Tant que nous ne sommes pas tous abolitionnistes :
Marx sur l’esclavage, la race et la classe.
par Dyne Suh
Dyne Suh, chercheuse et militante en Californie (États-Unis), donne à voir dans ce texte un Marx que la gauche française semble avoir oublié ou ignoré. Dans la doxa de l’extrême gauche, Marx s’est avant tout préoccupé de l’émancipation de la classe ouvrière européenne et aurait fait peu de cas de la race et des rapports coloniaux. Contre ces lectures eurocentriques, Dyne Suh rappelle l’analyse de Marx sur l’esclavage transatlantique et les luttes pour son abolition sur le sol américain. Pour Marx, l’esclavage transtlantique était au fondement de la civilisation capitaliste occidentale. La traite négrière se distinguait en ce sens pour lui de toutes les formes d’esclavage antérieures. Sur ce constat, Marx inscrivait la lutte abolitionniste dans un combat pour l’émancipation humaine à l’échelle globale. Il prenait ainsi très au sérieux la lutte contre les privilèges des travailleurs blancs, au Sud des États-Unis comme ailleurs. En cela, il se démarquait de beaucoup de ceux qui s’en sont réclamés et s’en réclament aujourd’hui en France pour proclamer que les races sociales n’existent pas et que les classes populaires sont unies par les mêmes intérêts.
La rédaction