se rendre. Le 27 août 1926, il est exilé sur l’île de la Réunion, où il passera vingt longues années.
L’ultime coup de théâtre a lieu en mai 1947. Au cours de son transfert vers le sud de la France, Abdelkrim profite d’une escale à Suez pour s’évader et s’installe en Égypte, où il résidera jusqu’à sa mort, le 6 février 1963. Le président Gamal Abdel Nasser lui offre des funérailles nationales, en hommage à ses actes de bravoure et ses hauts faits de résistant qui furent un modèle pour tous les pays ayant subi l’occupation.

Source

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