Nous tenons à exprimer nos profonds remerciements à tous les signataires de l’appel « Stop au Blackface, by any means necessary » en soutien à Nordine Saidi et Bruxelles Panthères.
Nous nous réjouissons que cet appel soit soutenu dans plusieurs pays dont la France, les Pays-Bas, le Canada (Québec), les Etats Unis, le Mexique… en en attendant d’autres.
La diversité des premiers signataires qui ont accepté de parrainer ce texte témoigne non seulement du fait qu’il correspond à une initiative attendue par beaucoup mais aussi que la pensé décoloniale ne cesse de progresser au sein de la société et notamment parmi les universitaires et les artistes.
Nous nous félicitons de ce large soutien international et appelons à aller encore plus loin.
Nous sommes convaincus que nous pourrons en finir avec le folklore raciste du « Blackface » si nous nous mettons au travail pour construire des convergences au niveau européen et mondial.
Ces convergences doivent se faire sur la base des idées décoloniales et en s’appuyant sur les luttes et expériences sociales des Noirs, Arabes, Rroms, Musulmans.
Nous invitons chacun.e des signataires à multiplier les initiatives en ce sens. Nous proposerons, pour notre part, une série d’actions dans les jours à venir.
Nous vous invitons à diffuser cet appel, à le faire circuler dans vos réseaux.
Merci à vous toutes et tous. Salam wa 3aleykoum.
We would like to express our sincere thanks to all the signatories of the call « Stop Blackface, by any means necessary » in support of Nordine Saïdi and Bruxelles Panthères.
We are delighted that this call is backed in so diverse countries including France, the Netherlands, Canada (Quebec), the United States, Mexico … and many more.
The first signatories’ panel who agreed to sponsor this text testifies not only to the fact that such an initiative was envisioned by many but also that the decolonial thought keep gaining ground into society, especially among academics and artists.
We welcome this broad international support and call for further action and progress.
We are convinced that we will eventually put an end to the racist folklore of the « Blackface », in Belgium and everywhere else, if we get to work to build convergences at European and global level.
These convergences should be built on decolonial ideas as well as on the struggle’s history and social experiences of Blacks, Arabs, Rroms and Muslims people.
We invite each of the signatories to multiply the initiatives toward this this goal. On our side, you may expect new initiatives in the coming days.
We invite you to spread this call and to make it available in as much networks as possible.
Again, sisters and brothers, thank you all for your support. Salam wa 3aleykoum.
Bruxelles Panthères
A socialist mayor from a small Walloon town (Lessines) filed a complaint against Nordine Saïdi, a founding member of Bruxelles Panthères, a Belgian political antiracist organization which is part of the DIN – Decolonial International Network.
What is the complaint about? It is actually about an e-mail sent by BP to the mayor and his town council back in September 2018 that was requesting that the local authorities take all the necessary actions to remove the BLACK FACE part of their traditional annual carnival which take place in “Les Deux Acres”, a part of the previously mentioned town, Lessines. The local authorities considered and still consider today that this racist show known as “the Negro parade” is a harmless folklore that has no racist roots.
Long story short, even if they keep denying the racist character of their party, the letter sent by Nordine Saïdi and BP had the positive effect to push the carnival organisation committee to cancel the traditional racist “Negro parade”.
Nevertheless, if they surprisingly cancelled that part of their show, they also filed a complaint against the e-mail’s author.
We are here asking you to sign the call for support to Nordine Saïdi and BP with regards to this matter.
To sign the call, send an email to bruxelles.pantheres@gmail.com
Stop au Blackface, by any means necessary.
Le bourgmestre de Lessines, Pascal De Handschutter (PS) a porté plainte contre Nordine Saidi et Bruxelles Panthères. L’objet de la plainte : une lettre envoyée en 2018 par Bruxelles Panthères pour demander que le carnaval des Deux Acren (entité de Lessines) s’organise SANS BLACK FACE, ce qu’ils appellent eux « le défilé des nègres », et considèrent comme du « folklore » inoffensif.
Cette lettre envoyée a eu pour effet de purement et simplement faire annuler le cortège des « nègres » du carnaval. Ceci n’a ni rendu cette fête populaire moins joyeuse, ni entamé son succès : un carnaval traditionnel peut parfaitement se passer de représentations racistes héritées du passé colonial pour être un succès. Ces représentations choquantes et avilissantes entretiennent un imaginaire collectif suprémaciste et participent d’une banalisation des actes de violence négrophobe.
Nous ne sommes pas les seuls à le dire : les condamnations internationales s’accumulent contre la Belgique. Un récent rapport de l’ONU pointe un « racisme endémique » et évoque précisément la pratique du Blackface comme choquante, méprisante et déshumanisante[1]. Les collectifs afrodescendants dénoncent cette pratique depuis de nombreuses années. Débats, colloques, revues nationales et internationales traitent d’une nécessaire « décolonisation des mentalités ». Et pourtant, ces recommandations d’implémentation de pratiques décoloniales demeurent lettre morte et la plupart du temps se trouvent, dans les faits, ostracisées, méprisées, ignorées, voire criminalisées. En témoigne notamment le retard pris par la Belgique dans la mise en place de la « Décennie pour les Africains et personnes d’ascendance africaine » et la place subalterne laissée aux afrodescendants dans ce dispositif mis en place par une organisation internationale de première envergure dont la Belgique est membre-fondatrice.
Nous avons tous, à des degrés divers, fait les frais, chacun à notre niveau et dans nos domaines d’action respectifs, de ces cabales visant à étouffer toute critique radicale de la colonialité du pouvoir et à freiner les projets d’émancipation.
Et voilà que le bourgmestre (socialiste) de Lessines considère que chercher à stopper le cortège et à convaincre la population de Lessines de son racisme « par tous les moyens nécessaires » équivaudrait à une menace de violence, peut-être terroriste, sans doute en raison du patronyme de l’un des initiateurs de la lettre. Le bourgmestre de Lessines articule donc négrophobie et islamophobie.
A travers Nordine Saidi et Bruxelles Panthères, c’est tout l’antiracisme politique qui est visé. Si BP encaisse une part conséquente des attaques, aucune des organisations ou personnes partageant tout ou partie des thèses décoloniales prônant un antiracisme politique ne sont épargnées de la diffamation, la dénégation ou la censure. Ce que l’on ne pardonne pas à ces militants c’est la mise en cause du système raciste à l’œuvre dans la pratique du « Blackface ».
En dévoyant la Justice, en en faisant un outil de répression politique, le Bourgmestre de Lessines, Pascal De Handschutter (PS) veut faire taire une légitime contestation.
En pleine Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, promue par le comité des Droits de l’Homme de l’ONU, on imagine le scandale international que constituerait la reprise de cette séquence folklorique raciste à Deux-Acren en septembre 2019 dans le même temps que des poursuites judiciaires sont en cours contre le collectif qui dénonce la perpétuation de cette pratique.
Au-delà de l’expression de toute notre indéfectible solidarité aux différents militants de l’antiracisme politique, nous enjoignons les forces antiracistes à ne reculer sous aucun prétexte. Les débats politiques, absolument indispensables et nécessaires, ne doivent pas être réduits à néant par ces abjectes campagnes de criminalisation. Au contraire, ils doivent se perpétuer « by any means necessary » comme le mentionnait la lettre de BP.
On a beaucoup glosé sur le sens de cette phrase de Malcolm X – « By any means necessary » – mais ce que pose comme problème d’éthique politique Malcom X c’est la question de savoir qui décide de l’efficacité et à quoi juge-t-on qu’un moyen utilisé ait été efficace ? La question est pragmatique et vise à évaluer le rapport entre l’action, sa mesure, son effet et son efficace. A partir de là, on peut indubitablement établir que l’action des Bruxelles Panthères a été et reste d’une efficience redoutable. Cette plainte doit être pour tous l’occasion d’un travail pédagogique prolongé, non seulement à Lessines et à propos des autres « blackface » de Belgique, mais également au sujet de la négrophobie structurelle et des effets présents des faits coloniaux.
Nous, signataires sommes solidaires de Nordine Saidi et Bruxelles Panthères, et dénonçons l’attitude du Bourgmestre de Lessines qui renforce les discours racistes et négrophobes, à contrecourant des mouvements décoloniaux contemporains..
Pour signer l’appel, envoyez un email à bruxelles.pantheres@gmail.com
[1] En février 2019, le Groupe de travail d’experts sur les personnes d’ascendance africaine, un groupe d’experts indépendants du Comité des droits de l’homme de l’ONU s’est rendu à Bruxelles, Anvers, Liège, Namur et Charleroi pour enquêter à propos du racisme, de la discrimination raciale, de l’afrophobie, de la xénophobie et des intolérances liées qui touchent les personnes d’ascendance africaine en Belgique. Le groupe d’experts a indiqué dans ses recommandations que la Belgique doit reconnaître l’ampleur réelle de la violence et de l’injustice de son passé colonial afin de s’attaquer aux causes profondes du racisme actuel auquel sont confrontées les personnes d’ascendance africaine. En outre, les experts ont promu la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015 à 2024) qui a pour objectifs de mettre en évidence la contribution des personnes d’ascendance africaine à la société et renforcer la coopération nationale, régionale et internationale afin de garantir que les droits des personnes d’ascendance africaine soient respectés. Le groupe de travail présentera le rapport contenant ses conclusions et recommandations au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en septembre 2019.
Liste des premiers signataires :
Belgique
Véronique Clette–Gakuba, Sociologue
Gia Abrassart, Café Congo
Anne Wetsi Mpoma, Curatrice indépendante
Monique Mbeka Phoba, Cinéaste, productrice, web-journaliste, conférencière décoloniale
Modi Ntambwe, Femme de Paix Belgique 2018 – Peace Woman Belgium 2018
Kinzola Masa – Fonctionnaire public / Liberation mind-ed activist
Joëlle Sambi, Militante lesbienne féministe et auteure
Lisette Lombe, Libres Solidaires
Malika Hamidi, Docteure en sociologie
Zaïna Aït Ahmed, Militante antiraciste et décoloniale
Khadija Senhadji, Socio-anthropologue et militante décoloniale
Maryam Kolly, Sociologue, Université Saint-Louis Bruxelles
Isabelle Stengers, Philosophe
Elsa Roland, chercheuse en sciences de l’éducation (ULB),
Martin Vander Elst, chercheur en anthropologie (UCL)
David Jamar, Sociologue
Youri Lou Vertongen, Politiste, USL-B
Luis Martinez Andrade, Sociologue mexicain
Benedikte Zitouni, Sociologue à l’Université Saint-Louis Bruxelles
Guillermo Kozlowski, Philosophe
Eric Hulsens, Professeur d’honneur de l’enseignement supérieur
Rochdi Fatima, AlterBrussels asbl
Lukamba Leslie – militante antiraciste et féministe décolonial
Faiza Hirach, militante IWW
Farida Aarrass, Comité Free Ali
Aziz Ghadija, Activiste au Space
Stéphane Arcens, Travailleur social à Bruxelles
Luk Vervaet, Ancien enseignant dans les prisons
Mireille Péromet, Enseignante pensionnée
Marie-Paule Lolo, Féministe humaniste
Juan Cuesta Barros, Militant syndical
Liberate Gahamanyi, Bruxelles
Tröss Nipanki, Editeur
Julie Jaroszewski, Artiste
Gaelle Mpawenayo, Pédiatre
Milady Renoir, Poétesse militante auprès des sans papiers
Mouhad Reghif, Politologue, porte-parole de Bruxelles Panthères
Candice Vanhecke, Présidente de Be.One
Manu Scordia, Dessinateur
Séverine Bevernaegie, Avocate
Dema, Artiste Graffiti et calligraphe
Donni William, Militant associatif et politique, membre du Mouvement Demain
Jamal Bouda, Attaché parlementaire du député bruxellois socialiste Emin Özkara
Ouardia Derriche, Militante syndicale, féministe et antiraciste
Caroline Gounongbé, Gynécologue
John s Mbulula, Activiste antiraciste
Olivier Mukuna, Journaliste et essayiste
Stephane Arcens, Travailleur social à Bruxelles
Latifa Lamkadem,
Rudi Barnet, Animateur culturel
Léïla Duquaine, Citoyenne&slameuse
Guillaume Goor, Chargé de projet (asbl)
Landry Kalla, Etudiant
Bilal E. Moatassim, Etudiant
Raamata Thiam,
Elsa Nouvet, Bibliothécaire
Marianne Van Leeuw-Koplewicz, Editrice
Jérome Offermans, Militant
Graziella Van Loo, Activiste dans les médias alternatifs
Armando Avallone, Militant IWW
Daniel Vanhove, Observateur civil
Diana Abouzeid, Psychologue
Céline Marique, Visual artist
Jérôme Gayzal, Homo Sapiens Sapiens
Takkal Qamar, Citoyenne du Monde
Titom, Dessinateur
Kaoutar Boustani, Militante, antiraciste, décoloniale, universitaire, de terrain, etc…
Pascal Karolero, Informaticien, Application Manager, KAROLERO, Burundi – Belgique
Ayoko Mensah, Programmatrice artistique, BOZAR
Benjamin Matand, Etudiant
Yacob MAHI, Théologien, Islamologue et Dr en Histoire et Sciences des Religions, acteurs de la société civile
Chairi Najib, Artiste
Code Rouge
Peter Snowdon, Cinéaste
Isaline Daubie, Biologiste
Wadie Laarissi, Militant bruxellois
Celestina V. Jorge, Bruxelles
Maaika Santana, Travailleuse social et militante contre les frontières
Seyma Gelen, Féministe antiraciste et décoloniale
International
Mitchell Esajas, Stop Blackface, Kick Out Zwarte Piet and New urban collective
Françoise Vergès, Politologue, militante féministe décoloniale
Christine Delphy, Sociologue et militante féministe
Ramon Grosfoguel, Professeur à Université Berkeley
Houria Bouteldja, PIR
Norman Ajari, Philosophe
Hatem Bazian, Director, Islamophobia Documentation Center, and lecturer, University of California, Berkeley, USA
Alana Lentin, Associate Professor, Western Sydney University
Silvia Maeso, Centre for Social Studies, Portugal
Hannah Wolff, United Kingdom, London School of Economics Alumni
Mascarenhas Nilton – Plateforma Gueto
Samira Bazzouz, N3al babahoum party
Sadri Khiari, Artiste et militant décolonial
Yessa Belkhodja, Militante décoloniale, France
Pravini Baboeram, co-founder Holi is not a Houseparty
Sandew Hira, Coordinator Decolonial International Network
Cayetano Fernández, Kale Amenge – Roma Decolonial Initiative
Jonathan Ruff-Zahn, Union Juive Française pour La Paix
Arzu Merali, cofondatrice de l’Islamic Human Rights Commission (IHRC)
Mireille Fanon-Mendes-France, Ex UN Expert, Former chair of WGEPAD (2014-2016), Fondation Frantz Fanon
Youssef Boussoumah, militant de l’immigration
Khalil Talhaoui, Étudiant en Relations Internationales, IE University, Madrid
Kossi Paul, Militant antiraciste et membre du parti des indigènes de la République.
Charlotte Kates, Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
Ulises Tamayo Pérez, Professor at the Sociology Faculty of the University of Tlaxcala, Founder Member of the Decolonial Thought Community, Mexico
Pavel Ilich Pavelic Jofre, Journalist, Chili, membre de Asociación de Reporteros Independientes ARI
Samia Saadani, Université de Montpellier
Fatma Zemmouriya, International relations, Parti des indigènes de la République
Hassane Mezine, Photographe, France
Safa Chebbi, militante collectif Pour une Dignité Politique, Montréal
Mouloud Idir, militant collectif Pour une Dignité Politique, Montréal
May Chiu, militante collectif Pour une Dignité Politique et collectif Chinois Progressistes du Québec, Montréal
Nesrine Tedjini-Bailiche, militante collectif Pour une Dignité Politique, Montréal
Said Bouamama, Sociologue, France
Hammel Julien, Militant décolonial, France
Selim Nadi, Militant antiraciste, ATER à l’Université Lyon 2, chercheur-invité à l’Université d’Oxford
Lionnelle Makaya
Nabila Ouardïa Hamici, Architecte
Fayrouz Yousfi, Militante Maroc
Natalia Andújar, Professeur, Espagne
Gwenoële Trapman, Artistic Director, The Netherlands
Ahmad Nougbo, membre de la BAN, France
Caroline Bailly-Salin, Guide-conférencière, France
François Moutier, Militant associatif, France
Vreer Sirenu, The Netherlands
Sophie Feyder,
Eyachew Tefera, The Institute for African studies (Slovenia)
Ibtissem Benarabe, Militante antiraciste et décoloniale, France
Paola Bacchetta, Professor, University of California, Berkeley
Sherine Soliman, Enseignant et membre du PIR, France
Aparecida Shiroko Takigawa, Brazil
Frédérique LAGNY, Artiste, France
Organisations
Nouvelle Voie Anticoloniale
Changes ASBL
BAN – Brigade Anti Négrophobie, France
Stop Blackface, Kick Out Zwarte Piet and New urban collective, Pays-Bas
Union Juive Française pour La Paix
Parti des Indigènes de la République
Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network
Le Collectif de Défense des Jeunes du Mantois, France
AlterBrussels asbl
Présence Noire
Collectif pour l’Union Antiraciste et Populaire 31, Toulouse, France
The Institute for African studies (Slovenia)
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