Même au sein de la classe politique belge, beaucoup ignorent jusqu’à la définition du terme. Alors sa réalité institutionnelle dévastatrice pour nombre d’individus et de familles depuis des décennies … Né-gro-pho-bie ! Cette peur-rejet du nègre insufflée par le racisme bénéficie d’une invisibilité sociopolitique. Complète, voulue, entretenue. Tandis que les mots « islamophobie » et « homophobie » font partie du langage courant, la « négrophobie », elle, végète au fond d’un lac de résignation et d’indifférence « bien de chez nous ». Normal, dans un pays qui rejette obstinément tout vrai débat médiatique sur son lourd passif colonial ? Normal, dans un pays où la Justice et les médias élèvent le torchon raciste Tintin au Congo au rang d’œuvre culturelle intouchable ? Normal, dans une société qui consolide une hiérarchisation raciale et paternaliste au bas de laquelle les personnes d’origine africaine sont sommées de « rester à leur place » ? Maximin Emagna ne le pense pas. Politologue et activiste, il lutte depuis plus de 10 ans contre la négrophobie en Europe. Dans une lettre ouverte, diffusée le 20 mars dernier, il interpellait le Premier ministre Elio Di Rupo, les Ministres-présidents et les présidents de partis sur leur inaction en la matière. Quinze jours plus tard, c’est l’habituel silence politique et médiatique… Parce que combattre toutes les formes de racisme demeure un repère journalistique, FDC a choisi de relayer plusieurs extraits de cette lettre ouverte (*).
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