Pour le retrait des écrans vidéos dans l’espace public à Bruxelles

Pétition à M. le Bourgmestre de Bruxelles et au Collège des Échevins Pour le retrait des écrans vidéos dans l’espace public à Bruxelles Depuis quelques mois, des écrans vidéo à LED sont installés dans l’espace public de la ville de Bruxelles. Des panneaux de ± 20m² comme rue de la Loi ou place Stéphanie, ou de … Lire la suite

Que tremble la terre jusque dans ses entrailles

Que tremble la terre jusque dans ses entrailles1 Aux peuples du monde Aux médias libres A la Sexta Nationale et Internationale Convoqués pour la commémoration du 20e anniversaire du Congrès National Indigène et de la vive résistance des peuples, nations et tribus originaires de ce pays le Mexique, et qui parlentamuzgo, binni-zaá, chinanteco, chol, chontal … Lire la suite

Observatoire de la mégaprison de Bruxelles-Haren

Observatoire de la mégaprison de Bruxelles-Haren Lancement de l’observatoire de la mégaprison de Bruxelles-Haren 9 janvier 2017 Le Comité de Haren, l’asbl Respire, des riverains et des militants lancent aujourd’hui « l’observatoire de la mégaprison de Bruxelles-Haren ». Le gouvernement régional a délivré le permis pour la mégaprison de Bruxelles-Haren le 24 décembre 2016. Une énième fois, … Lire la suite

Suprême délit d’opinion

Suprême délit d’opinion Olivier Mukuna· mardi 10 janvier 2017 Cher Dyab, J’ai envie de t’écrire ces quelques lignes car ce n’est pas depuis hier que ta diabolisation politico-médiatique me dérange. Des jours de prison que tu as subi à l’initiative du “grand démocrate” Guy Verhofstadt (2003) jusqu’à cette polémique sur ton soutien à la résistance … Lire la suite

La Conquista de l’Amérique: salle des tortures de la modernité par Luis Martinez Andrade

« Il est important de souligner la distinction entre colonialisme et colonialité. Le colonialisme est un phénomène historique qui a lieu jusqu’au XVIe siècle. Le terme décrit le cas d’un peuple ou d’une nation qui conquiert un autre espace territorial.

Par colonialité, en revanche, nous entendons un schéma de domination qui est né en 1492, après la «découverte», mais qui a vraiment été imposé avec la conquête de l’Amérique latine. Ce schéma de domination est matériel, économique, mais aussi symbolique. Le pouvoir hispano-lusitain n’a pas seulement imposé la langue mais également sa vision du monde, chrétienne, dualiste, avec laquelle sont nés les mythes de la modernité. Selon ces mythes, les peuples indigènes étaient des peuples sans âmes, barbares, qui devaient être «sauvés» par un pouvoir européen pour devenir humains.

Ce schéma de colonialité n’a malheureusement pas été détruit avec les indépendances du XIXe siècle. Après les processus d’autonomisation politique, c’est un noyau créole qui s’est emparé de l’appareil d’État en laissant toujours de côté les populations indigènes et noires. Les indigènes n’étaient jamais perçus comme citoyens, et c’est resté comme une sorte d’atavisme dans l’imaginaire. C’est pour ça que l’on continue de parler de colonialité comme d’un phénomène qui va de pair avec la modernité et le capitalisme. »

Luís MARTÍNEZ ANDRADE (°1981, Puebla) est Mexicain. Docteur en sociologie de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. En 2009, il a reçu le premier prix du concours international de l’essai  » Penser à contre-courant  » organisé par l’Institut Cubain du Livre et le Ministère de la Culture de Cuba. Ses recherches portent sur la relation entre l’écologie et la religion, la pensée latino-américaine, la Théorie critique et les mouvements sociaux.

Luis Martinez Andrade nous parlera de comment la civilisation européenne s’est positionnée comme référence, et le recadre dans un analyse sur différents points: capitalisme, colonialisme, et religion.

Luis Martinez Andrade retrace la constitution de la matrice coloniale dans laquelle l’Amérique Latine est insérée depuis la conquête européenne, puis propose de penser son dépassement par les luttes sociales appuyées par la théologie de la libération.

 

Dimanche 15 Janvier 2017 de 14h00 à 18h00

Le Space CC + Café (Art@Azira vzw / asbl)

Sleutelstraat 26 Rue de la clé

1000 Brussels

 

A propos du Génocide Mémorial Day.

Cet événement a débuté en Janvier 2010 avec la convergence de deux idées.

La première nécessité était de contrer l’idée que certains génocides sont plus exclusive que d’autres et donc digne d’une plus grande attention.
La deuxième nécessité est que ce ne serait pas seulement un souvenir théorique, mais commencer à identifier les pratiques génocidaires actuelles en vue de les arrêter.

La philosophie de ce projet rejette l’idée qu’il y a une hiérarchie des victimes en fonction de leur origine. Nous voulons tenir les gens responsables dans le cadre de GMD en mettant en évidence les personnes et les structures de pouvoir qui ont commis des génocides ou des actes de génocide et nous voulons rappeler les victimes de ces génocides et actes de génocide qui ont perdu leur vie.

L’initiative est britannique, mais il se déroule au même moment à Amsterdam, Londres, Paris et cette année à Bruxelles.
Cette journée est appelée à se pérenniser pour que reste vive la mémoire des crimes et génocides coloniaux, de la traite négrière et de l’esclavage et pour que ces crimes occultés et perpétrés par les « nations civilisées » soient pleinement reconnus et assumés par l’ensemble des peuples européens.

#FIBE2016 – Compte-rendu panel de discussion

Merci à tous les participants et intervenants !
Nous voulons vous remercier pour votre participation au Forum International contre l’Islamophobie , le 11 décembre dernier à Bruxelles.
Nous avons eu le plaisir d’accueillir plus de 150 participants tout au long de la journée pour écouter les intervenants.
Nous étions heureux de vous voir si nombreux parmi nous pour cette journée de réflexion dense et riche comme on en voudrait plus souvent.
Merci à tous ceux qui ont fait de cet événement un succès !
Merci également pour vos félicitations et encouragements.

Et pour 2017, nous vous donnons d’ores et déjà rendez-vous pour renforcer et multiplier les alliances solidaires que ce soit au niveau belge ou européen.

Visionnez les vidéos en ligne des interventions plus bas sur la page.

 

Plusieurs associations ont participer au Forum contre l’islamophobie  le dimanche 11 décembre à Bruxelles.
Nous publions ici leur appel, ainsi que les vidéos du panel de discussion.

«  L’Islamophobie se radicalise, La Résistance s’organise »

Présentation et introduction par Khadija Senhadji ( Socio-anthropologue )

Khadija Senhadji introduit la journée en nous donnant les raisons d’être de ce meeting.

Maryam Kolly (Sociologue, Université Saint-Louis Bruxelles)

La réflexion théorique sur la question de l’islamophobie est relativement récente dans le monde francophone. Le premier livre consacré à cette problématique date d’il y a à peine trois ans en France (A. Hajjat et M. Mohammed, Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman », Paris, La Découverte, 2013). On relève à ce sujet une différence majeure avec le monde anglo-saxon qui a intégré la réalité de l’islamophobie depuis bien longtemps.

La question de l’islamophobie induit différents axes qui s’articulent les uns aux autres :

  • Le volet des idées : l’islamophobie exprime dans cette perspective une essentialisation des musulmans, l’islam étant le déterminant ultime qui définirait ce groupe. Ce processus d’essentialisation conduirait in fine à l’incarnation par le musulman de la figure de l’autre et, dans une logique extrême, à l’amalgame « islam = terrorisme » ;
  • Le volet matériel qui concerne les mécanismes d’exclusion sociale subis par les musulmans (logement, enseignement, emploi, etc.).

Par ailleurs, le corps des femmes devient un champ de bataille, le lieu privilégié de la dialectique majoritaire/minoritaire.

Aujourd’hui, le combat contre l’islamophobie porté par des musulmans semble, de manière schématique, se cristalliser autour de deux pôles :

  • d’une part ceux dont le référentiel est essentiellement « citoyenniste » et légaliste. Ils se définissent globalement comme des Belges de confession musulmane et utilisent le droit comme principal levier d’action ;
  • d’autre part ceux qui se présentent comme des « racisés ». Ils entretiennent une forme de suspicion par rapport à la modernité, à la citoyenneté et au capitalisme qui seraient vecteurs de racisme et privilégient une approche décoloniale.

Témoignage 1 : Audrey Alem (Front uni des Immigrations et des Quartiers populaires) 

Au sein du FUIQP, le principe de base est de donner la parole aux premiers concernés.

La blanchité fait référence à un statut de privilégié qui s’impose structurellement. En tant que blanche convertie à l’islam et voilée, Audrey fait état d’un privilège perdu. L’enjeu est de dénoncer ce privilège qui induit une absence d’égalité, de l’abolir. C’est une condition sine qua non pour la convergence des luttes.

Audrey vit en quelque sorte le stigmate de ses frères et sœurs arabes. Elle présente l’islamophobie comme la face respectable de l’arabophobie (fantasmes sur l’arabité et la domination hommes-femmes).

L’Etat mettrait en place de manière consciente les conditions d’émergence de ces racismes pour des raisons politiques d’hégémonie. Il y a construction d’un problème par le haut. De là, toute l’importance de ne pas considérer l’islamophobie comme un problème individuel mais de ramener systématiquement la question à un niveau structurel et institutionnel.

Il convient d’instaurer un rapport de force par la base, de réinjecter de la politique dans les quartiers dans un mouvement émancipateur, et de se réapproprier son histoire.

Témoignage 2 : Fayçal Cheffou (confondu à tort avec « l’homme au chapeau »)

Le fait d’être soupçonné, accusé à tort de terrorisme rend l’individu hyper-perméable, « on peut dès lors faire de lui ce que l’on veut ». En tant que présumé terroriste, tout cela a lieu sans qu’on sache très bien ce qui se passe. Ces accusations sont formulées dans un climat de peur instillé par les médias. C’est ce qu’a vécu il y a quelques mois Fayçal Cheffou qui a été confondu à tort avec « l’homme au chapeau ».

Tariq Ramadan (Université d’Oxford)

Tariq Ramadan pointe des manquements dans l’analyse des raisons et des causes de l’islamophobie. Il distingue :

  • d’une part les questionnements sincères à l’égard du fait religieux (qui peut être vu comme une régression en matière par exemple de droit des femmes ou des homosexuels) et à l’égard desquels il faut être à l’écoute ;
  • et d’autre part le travail systématique de ciblage de certains lobbies qui transcendent la dimension étatique et font référence à ce qui se passe ailleurs dans le monde (notamment au Moyen-Orient).

Par ailleurs, il faut faire un lien entre le fait de stigmatiser une partie de la population et la volonté politique de surveiller l’ensemble de la population (notamment à travers les possibilités qu’offre aujourd’hui le Big Data). En effet, des questions très concrètes se posent quant aux menaces et à l’instrumentalisation des peurs dans une perspective de contrôle et de sécurité accrue de la population.

Tariq Ramadan déplore par ailleurs le manque de liens qui est établi d’un point de vue de la recherche historique entre la question de l’islamophobie et les phénomènes de racisme institutionnel mis en œuvre par ailleurs, comme aux Etats-Unis à l’égard des Afro-Américains et des Latinos.

Il pointe également l’importance de la dynamique économique et des lectures marxistes. En effet, le déplacement des enjeux actuels vers une question culturelle et identitaire traduit le délitement de la parole politique qui elle-même révèle l’incapacité à répondre aux défis socio-économiques.

Il incite à être à la fois dans une posture citoyenne et dans le questionnement de l’Etat afin de mettre en cause le racisme international qui va au-delà du racisme d’Etat, et qui autorise une approche différenciée de ceux qui meurent chez nous et ceux qui meurent ailleurs.

Il plaide enfin pour que les luttes antiracistes de la part de ceux qui subissent le racisme ne soient pas exclusives (au niveau des publics), au risque de fragmenter les fronts de résistance.

Mehdi Meftah (Parti des Indigènes de la République)

La dernière intervention est présentée comme le récit d’une grande révolution : la révolution anticoloniale. Mehdi Meftah pointe le contrôle de l’islam comme étant une constante de la politique française. L’islam est dans cette perspective non seulement un outil de contrôle politique mais aussi un fait culturel qui bouscule de façon implicite des impensés de la République.

Ce récit est jalonné d’événements et de combats allant des luttes pour la liberté des prêches dans les mosquées durant la période coloniale à l’actualité contemporaine, en passant (de manière non exhaustive) par l’instauration du néo-colonialisme, le tournant néo-libéral, la marche pour l’égalité et contre le racisme ou encore l’interdiction à Tariq Ramadan de s’exprimer sur le territoire français.

Dans ce contexte, le référentiel musulman va devenir de plus en plus important dans les mobilisations. L’une des premières étapes de ce processus a sans doute été l’appel des mosquées à soutenir la 1ère intifida fin de la décennie 1980. L’enjeu étant la reconnaissance collective des droits de tous.

De manière concomitante, l’islam va devenir à une échelle globale le « nouveau péril » à l’heure de la chute du mur de Berlin, de l’effondrement du bloc soviétique et de l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le péril vert va progressivement remplacer le péril rouge et jaune.

Mehdi Meftah souligne que s’il y a lieu de parler de péril, on ne mentionne que trop peu le péril blanc. Il termine son propos en incitant à sortir des cadres de pensée qui réduiraient les musulmans à une forme de périphérie face à un centre dominant et triomphant. Au contraire, dit-il, les damnés de la Terre, dont font dans une certaine mesure partie les populations musulmanes, sont majoritaires et devraient multiplier les alliances entre eux.
Séance de questions/réponses 

Animée par Véronique Clette-Gakuba, Centre de recherche METICES

Lors du Forum international contre l’islamophobie 2016 Mwanamke Collectif Afroféministe Belge a eu le plaisir d’aborder la question des feminsimes et des femmes racisées, de questionner les convergences entre les luttes contre islamophobie et l’afrofeminisme, le féminisme islamique, ainsi que les oppressions spécifiques vécues par les femmes racisées. Un moment intense & riche qui souligne l’urgence de nos luttes antiracistes, féministes, et décoloniales ! Bravo et félicitation à Bruxelles Panthères pour cette super initiative & merci au public ! Nos combats continuent !!! #FIBE16 #Mwanamke #Afrofem

JOURNEE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE

Mwanamke, collectif afrofeminist belge

Présentation:

Mwanamke, signifie femme en kiswahili, c’est un collectif afroféministe belge, non mixte, composé de femmes.

Mwanamke s’inscrit dans les luttes séculaires menées par les femmes africaines et afrodescendantes sur le continent africain et dans la diaspora pour leur libération et leur émancipation. Face aux multiples oppressions subies par les femmes noires (race, sexe, classe, handicap, orientation sexuelle,…), nous voulons lutter pour l’ autodétermination de celles-ci dans nos communautés ainsi que dans la société occidentale patriarcale et capitaliste.
De plus, nous voulons combattre cette idée préconçue que le féminisme ne serait pas inhérent aux cultures africaines et qu’il serait un instrument néocolonial.

Nous envisageons l’afroféminisme, non pas comme une transposition du féminisme occidental aux réalités des femmes noires, mais comme un féminisme adapté aux vécus, aux caractéristiques et aux spécificités de celles-ci .
Il est également important de souligner que nous récusons l’idée que le féminisme blanc ou « mainstream »aurait une portée universelle. Le regard maternaliste et néocolonial qu’il porte sur les femmes non-blanches doit être dénoncé et combattu. Nous considérons que les femmes noires et afrodescendantes doivent saisir elles-mêmes les armes de leur émancipation et de leur autodétermination.
Notre afroféminisme est décolonial et intersectionnel.

 

Sujet atélier:

LE FEMINISME COMME OUTIL DE LUTTE CONTRE L’ISLAMOBPHOBIE

 

Groupe A:

– La création d’un groupe de féministes musulmanes
– La réunion de différents groupes de féministes racisées
– Plus de liaisons et collaborations entre les groupes féministes
– Création d’un lieu où les femmes racisées subissant des discriminations diverses peuvent apporter leurs témoignages afin de rassembler une quantité conséquente d’informations.
– Créer des événements dans des espaces divers avec des populations non informées dans le but de former et d’éduquer.

Groupe B:

Le féminisme décolonial serait capable de redonner une force et une vitalité au projet féministe.

– Revendications en tant qu’être humain, vivant dans ce monde qui aurait à se battre pour l’égalité et non pas en tant que femme (connotée inférieure).
-Analyser, comprendre la montée de l’islamophobie qui au-delàs des sexes, du genre, touche l’humain en général.
-Faire des réseaux, une stratégie face aux médias.
-Dénonciation: mettre le doigt sur le patriarcat qui persiste au sein des sociétés occidentale blanches, combattu / occulté par les féministes blanches. Le maternalisme qu’elles reproduisent à l’égard des femmes racisées.
-Réaliser une union des points de vue au niveau des luttes féministes à partir de cette dénonciation. Partager les expériences.

 

Retour sur l’atelier « Poser des bases pour un travail antiraciste blanc » au Forum International Contre l’Islamophobie de Bruxelles.

 

 

 

 

 

 

Ce dimanche 11 décembre 2016 a eu lieu le Forum International Contre l’Islamophobie à Bruxelles, organisé par Bruxelles Panthères. L’islamophobie m’interpelle pour plusieurs raisons, et depuis plusieurs années, je m’informe, je lis, je participe à des actions où il faut faire nombre, mais en termes de réel travail contre le racisme, je suis parfois dépitée par le sentiment d’être inutile, et même activement nocive en prenant de la place aux conférences et débats. Or, l’association au sein de laquelle je milite, ActivistChildCare, travaille la place des personnes exclues des sphères politiques et publiques, et l’islamophobie est un des freins principaux à l’inclusion. Nous avons donc réfléchi à comment nous rendre utiles. Nous avons ainsi pensé à nous décentraliser du processus, en se recentralisant entre blanc.he.s, dans un autre processus, en proposant cet atelier. L’atelier « Poser les bases pour un travail antiraciste blanc » a été pensé comme une expérience, une expérimentation politique, et avait pour ambition d’être une ébauche d’un travail à long terme.

La non-mixité fait toujours débat chez celles et ceux qui ne sont pas les bienvenues, mais nombreux.ses sont celles et ceux maintenant dans le milieu militant bruxellois qui comprennent la nécessité de travailler entre dominé.e.s. L’expérience de non-mixité entre dominant.e.s par contre n’est pas du même type, comporte un caractère potentiellement suspect  certains risques, et pose d’autres questions. Qui nous reprendra si on glisse vers le paternalisme, l’acceptation de l’inacceptable? Je pense à la scène de Ally McBeal où un groupe de déconstruction de la misogynie réservé aux hommes devient un groupe simplement misogyne en quelques minutes. La scène est particulièrement intéressante parce que le fait même que ces hommes soient présents à cet atelier est ce qui leur donne le sentiment d’être lésés, sentiment qui à son tour facilite la radicalisation de leur misogynie… Les blancs qui gravitent autour des luttes antiracistes sont parfois des défenseurs acharnés  de la hiérarchie raciste. L’atelier pensé était donc destiné plutôt aux blanc.he.s, mais ouvert à tou.te.s.

L’intérêt potentiel de travailler entre blanc.he.s est multiple: au niveau pratique, cela a l’avantage de réduire le nombre de blanc.he.s dans les réunions anti-racistes et de nous permettre de prendre la parole sans usurper des espaces qui ne sont pas les nôtres. Au niveau stratégique, les blanc.he.s, du fait de leurs privilèges, ont accès à des plateformes dont les personnes racisées sont exclues, et il est potentiellement positif de se concerter avant de s’en servir. Dit simplement, nous pouvons peut être servir dans des milieux blancs à dénoncer les racismes et à refuser de les appuyer. Ce n’est pas le travail des racisé.e.s de convaincre les blanc.he.s de l’existence du racisme; peut être alors pourrait-ce être le nôtre? Finalement, en termes conceptuels, la blanchité est invisible. Le fait de la nommer et de la travailler peut contribuer à la rendre visible, et ainsi à faire reculer son statut de norme.

Qu’avons-nous pu tirer de cette discussion entre une quinzaine de participant.e.s, blanc.he.s et racisé.e.s?

Premièrement, en termes de pistes de stratégies:

  • L’importance de travailler la conscientisation d’autres blanc.he.s, et avant cela de déterminer quel.le.s blanc.he.s peuvent être ciblé.e.s par de tels efforts. Ceci a émergé comme important parce que nous sommes les interlocuteur-rice-s privilégié.e.s des autres blanc.he.s, mais aussi à défaut d’être horriblement paternaliste et de penser pouvoir conscientiser des personnes racisées…
  • L’importance de dénoncer systématiquement toute incidence d’islamophobie et de racisme. Cessons d’être des antiracistes de bons jours. Concrètement ceci veut dire deux choses: premièrement, en tant que militant.e.s, cessons d’accepter de participer à des activités avec des racistes parce que « la cause est ailleurs », ou parce que « l’action est quand-même bien », ou parce que « oui mais ». Le racisme doit nous être totalement inacceptable, et ceci doit se manifester dans nos actes, dans nos engagements. Boycottons les actions qui incluent des racistes. Deuxièmement, dénonçons les paroles de blanc.he.s. Quand un.e assistant.e social.e, un.e directrice-eur d’école, un.e policière, un CPMS, etc nous attire par ses paroles ou actes dans une complicité blanche, au lieu de l’accepter en se sentant mal à l’aise, refusons et dénonçons publiquement la situation. Ma fille propose pour ce faire le hashtag #têtedeBelge ou #WhiteLikeMe, d’après ces fameux « reportages » d’usurpation des paroles de racisé.e.s.
  • La question de l’engagement antiraciste se pose particulièrement pour les féministes blanches, parce que nous sommes en permanence attirées dans des rhétoriques de ciblage des hommes indigènes. Nous devons faire des efforts dans nos collectifs pour être intransigeante envers cela. Par ailleurs, nous devons contribuer à changer les catégories d’analyse des actes sexistes, ou du moins à élargir l’éventail de ces catégories. L’exemple donné était celui d’une jeune femme qui est harcelée et qui dénonce ce harcèlement. Ceci devrait être un geste politiquement constructif, sauf que nos catégories d’analyse du harcèlement sont lourdement biaisées, voire entièrement déterminées, par des discours racistes. La proposition a été faite donc de noter les cas de harcèlement et éventuellement les conséquences afin d’avoir une vision plus claire de qui nous victimise réellement.
  • La question de la conscientisation amène celle de l’attractibilité de la lutte contre le racisme pour les blanc.he.s. Qu’est-ce qui peut nous amener à lutter pour un monde post-raciste, et donc pour la disparition de nos privilèges? La question de l’aliénation a été abordée: certain.e.s blanc.he.s qui vivent mal l’aliénation capitaliste pourraient aspirer à un monde plus juste; la proposition a aussi été faite de visibiliser la blanchité en la traitant comme carcan identitaire particulier, et d’un type particulier parce que dominante. Les tueries aux Etats-Unis, par exemple, sont le faits majoritairement d’hommes blancs, comme le suicide: la masculinité blanche est toxique. Un des résultats du racisme est que ce facteur est invisible, ce qui empêche de traiter de manière constructive un phénomène excessivement nocif. Or, nous ne pouvons discuter de cela que entre blanc.he.s, au risque de faire du « white tears », ou de se plaindre comme si nous étions victimes du racisme.

De manière générale, quelques leçons peuvent être tirées de cette expérience:

  • Si l’atelier a été pensé en vague non-mixité, il y avait une forte présence de personnes racisées. Ceci était positif dans la mesure où nous avons pu entendre quelles limites étaient demandées par les personnes racisées dans le travail antiraciste que nous voudrions faire; par contre, que la présence de personnes racisées soit nécessaire au processus serait contre-productif, et imposerait aux victimes du racisme la tâche de nous expliquer comment faire. Similairement, beaucoup de temps a été consacré à discuter de vocabulaire et de concepts (blancs, racisé, indigène, etc) et de la légitimité des blanc.he.s au sein des collectifs antiracistes. Idéalement, dans le futur, nous pourrions poser une série de bases, concepts et limites préalablement à la discussion, accepté par le collectif antiraciste organisateur et suivant leur ligne politique, auxquels les participant.e.s devraient se tenir.
  • La blancheur remise en question comporte une certaine fragilité, et les parcours de l’un.e et l’autre étant très différents, la discussion du racisme est parfois très chargée émotionnellement. Même si nous souhaiterions nous en débarrasser, nos identités et nos quotidiens sont construits en fonction de différents piliers, dont notre blanchité. La remise en question de ce pilier peut, qu’on le veuille ou non, donner un caractère thérapeutique aux discussions blanches du racisme. Je n’excuse pas le phénomène, mais j’en ai assez de fois témoigné pour penser qu’il faut en tenir compte quand nous nous retrouvons entre blanc.he.s et qu’il faudrait donc suivre les règles de l’art de toute animation à caractère émotionnelle (non-jugement, temps de parole égaux, etc).
  • Il sera toujours nécessaire de veiller à accepter notre caractère secondaire dans la lutte antiraciste et au caractère purement pragmatique du processus: nous nous verrons accordé ou nous nous accordons un espace de parole blanc que dans la mesure où cela peut nous rendre plus efficaces pour lutter contre les racismes.

En conclusion, je remercie tou.te.s les participant.e.s à cette première expérience, et surtout Bruxelles Panthères de nous avoir accordé cette espace  au sein du leur. Je suis consciente que cela constitue un acte de confiance considérable et j’espère que nous pourrons construire dessus pour réellement nous rendre utiles dans la lutte contre les racismes.

Eleanor Miller

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