Cette intervention a été présentée par Houria Bouteldja une première fois à l’université de Yale (Etats-Unis), le 6 avril 2023 et une deuxième fois, le 18 mai 2023, à Montréal dans le cadre de la « Grande Transition », conférence internationale organisée par Historical Materialism. Elle est proposée ici dans sa dernière version.
Under Queer Eyes : les politiques de la visibilité et la nouvelle réaction
A propos de Queer Palestine and The Empire of Critic de Sa’ed Atshan (Stanford University Press, 2020).
Traduit de l’anglais par Nina Zadekine, avec l’aimable autorisation de l’auteur. Vous pouvez retrouver la version originale ici[1].
À l’aube du vingtième siècle, une fièvre étrange s’est emparée du monde civilisé : les parlements modernes ont adopté des lois ordonnant aux femmes orientales qu’ils gouvernaient d’abandonner les objets de mode couvrant leur visage. De Lord Cromer à Atatürk, « dévoiler » les femmes orientales est devenu une question de modernité ou de barbarie, de vie ou de mort. Tracts politiques, carnets de voyage et rapports de santé publique dépeignaient les nombreuses conséquences médicales, sociales ou politiques fâcheuses du « voile ». Des primes fiscales ou encore des rencontres avec des chefs d’Etat récompensaient celles qui se portaient volontaires pour se dévoiler. Les parlements soviétiques de l’Asie Centrale ouvraient leurs réunions avec des rituels de dévoilement : des dizaines de femmes retiraient leur foulard tout en prêtant allégeance au progrès socialiste séculaire et remettaient souvent leur voile sur le chemin du retour.
DEBORA SILVERMAN : THE ART OF DARKNESS OU LES TÉNÈBRES COMME ESTHÉTIQUE
par Véronique Clette-Gakuba
En mobilisant Debora Silverman et d’autres travaux de la littérature anglo-saxonne, cet article nous aide à comprendre comment nous sommes profondément affectés par une « esthétique de la Noirceur » produisant un amalgame fantasmagorique entre les corps noirs et les régions supposées sauvages du monde. Une esthétique qui influença profondément l’Art nouveau, mais également le rapport racialisé aux populations noires.
LES RÉSEAUX DE L’ART NOUVEAU
À l’occasion de la parution de son livre La Dimension coloniale de l’Art nouveau (Kunst met de K van Kongo) [1], Lucas Catherine se prête au jeu de l’interview et revient sur le long travail historique, et parfois plus personnel, l’ayant amené à devenir l’un des spécialistes du Congo.
DE L’ART NOUVEAU AU MODERNISME TROPICAL : PROBLÉMATISER LA NOTION DE PATRIMOINE ARCHITECTURAL COLONIAL
par Toma Muteba Luntumbue
Existe-t-il des réalisations architecturales de l’époque coloniale qui ne soient pas imprégnées de l’idéologie coloniale ? L’intérêt récent porté sur les vestiges architecturaux du Congo des Belges nous pousse à questionner le processus de leur « patrimonialisation », entendu comme construction d’un rapport aux objets du passé. Quels sont les enjeux symboliques de la qualification de « patrimoine » attribué aux reliquats de la présence belge pour ceux qui y sont confrontés quotidiennement ? Ces vestiges peuvent-ils ouvrir aux Congolais les portes d’une compréhension de leur passé ?
Histoire de la politique étrangère du Hamas
Par Christophe Oberlin
Mouvement de libération nationale créé en 1987, puis transformé en parti politique, vainqueur des élections législatives palestiniennes de 2006, le Hamas s’impose aujourd’hui comme l’une des principales forces politiques palestiniennes.
Méconnu, critiqué, caricaturé à l’extrême dans les pays occidentaux, le mouvement a compris très tôt que la reconnaissance de sa légitimité et de sa crédibilité passait par une acceptation de la part de la communauté internationale.
Ce livre, le plus complet à ce jour, évalue les principes fondateurs du mouvement dans l’établissement de ses relations internationales. Il décrit son évolution, succès et échecs, ainsi que l’impact global de sa politique extérieure sur le mouvement national palestinien. Un texte de référence pour les universitaires, responsables politiques, et aussi tout lecteur portant attention au peuple palestinien.
« Ce livre démonte avec brio les représentations biaisées du Hamas dans les pays occidentaux. Une lecture éclairante pour quiconque recherche une présentation honnête de cet important mouvement palestinien. » Ilan Pappe, College of Social Sciences & International Studies, Université d’Exeter
27 mai à Bruxelles : Festival Résistance pour célébrer la résistance palestinienne
Samedi 27 mai à Bruxelles en Belgique, Samidoun Brussels organise le Festival Résistance de 16H à 20H place Bethléem. Au programme, des concerts (Lowkey, Achille et Osloob & Issa Mourad), un spectacle de dabke, des expositions, des stands politiques et culturels et des jeux pour enfants. De nombreuses organisations soutiennent cette initiative et seront présentes, dont Bruxelles Panthères.
Lettre à Ursula Von Der Leyen concernant sa déclaration publiée à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’État d’Israël
Par ECCP, le 8 mai 2023
Lettre de l’ECCP à Ursula von der Leyen concernant sa déclaration publiée à l’occasion du 75ème anniversaire de la création de l’État d’Israël.
Chère Madame von der Leyen,
Une coalition de 42 organisations européennes, nous vous écrivons pour exprimer notre profonde préoccupation et, pour tout dire, notre colère, concernant votre déclaration publiée à l’occasion du 75e anniversaire de la création de l’État d’Israël.
Houria Bouteldja : « Revenir à l’Etat-nation pour mieux combattre l’Etat-nation »
Entretien paru dans le Courrier de l’Atlas, avril 2023
Propos recueillis par Emmanuel Riondé
Qui sont les « beaufs », qui sont les « barbares » et quel est ce « nous » que vous entendez constituer en les réunissant ?
Tout d’abord, une précision : les mots « beaufs » et « barbares » ne sont pas les miens, ce sont ceux du mépris de classe et du mépris de race. Les beaufs, ce sont les classes populaires blanches et les barbares, ce sont les populations issues de l’immigration postcoloniale, ceux que j’appelle les Indigènes. Ils ont en commun d’être deux composantes du prolétariat français mais séparés par la longue histoire de l’Etat racial intégral. Le « nous » est donc un nous politique, celui de la convergence de ces classes prolétaires qui auront dépassé la division raciale. Parce qu’on ne peut pas former un « nous » si on est divisé par le racisme.
Henri Curiel, citoyen du tiers-monde
Quand l’internationalisme soutenait les mouvements de libération nationale
Il y a vingt ans, le 4 mai 1978, deux hommes abattaient Henri Curiel à son domicile parisien. Aujourd’hui, les assassins courent toujours et le dossier est officiellement classé. Né en Egypte en 1914, fondateur du mouvement communiste dans ce pays, Henri Curiel fut exilé par le roi Farouk en 1950. Il s’installa alors en France où il consacra ses efforts à l’aide aux mouvements de libération du tiers-monde ainsi qu’à la paix entre Israël, les pays arabes et les Palestiniens. Dénoncé comme « le patron des réseaux d’aide aux terroristes », il avait, en réalité, inventé une forme d’internationalisme qui correspondait aux formidables luttes anticoloniales qui ont marqué la seconde moitié du siècle.