L’antiracisme politique face aux inquisiteurs !

Accusés, levez-vous !

Procès du 25 mai : l’antiracisme politique face aux inquisiteurs !

Omar Slaouti, (militant associatif) jouera le procureur général

Nacira Guénif-Souilamas (sociologue), jouera la juge

Procès du 25 mai : Franco Lollia

Franco Lollia pour la Brigade Anti-Négrophobie
devra répondre des accusations de :
> communautarisme, militants radicaux de la cause noire qui ne comprennent rien à l’art et perturbent régulièrement les commémorations de l’abolition de l’esclavage.

Procès du 25 mai : Farah Mederbi

Procès du 25 mai : Wiam Berhouma

Wiam Berhouma, participante à une émission de débats sur France 2
devra répondre des accusations de :
> manque de respect à Finkielkraut, l’un des plus grands intellectuels français et d’opacité sur son passé militant

Procès du 25 mai : Eric Fassin

Éric Fassin, sociologue
devra répondre des accusations de :
> complicité avec ces communautaristes, « traitre à sa race »

Procès du 25 mai : Nargesse Bibimoune

Nargesse Bibimoune, membre du FUIQP et de la MAFED
devra répondre des accusations de :
> marche communautariste durant laquelle les organisatrices ont proféré des slogans douteux et « racialisation » de la lutte contre les violences policières

Procès du 25 mai : Amadou Ka

Amadou Ka, président des Indivisibles
devra répondre des accusations suivantes :
> dénonce régulièrement le racisme de personnalités publiques respectables et au-dessus de tout soupçon, impardonnables pour avoir osé mettre Fourest sur le même plan que Le Pen

Procès du 25 mai : Leyla Larbi

Leyla Larbi, Génération Palestine & Labo Décolonial
devra répondre des accusations suivantes :
> vit dans un passé révolu, se sert de l’antisionisme pour masquer un antisémitisme certain, appel à la discrimination envers un État

Procès du 25 mai : Houria Bouteldja

Houria Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République
devra répondre des accusations de :
> racialisme, « racisme anti-blanc », antisémitisme, misogynie et homophobie

Procès du 25 mai : Saimir Mile

Saimir Mile, la Voix des Rroms
devra répondre des accusations de :
> participation à cette association de malfaiteurs et refus de l’universalisme républicain

Procès du 25 mai : Alain Gresh

Alain Gresh, journaliste
devra s’expliquer sur :
> son amour de Tariq Ramadan

Procès du 25 mai : Emmeline Fagot

Emmeline Fagot, UJFP
devra répondre des accusations de :
> islamo-gauchisme, antisémites dans la haine de soi car antisionistes

Procès du 25 mai : Fania Noël

Fania Noël, co-organisatrice du Camp d’été décolonial
devra répondre des accusations de :
> ségrégation inversée, « racisme anti-blanc », communautarisme, danger pour la démocratie

Procès du 25 mai : Ludivine Bantigny

Ludivine Bantigny, Collectif anti-guerres
devra répondre des accusations de :
> idiote utile, collabos du djihadisme, gauchistes criminels.

Procès du 25 mai : Sihame Assbague

Sihame Assbague, un peu partout
devra répondre des accusations de :
> communautarisme, racisme anti-blanc, arrogance, fait régulièrement le jeu du FN et des extrémistes

Procès du 25 mai : Stathis Kouvélakis

Stathis Kouvélakis, philosophe
devra répondre des accusations de :
> islamo-gauchisme grec qui ne comprend rien à l’universalisme français et ne comprend rien aux bienfaits de l’Europe

GS4 et le complexe industrialo-carcéral

Extrait du chapitre III (« Le complexe industrialo-carcéral ») du livre Une lutte sans trêve, qui vient de paraître aux éditions La fabrique, ce texte est la transcription d’un discours prononcé à l’université SOAS (School of Oriental and African Studies) de Londres en décembre 2013. Cette conférence a pour objet la nécessité d’élargir le mouvement BDS – … Lire la suite

Du « judéo-bolchévisme » à « l’islamo-gauchisme » : une même tentative de faire diversion

« L’islamo-gauchisme », voilà l’ennemi. C’est le message envoyé régulièrement Manuel Valls dans ses différentes prises de parole publiques. Un concept assez flou dans lequel le Premier ministre englobe à la fois Clémentine Autain et Tariq Ramadan. Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel-Aviv, Shlomo Sand s’interroge sur l’utilisation de cette rhétorique. Le Premier ministre Manuel Valls, le 6 … Lire la suite

Pouvoir politique et races sociales

Pouvoir politique et races sociales Houria Bouteldja La race est le nœud qui lie le pouvoir d’État au grand capital. C’est cette analyse que propose ici Houria Bouteldja, à l’occasion d’un discours prononcé au « Procès de l’antiracisme politique » (25 mai 2016). Face aux attaques multiples dont le Parti des indigènes de la république a été … Lire la suite

Rencontre avec Houria Bouteldja

Rencontre-discussion avec Houria Bouteldja Samedi 07 Mai Au Pianofabriek Rue du Fort, 35, 1060 Saint-Gilles Accueil a partir de 12h30 Présentation de l’association activistchildcare à 13h00 – 14h00 Rencontre-discussion avec Houria Bouteldja à 14h30 – 17h00 « Pourquoi j’écris ce livre ? Parce que je partage l’angoisse de Gramsci : “le vieux monde se meurt. … Lire la suite

Nos réponses décoloniales aux 10 propositions d’un parti très banal

«  Comment mettre fin au terrorisme et à l’embrigadement « djihadiste » ? » selon le  PTB. Nos réponses décoloniales aux 10 propositions d’un parti très banal Dans un contexte où le pouvoir est aux mains de la droite et de l’ultra droite nationaliste qui prônent un discours sécuritaire, on est en droit de s’attendre à ce qu’un parti … Lire la suite

L’extrémisme islamique est un sous-produit de l‘impérialisme occidental

Sous-produit du colonialisme occidental, Israël ne devrait pas exister Garry Leech L’établissement d’un État sioniste au milieu du monde arabe pour des migrants juifs arrivant d’Europe n’a été possible que grâce à l’aide des puissances impérialistes occidentales dont les USA, la Grande-Bretagne et le Canada, écrit Garry Leech. Kidnapping d’un jeune palestinien par les troupes … Lire la suite

Meeting Stop a l’État de guerre: comprendre et réagir 14 Février 2016

Meeting Stop a l’État de guerre: comprendre et réagir 14 Février 2016  14h00 à 18h00 {nl} Meeting met een dubbel doel: enerzijds samenkomen om informatie uit te wisselen over geplande acties en elkaar te ondersteunen waar mogelijk en wenselijk, en anderzijds onze krachten ballen om samen een grotere impact op d samenleving te kunnen hebben. … Lire la suite

Être DE-CO-LO-NIAL

Être DE-CO-LO-NIAL…Qu’est ce que ça signifie pour vous? Réfléchir et se poser des questions sur notre monde, sur l’histoire des peuples jusqu’à nos agissements d’aujourd’hui..

Le monde ne tourne pas rond? c’est normal, c’est à cause du manque de décolonialité!

Interview Ramón Grosfoguel

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Interview Ramón Grosfoguel

Publié le Auteur Claude Rougier

Ramón Grosfoguel est professeur dans le département d’études ethniques de l’Université de Berkeley. Membre actif du réseau Modernité/colonialité dès ses débuts, aujourd’hui, il continue à agir pour décoloniser la pensée et le monde. L’interview qui suit est un extrait d’une conversation, en espagnol, qui sera mise en ligne sur Daily Motion

 

 

 

 

 

Claude Rougier : Dans « La inflexión descolonial », l’anthropologue colombien Eduardo Restrepo écrit qu’une des différences importantes entre les Post colonial Studies et les Estudios Descoloniales est que : « la pensée décoloniale est opératoire dans le champ théorique de la colonialité alors que la réflexion des auteurs postcoloniaux l’est dans le champ du colonialisme ». En quoi consiste cette différence entre colonialité et colonialisme ?

Ramón Grosfoguel. Le colonialisme est ce mouvement d’expansion européenne qui commence en 1492 et qui va usurper la souveraineté d’un peuple par des méthodes violentes : l’occupation militaire, l’exploitation brutale de la force de travail, comme c’est le cas avec l’esclavage et l’imposition d’une administration coloniale. Ce processus, qui a commencé il y quatre cent cinquante ans, a donné à l’Europe un privilège qui n’est pas seulement, économique mais aussi culturel et épistémologique. C’est à partir de cette expansion coloniale, que sont apparus des rapports de pouvoir qui n’ont pas disparu avec le colonialisme proprement dit.
Je veux parler de ces hiérarchies qui sont toujours en place aujourd’hui, alors que les administrations coloniales ont disparu presque partout sur la planète (n’oublions pas cependant Puerto Rico, la Palestine et d’autres parties du monde). Il s’agit de rapports de pouvoir qui s’exercent au niveau économique et politique : un type d’exploitation du travail indissociable du développement d’un capital financier central, qui correspond à la domination du Nord global sur le Sud global ; une forme d’autorité politique qui passe par l’organisation d’états-nations, l’état-nation étant cette chimère en vertu de la quelle identité d’un état et identité d’une population s’ajusteraient, ce qui n’est jamais le cas. Cet état-nation est un mécanisme essentiel de la domination à l’intérieur du système mondial actuel. Il existe d’autres hiérarchies, de type pédagogique, esthétique, linguistique, de type racial ou sexuel, de genre.
Toutes ces structures, qui ont leur origine dans une histoire coloniale, ne disparaissent pas avec celle-ci. Elles constituent ce que l’on s’accorde à nommer l’Occident, et grâce à toutes ces hiérarchies, esthétiques, linguistiques, raciales, etc, les critères de l’Occident l’emporteront sur tous les autres. Ces hiérarchies ont été intériorisées, au niveau des individus, de la subjectivité, mais elles existent aussi au niveau des collectifs, des régions, des pays, elles sont intégrées à notre façon de penser la politique, à notre rapport à la nature, aux relations humaines. C’est pourquoi elles font partie de l’imaginaire du monde moderne.
Voilà la raison pour laquelle, dans mes travaux, lorsque je m’adresse à la gauche occidentalisée, j’insiste beaucoup sur le fait que nous ne parlons pas d’un système économique ou politique mais d’une civilisation. En effet, si nous pensons le système monde comme un système économique, toutes ces hiérarchies de pouvoir trouvent leur explication, en dernière instance, dans une determination économique. Mais si nous nous proposons de décoloniser l’économie politique, grâce à un changement dans la géographie de la raison, si nous commencons à penser depuis le Sud Global, alors, il devient clair qu’une multitude de hiérarchies de pouvoir existent au niveau global et qu’elles constituent une civilisation.
Remarquons d’ailleurs que les intellectuels critiques du Sud, qu’il s’agisse des intellectuel(le)s indigènes ou des penseur(se)s noir(e)s, des critiques islamistes ou des penseurs boudhistes, sont tous d’accord sur un point : ce système global est une civilisation, et certains la nomment la civilisation occidentale. Cela nous renvoie au fait que le système global n’est pas seulement un système économique mais quelque chose de beaucoup plus ample. C’est une civilisation qui a produit un système économique, pas un système économique qui a produit une civilisation. Une civilisation qui a détruit toutes les autres, et qui, dès la fin du XIXe siècle, a existé à l’échelle planétaire. Pour quelques rares populations du monde occidentalisé, elle produit la vie et donne accès à des privilèges. Pour toutes les autres, elle produit la mort et la violence .

C. R- Restrepo dit aussi que les post-coloniaux se référent à Foucault et aux auteurs souvent rattachés au  post-structuralisme alors que les décoloniaux seraient plus marqués par la philosophie de la libération et la théorie de la dépendance. Tu partages ce point de vue ?

R. G. Si tu lis la première partie de l’article que j’ai intitulé Decolonizing Post-colonial Studies and the Paradigms of Political-Economy, tu constateras que le début est consacré précisément à ce point : au fait que la perspective postcoloniale reproduit le privilège de l’homme occidental. Je veux parler de ce privilège épistémique de l’homme occidental, au monopole de la connaissance dont jouissent les hommes de cinq pays, qui sont les seuls à faire autorité, les seuls à être légitimes. . Ces hommes sont français, allemands, britanniques, nord-américains (et il y a aussi, mais au second plan, des Italiens). Tout bien considéré, toutes les disciplines des sciences sociales, et même les paradigmes disciplinaires de l’université occidentalisée et de la gauche occidentalisée sont fondés sur les analyses d’hommes qui appartiennent à l’un de ces cinq pays. C’est sur cette base que s’établissent les règles de la pensée critique ou scientifique dans le domaine social, historique, philosophique.
Peut-on, dans ces conditions, parler de diversité épistémique ? N’est-elle pas plutôt étouffée, et finalement détruite ? Nous, les penseurs décoloniaux, nous prenons au sérieux la question de la diversité épistémique. Nous voulons décentrer la pensée de l’homme occidental car elle s’inscrit dans ce que je nommé « une épistemologie raciste-sexiste ». Parce que l’université occidentale et la gauche occidentale renvoient seulement à la pensée de ces hommes là, parce qu’elles mettent de fait sur un plan d’infériorité ce qui se produit ailleurs dans le monde, nous pouvons parler de structures épistémiques racistes et sexistes. Et les écrivains post-coloniaux ont beau faire une critique du colonialisme, ils contribuent au maintien de cette structure épistémique, parce qu’ils fondent leurs analyses sur la pensée d’hommes de ces cinq pays. Pour l’essentiel, il s’agit de Foucault, Derrida, Lacan, Gramsci et Marx, leurs auteurs canoniques. Bien sur, Said, Spivak, Bhabha, ont dit des choses très importantes ; mais si nous nous proposons de décoloniser la connaissance, leur apport s’avère limité. Car, je le répète, si pour toi toute pensée critique se résume à ce qui a été formulé par ces hommes issus de cinq pays, tu finis nécessairement par reproduire le privilège épistemique de ces hommes-là. Voilà une critique que j’ai exposée dans divers articles. C’est un vrai problème de fond. Et ne caricaturons pas : je ne suis pas en train de dire pas qu’il ne faut pas lire Foucault, Derrida, etc. Ce serait grotesque. Je ne suis pas anti-européen, je suis anti-européocentrique (…).
Pour revenir à ta première question, il y a une autre pierre d’achoppement entre les post-coloniaux et les décoloniaux, leur vision de la modernité. Les post-coloniaux voient dans la modernité une solution : il faudrait simplement que les modernités soient diverses, plurielles, etc. Mais nous,les décoloniaux, nous voyons la modernité comme un problème. C’est une civilisation qui a créé la mort, qui élimine des êtres humains et d’autres formes de vie. Une civilisation de la mort, pas un projet d’émancipation, comme le croient les postcoloniaux. Certes, il s’agit d’un projet de civilisation, mais qui est également un projet de domination.
La différence entre les deux perspectives est donc considérable.

Entrevue réalisée en aout 2015

Source

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